Homeky, un homme du système, confirme les réserves contre la Criet

« …à la Criet, la messe est dite à l’avance (…) Si vous croyez ce que le Colonel a dit ce matin, condamnez-moi ! Il existe un Dieu. (…) J’appartiens au système. Je sais. Je sais. Je sais ». Ainsi s’exprimait l’ancien ministre de la jeunesse et des sports, Oswald Homeky, au 4e jour du procès pour complot contre l’autorité de l’Etat, corruption d’agent public…

Depuis sa création, la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme fait objet de beaucoup de critiques quant à son indépendance et à la manière dont les débats sont conduits. Ces réserves contre la Criet étaient jusque-là portées par l’Opposition au régime Talon et les organismes internationaux. Avec le procès Boko-Homeky, c’est pratiquement la 1ère fois qu’un cacique du régime, Ministre pendant des années sous Talon, en vient en douter de l’indépendance de cette juridiction exceptionnelle. En disant qu’« à la Criet, la messe est dite à l’avance », Oswald Homeky confirme ce que disent les Avis du GTDA de l’ONU sur la question de l’indépendance de la Criet. L’avis du Groupe de travail de l’Onu sur la détention arbitraire (GTDA), rendu en faveur de Reckya Madougou, a été explicite. «Le Groupe de travail rappelle que le droit à un tribunal impartial et indépendant est protégé à l’article 10 de la Déclaration universelle des droits de l’homme et l’article 14 du Pacte» peut-on lire à la Page 14. Aussi, est-il mentionné que « Mme Madougou a été condamnée à 20 ans de prison au terme d’un procès de moins de 24 heures. La tenue en une seule journée d’un procès portant sur une infraction pénale grave, donne à penser que la culpabilité a été déterminée avant l’audience ».

Mais contrairement au Cas Boko-Homeky où des preuves sont exhibées devant la Criet, l’opposante Reckya Madougou a été condamnée à 20 ans de prison en absence de preuves et de témoins. Cela a aussi été relevé dans l’Avis du GTDA. «Afin de résoudre ce type de conflits, les règles de la preuve sont définies dans la jurisprudence du Groupe de travail… Le Gouvernement peut s’acquitter de son devoir de preuves en soumettant des documents prouvant ses affirmations… Le Groupe de travail rappelle que de simples affirmations du Gouvernement ne suffisent pas. En l’espèce, le Groupe de travail note que le Gouvernement n’a fourni aucun procès-verbal de témoignages, d’échanges téléphoniques, ou autre document à l’appui de ses déclarations » lit-on dans le document. Autrement dit, Reckya Madougou a été condamnée à 20 ans de prison sur de simples affirmations. C’est tout ceci qui nourrit les critiques quant à l’indépendance de la Criet, qu’avait aussi pointé du doigt les USA aux lendemains de la condamnation de Reckya Madougou. Aujourd’hui, c’est un ancien ministre du régime Talon qui fait les mêmes observations. Reckya Madougou ne croyait pas si bien dire en déclarant, juste avant sa condamnation : « Je m’offre à la démocratie de mon pays si mon sacrifice peut rendre à votre cour son indépendance ».
M.M

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