Alors que certains observateurs ont toujours discrédité et mis en doute, au plan juridique, la fusion entre le Parti du renouveau démocratique (Prd) et l’Union progressiste (Up) ayant donné naissance à l’Union progressiste le Renouveau (Up-R), c’est désormais Adrien Houngbédji qui met le pied dans le plat. En répondant à un courrier du Ministère de l’intérieur, lui interdisant l’utilisation des attributs du Prd au motif de sa mort après cette fusion, le Président du parti Arc-en-ciel contre attaque et dynamite l’Up-R à travers preuves et démonstrations.
Déchirement à l’Up-R ? Affirmative ! Après plusieurs semaines de suspicion, le plus grand parti politique de la mouvance tutoie officiellement une crise à l’interne. Et pour cause, Adrien Houngbédji, leader charismatique du Prd, veut reprendre l’autonomie de son parti. Si l’information a été une rumeur au départ, elle se confirme désormais avec les faits et gestes des affidés et dirigeants de ce parti. Alors qu’il était annoncé mort à l’issue de la fusion avec l’Up, le Prd tente ces derniers jours des manifestations isolées, avec à la clé les attributs du parti. Rappelé à l’ordre par le Ministère de l’intérieur suite à un communiqué du Secrétaire général adjoint du parti, qui informe que celui-ci a été déjà fusionné avec l’Up, ce qui suppose sa disparition au profit de l’Up-R, Adrien Houngbédji n’a pas tardé à réagir. À travers plusieurs correspondances en réponse au Ministre, l’ancien President de l’Assemblée nationale bat en brèche cette allegation et donne plusieurs raisons qui, d’après lui, fondent encore l’existence légale du parti Arc-en-ciel. De ces réponses, Adrien Houngbédji affirme, avec preuves à l’appui, que le parti a obtenu un récépissé définitif, après cette mise ensemble avec l’Up. Mieux, de ses explications, l’homme martèle également que pour que le Prd ou l’Up disparaisse, il faut passer par un congrès au cours duquel, cette dissolution sera prononcée. En défiant toute personne pouvant lui prouver l’organisation d’un tel congrès au profit de l’une ou de l’autre formation politique, le numéro 1 du Prd conclut qu’au regard de la charte des partis politiques, le Prd existe toujours et ne peut disparaître aussi facilement. Autrement, contrairement à une fusion dont le Ministère fait allusion pour interdire les manifestations à l’effigie du Prd, Adrien Houngbédji parle d’une alliance qui ne respecte d’ailleurs pas les dispositions de cette même charte.
L’inévitable implosion
Alors que les élections générales de 2026 se profilent à l’horizon, les formations politiques au Bénin, encore en phase d’attente, concentrent tous leurs efforts sur un objectif majeur : parvenir à un consensus autour d’un duo idéal pour la présidentielle. Dans ce contexte, l’Up-R se retrouve face à des défis majeurs qu’elle devra gérer avec soin. En effet, la légitimité de celle-ci est mise en doute à la suite des révélations d’Adrien Houngbédji, ce qui complique encore plus la tâche de la direction du parti, déjà confrontée à des critiques croissantes. La démarche de Houngbédji, qui semble déterminé à prouver que la fusion des partis ne doit en aucun cas signifier l’effacement ou la disparition des identités politiques antérieures, pose un sérieux défi à Joseph Djogbenou, le président de l’Up-R. Dans un temps où il est essentiel de trouver le candidat idéal pour la présidentielle, Djogbenou doit également faire face à la gestion pérenne de la coalition qu’il dirige. La position du Prd, désormais forte de plusieurs députés et d’un ministre, avec une kyrielle de cadres nommés à divers niveaux de l’administration, se renforce et devient moins conciliante. En effet, la dynamique de soutien qui était auparavant anticipée pour le président de l’Up-R s’amenuise, alors même que ce dernier fait face à des critiques virulentes concernant sa capacité à gérer le parti. Avec ses bases solides dans des régions clés comme l’Ouémé, le Littoral et le Plateau, le Prd remet en question la suprématie de l’Up dans ses bastions traditionnels. En projetant des tournées pour promouvoir un éventuel départ du Prd de l’Up-R, Houngbédji et ses partisans semblent désireux de reprendre le contrôle de leur destin politique, illustrant ainsi une volonté de ne pas se laisser marginaliser au sein de la nouvelle configuration politique. Ce tournant pourrait bien entraîner une scission inévitable au sein de l’Up-R, à seulement quelques mois des élections cruciales. Cette évolution ne réjouit guère les membres de l’Up-R, qui se voient confrontés à la réalité d’une situation où leur existence politique pourrait se réduire à une simple réaction face à des mouvements internes perturbateurs. Pendant que d’autres formations politiques se démènent pour renforcer leurs positions, l’Up-R semble ainsi s’enliser dans des conflits internes qui la détournent de ses objectifs initiaux. La dynamique actuelle laisse entrevoir un début de déclin qui, pour certains observateurs, n’était guère attendu. Le Prd, sous l’impulsion de Houngbédji, se positionne donc comme un véritable dynamique de transformation et pourrait bien contribuer à dynamiter l’Up-R en provoquant une reconfiguration de la scène politique béninoise. Le paysage politique se prépare ainsi à accueillir de nouvelles alliances et rivalités, remettant en question l’équilibre établi et annonçant peut-être une reconfiguration des forces en présence dans les mois à venir. Ce coup de théâtre crée un climat d’incertitude, mais aussi une opportunité pour ceux qui cherchent à se repositionner face à un avenir électoral incertain.
M.M