Depuis toujours, le conte est un miroir du monde, un espace où l’on questionne les réalités d’hier, d’aujourd’hui et de demain. C’est avec cette ambition que Mahussi Gildas Agossoukpe, à travers son spectacle « Celle qui veut épouser le robot », a transporté son public dans une réflexion troublante sur l’emprise croissante des machines dans nos vies. Présentée dans le cadre des Spectacles Francophone’Art de l’Institut Français de Parakou, cette création de l’Association SASSIARA n’a laissé personne indifférent.
Tout commence le jeudi 20 mars 2025, à l’orphelinat Saint Jean Eudes de Gueman, où la première représentation se déroule sous les yeux émerveillés des enfants et du personnel. Alice Sidigui, directrice du centre, salue cette initiative qui, au-delà du divertissement, ouvre une porte vers un questionnement essentiel sur notre rapport avec les nouvelles technologies. Ensuite le samedi 22 mars, c’est au CAEB Zongo de Parakou que le spectacle pose ses valises. Francel Senan Loko, chef du centre, exprime sa joie et souligne l’importance de telles œuvres qui enrichissent autant l’esprit que la culture générale des spectateurs.
Mais ce qui frappe le plus dans cette pièce, c’est la profondeur du message qu’elle porte. Mahussi Gildas Agossoukpe, responsable de l’association SASSIARA, comédien et conteur passionné, confie que l’idée a germé en lui depuis 2019. « Les robots et les machines s’invitent partout dans nos vies. Ils nous simplifient le quotidien, mais à quel prix ? Ne sommes-nous pas en train de perdre notre humanité ? » s’interroge-t-il. Il pousse la réflexion plus loin : « et si, demain, nous tombions amoureux des robots ? Et si l’homme cherchait à se fusionner avec eux ? » Des questions vertigineuses qui résonnent dans son spectacle avec l’histoire de Alima, le personnage principal dans un monde où l’intelligence artificielle devient omniprésente.
Au-delà du message technologique, l’artiste porte un regard critique sur la place du conte dans notre société. Selon lui, les récits traditionnels peinent à toucher la jeunesse moderne, trop éloignée des réalités d’antan. « Nous devons raconter les histoires d’aujourd’hui et de demain, pour que chaque enfant, qu’il soit en ville ou au village, puisse s’y retrouver et s’y projeter. » Avec ce spectacle, Mahussi Gildas Agossoukpe propose un conte réinventé, un récit ancré dans notre époque mais tourné vers l’avenir.
Alors que le rideau tombe sur ces premières représentations, « Celle qui veut épouser le robot » ne s’arrête pas là. Cette œuvre en évolution continue de mûrir, portée par une équipe engagée avec San-Sounon B. Emmanuel et Aladassi Hermione à la musique, Koudoro O. Toussaint à l’administration, est meublée par une conviction forte : le conte doit rester vivant, s’adapter aux défis du monde moderne et ouvrir des fenêtres sur l’avenir.
Fayçal DRAMANE