L’Organisation mondiale de la santé (Oms) a publié ce lundi 28 mai 2025, une nouvelle directive. L’organisation appelle à une mobilisation urgente contre la médicalisation croissante des Mutilations génitales féminines (Mgf), une pratique qui continue de menacer la santé et les droits de millions de filles et de femmes dans le monde.

Selon les dernières estimations, environ 52 millions de femmes et de filles ont subi des MGF pratiquées par des professionnels de santé – soit environ un cas sur quatre. Ce phénomène inquiétant représente un obstacle majeur aux efforts mondiaux visant à éliminer cette pratique profondément enracinée, traditionnellement réalisée dans des contextes non médicaux.

La médicalisation des Mgf : un danger accru pour la santé des filles et des femmes

« Les mutilations génitales féminines constituent une grave violation des droits des filles et mettent gravement en danger leur santé », a rappelé le Dr Pascale Allotey, Directrice de la santé sexuelle et reproductive à l’Oms. « Les professionnels de santé doivent être des agents du changement plutôt que des auteurs de cette pratique néfaste. »

Intitulée Prévention des mutilations génitales féminines et prise en charge clinique des complications, la nouvelle directive fournit une série de recommandations visant non seulement à prévenir la pratique, mais aussi à améliorer la prise en charge des survivantes. L’Oms appelle notamment à intégrer dans les codes de conduite des professionnels de santé une interdiction explicite de pratiquer les MGF, quels que soient les contextes ou les justifications culturelles.

Paradoxalement, la médicalisation de ces actes ne les rend pas plus sûrs. Les preuves montrent que les Mgf provoquent des complications graves, qu’elles soient réalisées par des agents de santé ou non. En réalité, lorsqu’elles sont faites dans un cadre médical, les coupures peuvent être plus profondes et entraîner des blessures plus sévères. De plus, cette forme de pratique contribue à légitimer et perpétuer une tradition nocive, contrecarrant les efforts d’abandon collectif.

L’Oms mise également sur la formation des professionnels de santé et leur engagement actif dans les communautés. « Les professionnels de santé peuvent être des leaders d’opinion influents pour changer les attitudes à l’égard des Mgf », souligne Christina Pallitto, scientifique à l’Oms ayant dirigé l’élaboration de la directive. L’organisation encourage donc les pays à investir dans des campagnes de sensibilisation, y compris auprès des hommes et des garçons, afin de favoriser une transformation durable des normes sociales.

En complément de la prévention, la directive accorde une attention particulière aux soins destinés aux survivantes. Ceux-ci incluent l’accès à des services de santé mentale, à la prise en charge obstétricale et, dans certains cas, à des réparations chirurgicales. La réponse médicale doit être complète, empathique et fondée sur des données probantes.

Des progrès notables ont été enregistrés : au Burkina Faso, en Sierra Leone et en Éthiopie, la prévalence des MGF chez les adolescentes de 15 à 19 ans a chuté respectivement de 50 %, 35 % et 30 % en trois décennies. Depuis 1990, la probabilité pour une fille de subir une mutilation génitale a été divisée par trois.

Mais la lutte est loin d’être terminée. Dans une trentaine de pays, environ 4 millions de filles restent chaque année exposées à ce risque. Pour l’Oms, la solution passe par un engagement politique fort, une action collective et une mobilisation continue du secteur de la santé, pierre angulaire de cette bataille pour les droits et la santé des femmes.

Thomas AZANMASSO

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