(Le gouvernement tranche pour faire taire les polémique)
Le gouvernement du Bénin vient de mettre un terme à toutes les formes de polémiques qui ont cours dans l’univers de la chefferie traditionnelle au Bénin depuis le vote de la loi en cours de promulgation à ce sujet. En effet le gouvernement a livré les raisons qui ont milité au non classement de certains royaumes dans le rang des royaumes officiellement reconnus par la nouvelle loi sur la chefferie traditionnelle en république du Bénin. Lire l’intégralité des raisons.
« À l’heure où le Bénin s’engage dans une réforme majeure de la chefferie traditionnelle, plusieurs localités réclament un statut royal. La Commission des lois, de l’administration et des droits de l’homme de l’Assemblée nationale a publié la synthèse des réponses du gouvernement aux nombreuses pétitions reçues dans le cadre de l’examen du projet de loi portant cadre juridique de la chefferie traditionnelle. Rédigées par le comité technique, ces réponses apportent des éclaircissements sur la reconnaissance – ou non – de certaines entités comme royaumes ou chefferie traditionnelle.
Prise en compte du royaume de Savi
L’historicité du royaume de Sahé et non de Savi n’est pas à démontrer. Cependant, des détails historiques méritent d’être pris en compte. En effet, le royaume de Sahé est fondé probablement au XVI siècle par les populations Hwéda conduites par Aholo. Elles y trouveront des populations Aizo, auxquelles elles vont s’intégrer.
L’organisation politique du royaume hwéda Sahé
Sur le plan politique, le pouvoir suprême est détenu et exercé par le roi, désigné au sein du groupe hwéda. La succession au trône se fait de père en fils aîné, à moins que le Conseil des anciens n’ait de fortes raisons pour priver l’aîné de la couronne et la remettre à un de ses frères. Une fois désigné, l’héritier présomptif est éduqué loin du royaume. A la mort de son père, il est conduit au temple de Dangbé (python), et y reste interné durant plusieurs mois. A sa sortie, il est investi roi lors d’une cérémonie d’investiture présidée par un envoyé spécial du roi d’Allada.
Le roi est assisté d’un Conseil de gouvernement composé des chefs traditionnels. Leur nombre est variable et les charges sont héréditaires.
L’organisation administrative de Sahé
Sur le plan administratif, l’espace reconnu avoir porté le royaume de Sahé est borné au nord et au nord-ouest par le lac Ahémé et le Couffo, au sud par l’océan Atlantique, au sud-ouest par la rivière conduisant en pays Popo. La direction des provinces est confiée à des chefs plus ou moins autonomes. Ils sont intégrés au Conseil de gouvernement. La justice est en principe du ressort des chefs de province ou des ministres sauf les infractions entraînant la peine capitale qui relèvent quant à elles de la compétence du roi.
L’organisation politico-militaire de Sahé
Sur le plan politico-militaire, le royaume de Sahé dut livrer des guerres contre Allada. Sahé tomba également dans la convoitise de Danhomè qui, par des ruses et des stratégies de guerres, vint à bout du royaume. Sahé disparut sous les flammes le 7 février 1727.
Depuis ce jour, le royaume de Sahé n’a plus jamais été reconstitué ni par Houfon, le roi vaincu, ni par ses descendants, encore moins par le colonisateur. Sur les ruines du royaume de Sahé, Agadja installa une garnison de sécurité pour le Danhomè confiée à Soglo et Aza à laquelle il donna le nom de Chavi (Savi Clé). Il accède ainsi à la côte et contrôle le port de Gléhwé malgré les résistances des Hwéda.
Ainsi, la fondation de Gléhwé (Ouidah) n’est pas à séparer du royaume de Sahé. Le mot Ouidah résulte d’une série d’appellations que les Européens ont attribuée aux populations Hwéda. Elles sont appelées Juda par les Français, Ajuda par les Portugais, Fida par les Hollandais et Whydah par les Anglais. Ceci va aboutir à désigner le royaume Hwéda de Sahé par royaume de Juda, d’Ajuda, de Fida ou de Whydah ou plus récemment royaume de Ouidah.
