Emmanuella Diogo est juriste et passionnée par la transmission du savoir à travers la scène. Elle est la promotrice du concours Ora Juridique, une initiative unique qui allie éloquence, droit et engagement citoyen. Depuis plusieurs années, la promotrice de l’association ‘’Théâtre juridique’’, s’investit pour que les jeunes, notamment les femmes, trouvent leur voix et leur voie. Elle dirige également le centre IMEK Éco-Créations, spécialisé en mode écoresponsable. Son travail croise la culture, la formation et le plaidoyer pour l’autonomisation. Dans cet entretien elle donne des détails.

Matin Libre : En ce moment vous préparez activement un projet dont la vision est de consacrer un moment de réflexion au leadership féminin dans le monde des médias au Bénin. De quoi retourne exactement l’initiative ?

Emmanuella Diogo :  Cette initiative s’inscrit dans le cadre de la finale du concours Ora Juridique 2025, qui se tiendra le 17 mai prochain et qui a pour thème la promotion du leadership féminin dans les médias et la culture. C’est bien plus qu’un concours d’éloquence : c’est un appel à la réflexion, à la réécriture des narratifs, et à l’affirmation des femmes dans des sphères où elles sont encore trop souvent reléguées à la marge. À travers cette finale, nous souhaitons valoriser celles qui s’imposent déjà, mais aussi faire émerger celles qui n’osent pas encore.

Pourquoi un tel événement et pourquoi maintenant ?

Parce que la culture et les médias façonnent nos représentations, influencent nos lois non écrites, et conditionnent les aspirations. Si les femmes n’y sont pas pleinement représentées, c’est tout un pan de la société qui est bâillonné. Aujourd’hui plus que jamais, dans un monde en mutation numérique, les femmes doivent non seulement occuper l’espace médiatique, mais aussi en être des actrices clés. Ora Juridique propose ce moment de réflexion et d’affirmation, ici et maintenant.

Quel en est le but final ou l’objectif visé ?

 

L’objectif est de réveiller les consciences, d’inspirer des engagements et de provoquer des alliances concrètes pour une meilleure représentativité des femmes dans les médias et la culture. À travers Ora Juridique, nous voulons poser des jalons pour une prise de parole forte, assumée, mais aussi structurée, avec des outils durables. Il s’agit d’agir sur le plan intellectuel, institutionnel et symbolique.

De votre point de vue, la femme est-elle si faible dans la chaîne des médias au Bénin en termes de capacité et au plan numérique ?

En capacité, certainement pas. Les compétences existent, les talents aussi. Ce qui manque parfois, ce sont les relais, les mentors, les financements, et les espaces de visibilité. Et en ce qui concerne le numérique, l’écart reste bien réel. Beaucoup de femmes n’ont pas encore les mêmes facilités d’accès, ni les mêmes formations ciblées. C’est donc un enjeu non seulement de compétence, mais aussi d’équité et de pouvoir.

À travers cet événement, quelle approche voulez-vous proposer pour une participation quantitative et qualitative des femmes au sein des médias ?

Notre approche est celle de la co-construction : impliquer les actrices déjà présentes, faire entendre les voix émergentes, et créer un écosystème où les femmes ne sont pas seulement invitées à participer, mais à décider. L’événement va également mettre en lumière des parcours inspirants, offrir des outils pratiques et générer des passerelles entre générations, disciplines et niveaux de responsabilités.

Un message particulier à l’endroit des femmes des médias ?

Vous êtes essentielles. Vous portez la mémoire, vous ouvrez les imaginaires, vous influencez les consciences. Ne sous-estimez jamais la portée de votre voix. Dans un monde saturé d’images et de récits, votre regard, votre plume, votre micro sont des armes puissantes. Ne vous autocensurez pas. Créez, innovez, fédérez. Et surtout, tendez la main à d’autres femmes : ensemble, on ne vous ignorera pas.

Réalisé par Teddy GANDIGBE

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