Adoptée, jeudi 13 mars 2025 par l’Assemblée nationale, la Loi sur la chefferie traditionnelle au Bénin reconnaît 16 royaumes et 90 chefferies, reparties en 80 chefferies supérieures et 10 chefferies coutumières. Mais depuis son adoption, la loi est objet de polémiques qui n’en finissent pas, d’une région à une autre. Qui pour contester le fait que son royaume ne se trouve pas sur la liste des 16, qui pour s’étonner du fait qu’il n’y ait même pas de trace de certains royaumes ni sur la liste des 16, ni sur celle des 90 chefferies. Même le député du Bloc républicain, Nassirou Bako-Arifari trouve des insuffisances à la Loi sur la chefferie traditionnelle.
« Les pays dendi n’ont jamais dépendu de quelques autorités quotidiennes dans ce pays à ce jour. Mais ici, on classe comme chefferie et même pas comme roi, parce qu’il y a deux points de réussite. L’installation coloniale réhabilite Kétou Alada. Mais Karimama est reconnue depuis 1895, le traité est là, confirmé en 1897, les documents sont là. Mais une certaine commission technique nous dit non, c’est chefferie traditionnelle, chefferie supérieure. Je pense qu’il y a un problème là. Je pense aussi que ce problème se pose pour Banikoara. Car Banikoara, disons-le, le type d’organisation de l’autorité coutumière là-bas est spécifique. C’est la seule autorité quotidienne où des prêtres wasangaris sont soumis à un chef autochtone qui n’est pas wasangari en pays Bariba » argumente le député qui ne comprend pas pourquoi on a repêché Allada et Kétou, et ne pas faire de même pour Karimama et Banikoara. De même, les Xwéda ne comprennent pas ce qui peut justifier l’absence du royaume de Saxè sur la liste des royaumes et chefferies traditionnelles.
Même à Abomey, ça murmure contre la nouvelle loi. Ici, les têtes couronnées sont remontées contre l’article 06, qui définit les chefs traditionnels sans prendre en compte la réalité du Royaume de Danxomè. Après le roi de Danxomè, il est normalement attendu que les chefs cantons, les chefs régions et les chefs de lignées royales de Danxomè (le noyau de la cour royale de Danxomè) suivent. Ce qui n’aurait pas été le cas à travers la nouvelle loi sur la chefferie traditionnelle votée par le Parlement béninois. Le deuxième point de désaccord majeur porte sur la succession au trône royal de Danxomè. Traditionnellement, apprend-on, la rotation entre les trois lignées royales du Roi Glèlè, Gbèhanzin et Agoli-Agbo était respectée. Mais, la nouvelle loi bouleverserait cette rotation en écartant la lignée du Roi Glèlè, limitant ainsi la succession aux lignées Gbèhanzin et Agoli-Agbo. Les membres du bureau du Conseil d’Administration des Familles Royales d’Abomey (CAFRA), les chefs de canton, les chefs de région, les chefs de lignée (Assiata), ainsi que certains descendants du Roi Glèlè se sont réunis ce vendredi 21 Mars 2025 au palais Wéhondji d’Abomey autour du roi de Danxomè, Sa Majesté Dèwènondé Wôdôdô GBEHANZIN pour protester contre cet état de chose. A Ifangni, le roi s’est déplacé en personne pour exprimer le désaccord de son royaume au Président de l’Assemblée Nationale. Il ne se passe donc de jour où on enregistre une contestation quelque part après le vote de la loi sur la chefferie traditionnelle. On se demande alors qui approuve finalement cette loi et qui viendra défendre le gouvernement ?
M.M