Dans la réalité, il n’a jamais existé un royaume de Gléhwé et encore moins de Ouidah. Gléhwé (Ouidah) est une province maritime, un pôle économique, une représentation pour les relations internationales du royaume de Danhomè. Elle est dirigée par le Yovogan, gouverneur de province, ministre extérieur à la Cour royale de Danhomè.
Reconnaissance du royaume de Dékanmè dans la commune de Kpomassè
Dékanmè est un village du côté oriental du lac Ahémé, dans l’arrondissement de Tokpa-Dome, Commune de Kpomasse. C’est un village un peu plus gros que Dédomė. Rappelons que ce sont plusieurs petits villages qui forment un gros village prenant ainsi le statut de communauté ou d’entité villageoise. Dékanmè n’a jamais été une chefferie traditionnelle moyenne jusqu’à ce qu’on l’imagine royaume. Un cadre célèbre de Dékanmė, Octave Houdégbé, est allé se faire introniser roi de Dahè et non de Dékanmè. Au passage, c’est le sommet des rois de 2008 qui a favorisé cette torsion de l’histoire en autorisant certains rois å en nommer d’autres..
Prise en compte du royaume de Dédomè
La fratrie agasuvi en route vers Allada a dû marquer un arrêt là parce qu’une fille, Dedo, est tombée malade. Des serviteurs ont été commis de veiller à son rétablissement pendant que le cortège a poursuivi son périple. Ce fait ne peut générer un statut de chefferie à cette localité d’escale.
Demande de prise en compte de la chefferie traditionnelle de Houin
Les références chronologiques fournies par la pétition prouvent à suffisance que ce récit n’est pas recevable. A ce début du 13è siècle, nous étions encore à l’ère des empires médiévaux. Et il faut dire que la région du Mono-Couffo a une singularité connue: les royaumes de Tado, Glidji et Agbannakin ont des sujets sur le territoire de l’actuel Bénin qui répondent d’eux. Leur mode d’organisation est suffisamment documentée. Les entités importantes de cette région ont été citées et prises en compte dans le projet de loi.
Reconnaissance de la chefferie traditionnelle d’Athiémé
A priori, il n’y a pas d’espace sans organisation sociale. Cependant, dans l’espace d’Atinwémè devenu Athiémé, peuplé grâce aux mouvements migratoires, par les groupes socioculturels Adja/Talla, Kotafon, watchi, Mina et Sawxė, on ne saurait parler d’existence de Roi (roi Aboubalaty mentionné dans la pétition qui aurait dirigé avant la colonisation) encore moins de chefferie traditionnelle. La pétition, en elle-même, comporte des écueils. Athiémé doit en grande partie son histoire et son rayonnement à l’arrivée du colonisateur qui y a érigé son administration coloniale. Avant cela, les groupes socioculturels suscités, pris séparément ne se reconnaissent à travers aucun chef traditionnel tout comme mis ensemble, ils ne s’identifient à aucun chef. Athiémé est une chefferie cantonale fabriquée par le colonisateur.
Reconnaissance du royaume de Sahouè
Les Watchi et les Sahwè ont des modes d’organisation et de gestion des hommes les moins centralisés du monde Adja. S’agissant particulièrement des Sahwè, il convient de noter :
Partis de la région de Savè, les Sahwè se concentrent à Houéyogbé et ses environs au début du deuxième quart du XVIII siècle. Ils se mélangent aux Houéda qui tentent avec leur roi Houffon déchu de recréer une nouvelle entité politique après la destruction de leur royaume de Sahè par le roi Agadja (1711-1740). Avant 1894, ils n’ont pas une chefferie à pouvoir centralisé. Par contre, ils ont une organisation coutumière dirigée par un roi-prêtre comme l’indique le livre Historicité et espaces de pouvoir traditionnel à la page 209, 2ème paragraphe. Le seul mouvement qui a marqué l’existence historique de ce groupe sociolinguistique est la « révolte des Sawxè » contre le colonisateur en raison de la violence des chefs de canton.
Les Sahwè constituent des unités villageoises autonomes à la tête desquelles des chefs de faible envergure cumulent les pouvoirs temporel et spirituel. Pour les communautés installées auprès des plans d’eau, les chefs de culte offrent régulièrement des sacrifices pour une pêche abondante. On les retrouve dans les localités de Houéyogbé, Zoungbonou, Doutou, Manonkpon, Lobogo, etc.
