-“Le Bénin n’a toujours pas la moyenne’’ selon l’expert Gervais Loko

– En Afrique, le Bénin n’est pas cité comme une référence en matière de progression

Le dernier rapport de Transparency international positionne le Bénin à la 69ème place au niveau mondial avec un score de 45. Ceci, suivant l’indice de perception de la corruption. S’il est évident que le Bénin peut se targuer d’avoir réalisé de progrès, il importe de s’interroger, toute analyse faite, si l’on peut déjà parler d’une percée, comme évoqué dans les médias et sur plusieurs canaux ou encore d’une avancée significative comme le mentionne le Haut-Commissariat à la prévention de la corruption.

Le Bénin a-t-il réellement réalisé une avancée notable ou encore significative dans la lutte contre la corruption ? La question reste toute posée. En effet, si le rapport 2024 de Transparency international sur l’indice de perception de la corruption place le Bénin à la 69ème place sur 180 au niveau mondial avec un score de 45, il se révèle que le Bénin a fait un bond de deux points par rapport à 2023 où le score était de 43. “Le Haut-Commissariat à la prévention de la corruption tient à saluer les avancées significatives réalisées par le Bénin dans ce domaine’’ pouvait-on lire dans un communiqué de l’institution. Et c’est ce qui interpelle d’ailleurs plus d’un. Doit-on réellement déjà parler d’avancées significatives ?

Le Bénin n’a toujours pas obtenu la moyenne…

En effet, selon le même classement de Transparency international, le Bénin fait partie des deux tiers des pays concernés (soit 120 pays) qui restent toujours en dessous de la moyenne qui est de 50 comme score. “Les résultats sont présentés sur une échelle allant de 0 (très corrompu) à 100 (très propre). Si 32 pays ont considérablement réduit leur niveau de corruption depuis 2012, il reste encore beaucoup à faire : 148 pays sont restés stables ou ont vu leur niveau s’aggraver au cours de la même période. La moyenne mondiale de 43 pays stagne également depuis des années, tandis que plus des deux tiers des pays ont un score inférieur à 50’’ précise le rapport. Et selon l’expert en gouvernance, Gervais Loko, le Bénin n’a toujours pas la moyenne “et fait partie des 90% des pays africains qui ont moins de 50 points sur 100’’. Et de poursuivre : “ Parmi les pays africains, le Bénin n’est pas cité comme une référence en matière de progression’’.

Plus important, depuis 2018, le Bénin a franchi le cap du score 40 sans réussir à atteindre la moyenne de 50 même s’il faut reconnaître que depuis 2017, les lignes bougent. Car, d’un score de 36 en 2016, le Bénin est passé à un score de 39 en 2017 ; 40 en 2018 ; 41 en 2019 ; 41 en 2020 ; 42 en 2021 ; 43 en 2022 ; 43 en 2023 puis 45 en 2024. Peut-on alors parler d’une avancée significative au regard des scores réalisés ? La question reste toute posée.

Le piège du classement ou du rang…

Evoquant l’Indice de perception de la corruption ou encore le rapport de transparency international, beaucoup s’attardent sur le rang du pays. Seulement, ce détail ne permet pas de faire une analyse objective des efforts consentis par le pays en matière de lutte contre la corruption. “Le rang d’un pays correspond à sa position par rapport aux autres pays de l’indice. Le rang peut changer simplement si le nombre de pays inclus dans l’indice change. Le rang n’est donc pas aussi important que le score pour indiquer le niveau de corruption dans ce pays’’ précise Transparency international. Et selon l’expert en gouvernance, Gervais Loko, “le classement ne dépend pas de l’effort du pays mais plutôt de la performance ou de la contreperformance des autres pays’’.

D’ailleurs, faisant référence aux rangs occupés par le Bénin, il est facile de se rendre compte que cela reste un détail qui devrait moins intéresser. En 2022, le Bénin occupait la 72ème place avec un score de 43 alors qu’en 2023, il est classé 70ème avec le même score. De même, en 2019, le Bénin est 80ème avec un score de 41 mais se retrouve 83ème en 2020 avec le même score. Toute chose qui démontre combien le rang importe peu dans l’analyse du rapport sur l’Indice de perception de la corruption. S’il est évident que les efforts sont consentis par les gouvernants béninois pour lutter contre la corruption, d’importants défis restent à relever tant le Bénin reste encore loin de la moyenne.

M.M

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici