La pomme de discorde entre le Parti du renouveau démocratique (Prd) et l’Union progressiste (Up) à propos de leur fusion pour l’Union progressiste le Renouveau (Up-R) se transforme de plus en plus en une guerre ouverte entre Adrien Houngbédji et Joseph Djogbenou, ainsi que leurs affidés. Quand on sait que le patron du Prd a toujours tenu mordicus à son arc-en-ciel quelles que soient les tempêtes, il n’est pas illusoire de penser que ce conflit déjà ouvert présente tous les germes d’une guerre de ruse.

C’est désormais de notoriété publique. Au sein de l’Up-R, plus rien ne va. Décidé à reprendre le « R » joint à l’ex Up pour former ce regroupement avant les législatives précédentes, Adrien Houngbédji multiplie les alertes. De dénonciations aux appels au dialogue et au retour aux valeurs démocratiques, le leader du Prd ne ménage aucun effort pour se faire entendre. Alors que l’on croyait à la disparition de son parti suite à sa fusion avec cette Up pour donner naissance à la plus grande formation politique de la mouvance, Adrien Houngbédji n’a contre toute attente eu de cesse ces derniers jours d’arborer fièrement les attributs du même parti, au grand dam de cette fusion. De plus en plus agacés par cette manie, les ténors et affidés de l’Up-R de Joseph Djogbenou ont depuis quelques jours jeté leur dévolu sur Adrien Houngbédji. Critiqué et accusé de vouloir faire voler en éclat le parti au profit de ses intérêts personnels, l’ancien Président de l’Assembée nationale ne démord pas. Pour preuve, il se susurre que l’homme lancera, dans les prochains jours, une vaste consultation de sa base, pour un retrait éventuel de l’Up-R. Autrement, Adrien Houngbédji a soif de retrouver son autonomie politique. Créant ainsi une pomme de discorde déjà vue de tous, ce brouhaha se transforme de manière alarmante en une guerre ouverte et manifeste. Cette querelle opposant également les fidèles partisans d’Adrien Houngbédji, leader charismatique du Prd, à ceux de Joseph Djogbenou, figure emblématique et président de l’Up-R, reflète bien des tensions et rivalités qui vont secouer davantage le paysage politique béninois. Ce conflit interne en pleine escalade met non seulement en évidence les profondes fissures stratégiques, mais également les divergences idéologiques marquées qui traversent ces deux formations politiques

L’inévitable guerre en vue

En observant attentivement le parcours politique d’Adrien Houngbédji, on constate que ce dernier a toujours défendu avec un fervent acharnement son arc-en-ciel politique, se dressant contre vents et marées quelle que soit la tempête qui a pu s’abattre sur lui. Son engagement et sa résilience en tant que leader sont notables et attestent de sa volonté de maintenir son influence sur la scène politique du Bénin, notamment dans l’Oumé et le Littoral. Ce différend, déjà bien palpable à plusieurs niveaux, porte tous les signes d’une lutte acharnée et impitoyable entre deux grands stratèges et juristes de haut niveau que sont Adrien Houngbédji et Joseph Djogbenou. Les deux personnalités, qui sont désormais à des pôles opposés tant sur le plan idéologique que personnel, seront déterminées à tirer le drap de leur côté, sans relâche et jusqu’à l’ultime conséquence de leur affrontement. Adrien Houngbédji, qui a vu son étoile s’assombrir depuis l’époque de l’« Union fait la Nation », a connu un retournement de situation rapide mais moins significatif. Après l’échec de l’opposition lors de la présidentielle de 2011 face à Boni Yayi, il a été contraint de se rétracter et de prendre à nouveau en main les rênes de son parti. Cette démarche visait non seulement à maintenir la cohésion de ses troupes, mais aussi à reconsidérer ses stratégies à la lumière des revers subis et des défis à venir. Si sa situation actuelle met en exergue les enjeux plus vastes et plus complexes liés au contexte et au pouvoir décisionnel actuel, il n’en demeure pas moins que l’homme ira jusqu’au bout de cette lutte. De son côté, Joseph Djogbenou, bien assis à la droite du Chef de l’Etat ne doit rien craindre du côté du Ministère de l’intérieur qui ne gobe d’ailleurs pas l’attitude de son associé politique. Même réconforté ainsi par le soutien étatique, son illusion pourrait se renforcer au sein de la base politique du parti, surtout dans les bastions du Prd. Sachant qu’il ne laissera pas l’Up-R se disloquer entre ses mains, il va s’en dire que les béninois devront se préparer à assister à cette guerre d’usure et de ruse, entre ces deux leaders politiques. Mais jusqu’où iront-ils ? Tout compte fait, cet affrontement ne sera pas que juridique comme certains peuvent le penser. Sur le terrain politique et à l’aune des échéances électorales prochaines, elle pourrait être plus féroce, rusée et enragée.

J.G

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