Le projet de loi a nettement reconnu leur organisation comme une chefferie supérieure et non comme un royaume. D’ailleurs, les acteurs rencontrés pendant les travaux de terrain de la Commission ont clairement mentionné qu’ils n’ont pas un roi.
Réintégration des chefferies traditionnelles de Toffo dans le projet de loi portant cadre Juridique de la chefferie traditionnelle au Bénin
Historiquement, Houègbo, Toffo, Agon et Coussi sont de petits villages. En plein 21è siècle, ils se sont réunis pour donner l’illusion d’une chefferie importante.
C’est une zone d’escale des esclaves en route vers Ouidah: les esclaves y passent la nuit, mangent et sont soignés, les entraves sont réparées.
Demande d’inscription du royaume de Houègbo ou Houègbo Yoho avec pour capitale Agon sur la liste des royaumes du Bénin
Houègbo a été le lieu où les trois frères agasuvi ont scellé la réconciliation et se sont donné des orientations: l’aîné est resté à Alada; le deuxième Dogbagli est monté vers le nord; le dernier, Tè-Agbanlin vers le sud-est en passant par Tori-Bossito pour descendre vers Pahou et longer la côte.
Protestation contre l’absence du Palais royal d’Abomey-Calavi sur la liste des Palais Royaux du Bénin.
Agbomè-Kandofi, citée peuplée de Aïzo, est une garnison militaire créée par Agadja à la suite de sa conquête d’Alada en 1724. Aux rebords du plateau, le roi installe ce campement qualifié de détachement d’Agbomè, pour contrôler la région. Cette partie du royaume joue désormais un rôle important dans la sécurité. Les rois du Danhomě ont toujours nommé des représentants pour gérer ce territoire.
Plaidoyer pour la reconnaissance et le rétablissement institutionnel du Royaume Xwla Djèkin sur la liste légale des royautés
L’arrivée du colonisateur français a désorganisé la chefferie traditionnelle dans l’espace de l’actuel République du Bénin. Le Gouvernement a pris en compte toutes les entités politiques traditionnelles existant à la veille de la colonisation (1894 pour le Bénin méridional et 1897 pour le Bénin septentrional). Or Djèkin a été détruit par Agadja en 1732. En 1892, Dodds a créé l’unité administrative du Littoral (toute la côte de Kraké à Hillacondji intégrant Calavi) dépendant directement du Gouverneur qui y nomme un administrateur civil. En 1894, il restaure Alada et Kétou.
Tout comme Sahé, Djekin n’a jamais été restauré à la veille de la colonisation; il n’existait donc plus.
Demande d’un séminaire parlementaire pour améliorer le projet de loi portant cadre juridique de la chefferie traditionnelle en République du Bénin (Cas du pays Agonlin).
Le pays Agonlin globalement est une province dépendant du royaume de Danhomè qui y a nommé des représentants (gouverneurs de province); il y a créé un camp militaire pour les Agoodjié, une administration et un palais royal. En 1894, l’ayant détaché du Danhomè, le colonisateur y a nommé le 1er chef canton.
Demande d’intégration du royaume de Wémè-Dangbo sur la liste des royaumes et chefferies traditionnelles du Bénin
Wémè-Dangbo appartient à la vaste région de la vallée de l’Ouémé dont l’histoire se divise en deux grandes périodes: la période avant le début du 18e siècle et la période après le 18è siècle, 1706 étant considérée comme l’année charnière de la dispersion du peuple wémè. Avant le 18e siècle, Wémè avait un royaume puissant qui a existé avant les autres royaumes d’origine adjatado et a même fourni une partie des populations surtout du plateau d’Agbomè. L’épicentre de décision de ce royaume était Adjohoun.
Malheureusement, après la guerre contre le Danhomè en 1708 à Lissèzoun, le royaume est détruit. La suite perdante tente de sauver la situation en essayant de créer une nouvelle entité autour de Dangbo. Cette entité n’a pas réussi à atteindre l’étape du royaume défunt de Wémè. C’est resté une chefferie supérieure. Après le 18è sicèle, sont nées une multitude petites autres localités qui se réclament aujourd’hui une certaine importance.
