Lors de son récent entretien accordé à Jeune Afrique, Patrice Talon dit retarder le choix de son dauphin pour permettre à l’action gouvernementale de suivre son cours sans anicroches. Des propos qui pourraient, loin de cette simple affirmation, cacher bien de non-dits.

Flou artistique ! C’est ce à quoi se résume l’univers politique actuel au Bénin qui est pourtant à moins d’un an des dépôts des candidatures pour la prochaine élection présidentielle. Alors que les oppositions au régime en place restent taiseuses et aphones sur le choix de leurs candidats, la mouvance, quant à elle, a les mains liées. Composée pourtant de plusieurs formations politiques, dont celle la plus représentative, à savoir l’Union progressiste le Renouveau (Up-R), elle ne peut se remettre, pour la circonstance, qu’aux décisions du Chef de l’État. Et, en la matière, Patrice Talon demeure ferme. Après avoir une fois affirmé lors de son dernier discours à la nation que son dauphin ne sera connu qu’à quelques encablures de la prochaine présidentielle, l’homme n’a pas varié, plus d’un an plus tard, dans son argumentaire. Au détour d’une interview accordée au média Panafricain Jeune Afrique, l’actuel locataire de la Marina a réitéré cet agenda. « C’est ( ce choix ) en cours. Je le dirai clairement le moment venu, mais le plus tard possible, afin de ne pas perturber inutilement l’action gouvernementale. Nous avons, pour l’instant, d’autres priorités…. », a ainsi affirmé le Président de la République. À travers ces propos, l’on comprend avec aisance que Patrice Talon est dans une logique aussi simple. Celle d’entretenir, ou de faire entretenir le flou sur l’identité de son dauphin, au point de ne donner aucune marge de manœuvre aux possibilités de frondes. Déjà qu’il se susurre qu’il s’agira d’une candidature unique, il n’est pas illusoire de penser, comme c’est le cas généralement au Bénin, que l’unanimité ne s’observera pas autour. Dans ce contexte où les ambitions n’attendent que l’occasion de s’éclore, chercher un moyen de les contenir est pour Patrice Talon un défi à relever. Retarder ainsi la désignation de ce duo présidentiel pourrait être une occasion parfaite pour empêcher et circonscrire toute velléité de non-respect de ce choix du leader de la mouvance. Le sachant très tatillon, il met ainsi, bon gré mal gré, tout son gotha politique d’accord sur cette description qu’il a faite. Les déçus de son prochain choix seront donc réduits à leurs propres personnes.

J.G

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