Président de l’Académie du Leadership, Auteur & formateur certifié, Sèdami Agboton opine sur le système éducatif béninois. Dans ce 2e acte, il parle de comment adapter le système éducatif aux besoins du marché.

Matin Libre : Pourquoi est-il urgent d’adapter le système éducatif béninois aux besoins du marché de l’emploi ?

Sèdami Agboton : L’urgence vient du décalage croissant entre la formation académique et les compétences réellement demandées par les employeurs. Trop de jeunes diplômés peinent à trouver un emploi, non pas par manque de potentiel, mais parce que leurs formations ne sont pas alignées avec les exigences du marché. Il est donc essentiel de repenser nos curriculums pour privilégier l’apprentissage pratique, l’esprit entrepreneurial et le développement des compétences techniques et comportementales.

Quels sont les principaux défis du système éducatif actuel au Bénin face à l’employabilité des jeunes ?

Le premier défi est l’accent mis sur la théorie au détriment de la pratique. Ensuite, il y a un manque de collaboration entre les entreprises et les institutions académiques. Enfin, l’orientation professionnelle est souvent négligée, ce qui pousse de nombreux étudiants vers des filières saturées ou peu demandées sur le marché du travail.

Quels changements concrets devraient être apportés aux programmes scolaires pour mieux répondre aux exigences du marché ?

Il est indispensable d’intégrer des formations en leadership, en entrepreneuriat, en compétences numériques et en soft skills dès le secondaire. Ensuite, il faut développer davantage les stages et les alternances pour exposer les jeunes au monde professionnel avant la fin de leurs études.

L’entrepreneuriat est-il une alternative viable pour pallier le chômage des jeunes diplômés ?

Absolument. Le secteur privé et l’entrepreneuriat sont des moteurs essentiels de l’économie. Cependant, entreprendre ne s’improvise pas. Il faut doter les jeunes des compétences nécessaires en gestion d’entreprise, en innovation et en leadership. Cela passe par un accompagnement adéquat, des incubateurs et des financements adaptés.

Quel rôle jouent les entreprises dans cette transformation éducative ?

Les entreprises doivent être des acteurs clés en collaborant avec les universités pour co-construire des formations adaptées. Elles peuvent aussi offrir plus d’opportunités de stages et d’alternances. En retour, elles bénéficieront d’une main-d’œuvre plus qualifiée et immédiatement opérationnelle.

Quel regard portez-vous sur la formation professionnelle et technique au Bénin ?

Elle était souvent perçue comme une alternative de second choix, alors qu’elle devrait être valorisée au même titre que les études universitaires, et je pense que c’est ce qui en train d’être mis en place par le gouvernement de son Excellence Monsieur Patrice Talon, Président de la République, à travers la construction à partir de 2025 des 30 lycées technique agricoles moderne et des 8 écoles de métiers

L’Académie du Leadership joue un rôle clé dans le développement du leadership des jeunes. Quel impact concret avez-vous observé ?

Depuis sa création, l’Académie du Leadership a formé plus de 2 000 leaders, manager, responsable de diverses organisations à travers trois continents, avec un taux de satisfaction de 90 %. Nous aidons nos membres à développer des compétences en prise de décision, en communication et en gestion d’équipe. Nous avons vu également de nombreux jeunes de 07 à 17 ans transformer après avoir suivi nos programmes.

Comment l’Académie du Leadership contribue-t-elle à l’adaptation du système éducatif aux réalités du marché ?

Avec certaines universités nous organisons des formations pratiques et des coachings qui complètent le parcours académique traditionnel. Ces formations seront progressivement étendues au secondaire puis au primaire. Enfin, nous plaidons activement pour une réforme éducative axée sur le leadership.

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes béninois pour mieux se préparer au marché du travail ?

Je leur dirais d’adopter une mentalité d’apprentissage continu et de ne pas attendre que l’école leur donne toutes les clés. Il faut chercher à développer des compétences pratiques, s’ouvrir aux opportunités de stages et de bénévolat, et ne pas hésiter à entreprendre. Le monde évolue vite, et seuls ceux qui s’adaptent réussiront.

Un dernier mot sur l’avenir du système éducatif et du marché de l’emploi au Bénin ?

L’avenir dépend de notre capacité à réinventer l’éducation. Nous avons le potentiel et le talent nécessaires pour bâtir un écosystème éducatif plus performant et plus aligné avec les besoins du marché. Mais cela exige une prise de conscience collective et des actions concrètes de la part de l’État, des écoles, des entreprises et des jeunes eux-mêmes.

Transcription M.M

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