Transmission de mémorandum sur la dynastie royale des sept collectivités des Houèdonou du Bénin et d’ailleurs
Il s’agit d’un lignage adja ayant migré. Cependant, un lignage à lui tout seul ne fait pas un royaume. Ils ne sont pas wéměnou d’origine, car partis de Tado et ayant fait la migration retour (ouest-est). L’antériorité vers le 17è siècle ne suffit pas pour se déclarer royaume; un royaume est composé de certains paramètres définis dans le tableau sur les critères. Pire, situés dans la région de l’Ouémé, ils rentrent dans l’environnement historique décrit plus haut.
Demande de reconnaissance des chefferies d’Ifangni, de Pobè, de Bonou, d’Adja-Ouèrè, des Aguégués, d’Akpro-Missérété et autres dans le projet de loi relatif à la chefferie traditionnelles du Bénin
Adja-Ouèrè est une entité politique traditionnelle moyennement centralisée, reconnue comme telle par le projet de loi.
A Pobè, il s’agit d’une chefferie religieuse et non politique.
Ifangni n’a jamais été cité parmi les royaumes yoruba de l’actuel Bénin.
Aguégués et Bonou sont à ranger dans l’émiettement des faibles entités wémè déjà évoquées plus haut.
Reconnaissance du royaume d’Illikimou
A la fondation du royaume de Kétou au XIVe siècle par des migrants d’llé-Ifè conduits par Itcho-Kpatchan, les localités d’Oké-Oyan, d’Aro, d’Illikimou, d’Iroko-Oyin ont été des escales importantes. Illikimou reste à ce jour, une étape indispensable dans le processus de couronnement de l’Alakétou (Roi de Kétou). Cela ne fait pas de Illikimou une chefferie centralisée de quelque nature.
Illikimou n’est pas un royaume. Il n’est pas non plus une chefferie supérieure.
Demande d’ajout du royaume Yoruba d’Ajasè-llé à la liste des royaumes recensés au Bénin
Les autochtones soumis ou phagocytés par un groupe plus puissant et organisé politiquement sur un même territoire, n’existent plus en tant que chefferie.
Reconnaissance du palais royale Agbokou Ste Anne
C’est par mimétisme que Tofa a pompeusement baptisé les reliques du palais royal d’Agbokou Ste Anne, Palais d’été, palais privé. La lignée née de Dè Tofa qui revendique une sixième lignée recherche un palais digne de ses prétentions, d’où la nécessité de ce palais. On ne saurait avoir un royaume dans un royaume.
Demande de prise du Palais royal de Kraké dans le cadre de la réorganisation des Palais royaux du Bénin
Hogobnou s’étendait jusqu’à Badagri. Kraké n’était qu’une province de Hogbonou.
Demande de prise en compte du royaume d’IGBÔ-IDAASHA Reconnaissance du royaume d’Igbo-Idaasha (Dassa-Zoumé)
Le projet de loi reconnait l’historicité de ce royaume.
Inscription du royaume d’Ifita sur la liste des royaumes du Bénin
Ifita est un village de populations Adjas yorubaïsées au pied des collines, originaires de Hoki, jamais organisées en chefferie.
Reconnaissance du royaume de Bantè
Bantè a été pris en compte au titre chefferie supérieure. C’est une organisation sociale moyennement centralisée.
Reconnaissance du royaume de Savè
Savè a été pris en compte au titre de royaume. (cette réponse est à revoir car la prétention avait été mal résumée)
Demande de reconnaissance du royaume de Kaboua dans les royaumes et chefferies traditionnelles retenus au Bénin
Seul Savè est la seule chefferie centralisée dans la région de Kaboua.
Prise en compte des chefferies traditionnelles de Bori et de Gbégourou dans la Commune de N’Dali
BÔRI était reconnu comme une localité abritant des Baatombu puissants par leurs pratiques ésotériques. Ce n’est pas un centre politique important.
Quant à Gbeguru, il a été commis par le roi de Niki pour contrôler une partie du trafic caravanier et pour organiser la chefferie de Paraku. Au total, BŐRI et Gbeguru ne sont pas des chefferies traditionnelles ».