Le gouvernement béninois, faisant preuve d’une volonté politique dans la lutte contre les Violences basées sur le genre (Vbg), a opté pour une approche stratégique dans la prise en charge des victimes et survivants (es) des Vbg. Une approche holistique intégrant le soutien psychologique ; l’accompagnement social ; la prise en charge médicale ; la prise en charge psychologique et l’assistance juridique et judiciaire. Une véritable avancée en matière de prise en charge des victimes de Vbg qui doit faire école dans la sous-région…

Contraintes autrefois de faire des aller et retour du commissariat de police au centre de santé sans oublier le centre social ou encore le tribunal, racontant à chaque étape la même histoire avec toutes les émotions y afférentes, les victimes de violences basées sur le genre ne sont plus soumises à cette réalité au Bénin. Désormais, le Bénin opte pour une approche visant à offrir aux victimes, sur un seul site, le parquet d’interventions en termes de prise en charge psychologique, sociale, médicale, juridique et judiciaire.

La prise en charge des victimes de violences basées sur le genre repose sur l’Approche droit, selon l’Institut national de la femme (Inf). Le document des procédures opérationnelles standardisées de l’Inf renvoie à une approche stratégique de prise en charge garantissant aux victimes un soutien psychologique ; un accompagnement social ; une prise en charge médicale ; une prise en charge psychologique et l’assistance juridique et judiciaire.

Une approche holistique qui se retrouve d’ailleurs au cœur des interventions des Centres intégrés de prise en charge des victimes et de survivants(es) de violences basées sur le genre (CIPEC-VBG). Elle se veut un processus qui permet à la victime de se remettre du traumatisme et de s’autonomiser. Elle intègre tout l’écosystème, c’est-à-dire la personne prise en charge et son environnement. “Dans cet écosystème, la victime est au centre de tout le processus de gestion de cas (accueil, mise en confiance, offre de services, prise de décisions, renforcement de capacités, réintégration sociale). L’approche centrée sur la victime crée de la valeur pour celle-ci en répondant à ses besoins et souhaits avec des produits et services adaptés“ mentionne le document des procédures opérationnelles standardisées de l’Inf.

Prise en charge holistique : Un pas de géant franchi…

Il n’était pas exclu de voir plusieurs victimes, contraintes de passer du commissariat de police au centre de santé ou encore au tribunal et au centre social, renoncer à aller au bout du processus. “Ce n’était pas évident que la majorité des victimes y arrivent“, reconnait Dr Guy Bio Yérima, médecin coordonnateur du Centre intégré départemental de coordination pour la prise en charge des victimes et survivants(es) de Violences basées sur le genre de Cotonou. Et pour le Directeur de l’Observatoire de la famille, de la femme et de l’enfant (OFFE), Dr. Nassirou Kassoumou Hararou, avec l’approche de prise en charge holistique, la victime n’est plus contrainte de revivre maintes fois la violence qu’elle a subie en la racontant à plusieurs postes.

L’Alliance Droits et Santé (Ads), dans le cadre d’une campagne nationale de plaidoyer contre les Vbg, a également insisté sur la nécessité d’une prise en charge holistique des victimes. “…la lutte contre les VBG, demande en effet une réponse holistique, indivisible et multisectorielle. L’intervention de nombreux acteurs travaillant de concert au niveau communautaire est nécessaire pour en venir à bout. Les professionnels de l’éducation, de la santé et les associations de défense des droits sociaux ont une responsabilité particulière dans ce domaine“ a déclaré Nourou Adjibadé, Directeur exécutif de Ceradis-Ong, membre de l’Alliance.

Au niveau des Cipec-Vbg, cette approche se retrouve au cœur des interventions. « Les CIPEC sont une porte d’entrée de la prise en charge. Notre rôle, c’est la prise en charge holistique des cas de victimes et de survivants(es) des VBG. Nous avons la prise en charge médicale, sociale, psychologique et judiciaire. Il faut qu’au même endroit la victime puisse bénéficier de toutes ces composantes. Ce qui est évident, c’est qu’il y a au moins la prise en charge médicale, sociale et psychologique dans chaque Centre aujourd’hui. Et tout ça, gratuitement », expose le médecin coordonnateur du CIPEC-VBG de Cotonou, Dr Guy Bio Yérima, dans un entretien accordé à un média local (chasseurinfos). Quand bien même cela n’est toujours pas encore chose effective, il est prévu un volet pour l’autonomisation financière des survivantes au niveau des Cipec-Vbg. Selon l’Inf, les cinq (05) composantes de prise en charge sont administrées de façon intégrée par un assistant social, un psychologue, un médecin et un juriste en collaboration avec les différents acteurs.

Décret N°2012-228 du 13 août 2012 : le socle !

La prise du Décret N°2012-228 du 13 août 2012 portant création, composition, attributions et fonctionnement des centres intégrés départementaux de coordination pour la prise en charge des victimes et survivants(es) de Violences basées sur le genre (VBG) est perçue comme une avancée majeure. Instituant la mise en place des centres de prise en charge dans tous les départements du Bénin, le décret met un accent particulier sur la prise en charge holistique. «Les Centres Intégrés Départementaux de Coordination ont pour mission de coordonner la prise en charge des victimes et survivants (es) de violences basées sur le genre. Leur but est de recevoir, d’écouter, de conseiller et d’apporter des solutions promptes, coordonnées, adéquates et durables aux besoins sanitaires, sociaux, psychologiques et juridiques des victimes et survivants (es) de violences basées sur le genre, de manière à réduire considérablement le temps de la prise en charge sociale, sanitaire et surtout juridique, et accroître la potentialité de la satisfaction des victimes et des survivants (es) », indique le décret en son article 2. « Les victimes et survivants (es) doivent trouver aux Centres Intégrés Départementaux de Coordination toute l’aide nécessaire y compris l’appui psychologique, les références aux groupes de soutien de survivants (es) et aux centres d’accueil et d’hébergement», précise le même article.

Il est donc évident qu’un palier important a été franchi dans la lutte contre les violences basées sur le genre au Bénin particulièrement en matière de prise en charge des victimes. Toutefois, il urge que les autorités compétentes œuvrent pour garantir la disponibilité et l’accessibilité desdits services au niveau des centres de prise en charge. Une avancée qui doit inspirer les pays de la sous-région.

Aziz BADAROU

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