En séjour à Paris, Malick Gomina, député de la 13e circonscription électorale et vice-président du Bloc républicain (Br), a été reçu par Global Africa Telesud. Au cœur des échanges, la lutte contre le terrorisme, les relations du Bénin avec ses voisins, notamment de l’AES, la vie politique béninoise, avec la Présidentielle de 2026.
La récente attaque terroriste dans le Nord du Bénin a coûté la vie à 54 soldats. Tout en rendant hommage aux soldats tombés les armes à la main, le député Br Malick Gomina assure que les autorités béninoises sont à la hauteur de la situation. La preuve, à ses dires, c’est que jusque-là le Bénin n’a pas cédé un centimètre de son territoire. « C’est vrai que c’est une quête permanente, il y a des jours sans, il y a des jours avec, mais pour le moment, le Bénin essaie de tenir, parce que vous n’êtes pas sans savoir que cette menace qui englobe toute la sous-région, quitte ailleurs pour venir au Bénin. Nos forces tiennent, il arrive que nous perdons des hommes, nous nous organisons pour que la riposte soit à la hauteur de la barbarie qui nous attaque » a-t-il laissé entendre. S’agissant des causes, le député Br trouve que le terrorisme vient des pays voisins. « Malheureusement, les pays ne changent pas d’adresse, les pays ne déménagent pas et donc nous sommes confrontés à la situation qui avait commencé au Mali et au Niger, qui a conquis le Burkina Faso et qui tente de conquérir le Bénin. Mais nous sommes vent debout pour pouvoir lutter pour que nos territoires soient intacts » a souligné Malick Gomina, avant de souhaiter la mutualisation des forces, seul moyen de venir à bout du mal terroriste.
Relations Bénin-Aes
Malick Gomina trouve fantaisistes les accusations que portent les pays de l’Aes, Notamment le Niger et le Burkina-Faso, contre le Bénin. En réponse, il a réitéré que le Bénin est ouvert à n’importe quelle mission de n’importe quelle personne pour pouvoir scruter le territoire béninois pour montrer là où ces prétendues bases militaires françaises se situent. Pour lui, il n’y a aucune base étrangère au Bénin. Il invite les autorités de l’Aes à comprendre que le Bénin et le Niger sont appelés à cohabiter toute une vie. « Les dirigeants vont passer, mais le peuple demeure le même ». Pour ce qui est leur sortie de la Cedeao, il reconnait que la Cedeao n’a pas été à la hauteur des populations, surtout pour ce qui est de la gestion faite des questions de 3e mandat. Mais pour lui, la solution aux coups d’Etat civile ne saurait être les coups d’Etat militaires. Il invite les dirigeants à se regarder en face et se dire que quand ils essaient d’exagérer ou de tripoter avec les constitutions, il est possible que cela amène la grande muette à quitter les casernes pour vouloir exercer le pouvoir, même si ce n’est pas la solution idéale.
Liberté d’expression au Bénin
Interrogé sur l’arrestation de Steve Amoussou, soupçonné d’être le Frère Hounvi, l’ancien journaliste trouve que ce dernier faisait des allégations qu’il ne pouvait prouver. Steve Amoussou voulait, selon lui, déstabiliser le Bénin par de fausses informations. « Quand vous dites par exemple que le pays est devenu la plaque tournante du trafic de cocaïne, sans apporter aucune preuve, alors que bien au contraire, ce trafic-là a reculé. Quand vous faites des accusations trop faciles, que vous mettez sur les réseaux sociaux, aucun État ne peut croiser les bras devant une telle situation ». Tout en regrettant ce qui arrive à Steve Amoussou, Malick Gomina est convaincu que la liberté d’expression n’est pas en péril au Bénin. « Non, il n’y a pas de question de liberté au Bénin. Il y a des questions de liberté et de responsabilité. La liberté va avec la responsabilité. Il y a des gens qui sont au pays, qui critiquent le gouvernement, mais s’ils le font avec les règles de l’art, ils ne sont pas menacés. Mais s’ils transgressent les règles et il n’y a pas la responsabilité… » a-t-il fait comprendre. Pour lui, la critique n’est pas un délit. « Nous voulons être critiqués, nous de la majorité présidentielle. On veut être critiqué pour nous améliorer, on veut être critiqué pour faire encore mieux, mais il faut respecter les règles ».
Le Bénin sous Talon
Pour Malick Gomina, Patrice Talon a laissé un bel héritage. « Le Bénin est devenu un pays qui fait sa marche vers le progrès. Le Bénin est aujourd’hui un pays dont tout le monde est fier. Certes, Patrice Talon n’a pas une baguette magique, mais il a joué sa partition. Si vous voyez ce qui a été fait, d’abord la modernisation du pays, en ce qui concerne son espace politique, la réforme du système partisan, ça c’est un gain incommensurable. Ensuite, la digitalisation du pays. Si vous savez ce qui se passe au Bénin, vous pouvez avoir votre casier judiciaire, votre acte de naissance en restant chez vous, et juste en allant sur une plateforme. Vous pouvez payer vos impôts à travers votre portable. En peu de temps, nous avons fait beaucoup de progrès. Aujourd’hui, le développement infrastructurel, ce qui manquait au Bénin, la question du tourisme. Le Bénin est devenu, en peu de temps, une référence sous-régionale, et nous voulons que cela se poursuive pour que dans quelques années, le Bénin soit l’Eldorado. Mais nous pouvons dire que beaucoup de choses ont été faites » a-t-il souligné, tout en rappelant que c’est sur ce bilan que le Br fera campagne.
Le Br a-t-il déjà un candidat ?
« Non, nous n’avons pas encore de noms. Nous sommes un parti discipliné. Les concertations, les vocations commencent par émerger. Les arbitrages se feront… je n’ai pas de préféré. Mon préféré, ce sera ceux qui seront retenus par les partis ou les alliances de partis que nous constituons au sein de la majorité. Et nous allons travailler à ce que ce qui a été fait puisse être pérennisé » affirme le député de Djougou. Quant au doute qui plane toujours sur la candidature ou non de Patrice Talon, Malick Gomina rassure : « Patrice Talon ne sera pas candidat à la prochaine présidentielle. Il n’aura pas de troisième mandat au Bénin. Patrice Talon l’a dit, il l’a clarifié, lorsqu’on a fait la réforme constitutionnelle, que nul de sa vie ne peut faire plus de deux mandats à la tête du pays. Et il l’a réaffirmé à maintes occasions. Le Bénin continue sa voie démocratique. Il y aura alternance à la tête du Bénin en 2026. Un nouveau président en mai prêtera serment. »
M.M