Dans certaines localités isolées du Bénin, le bien-être des nourrissons et des enfants repose exclusivement sur les femmes sans moyens, souvent entraînant des cas de malnutrition infantile. À Koukiri, un village de l’arrondissement de Tchatchou dans la Commune de Tchaourou, grâce à l’Unicef et à Sia N’Son Ong, soutenus par divers partenaires, cette tendance prévalente a été inversée à travers des initiatives remarquables qui intègrent désormais les pères comme éléments essentiels dans l’amélioration des pratiques alimentaires.
» Nous n’avons pas d’école. Si l’État pouvait construire une école, cela nous réjouirait énormément ». Telles sont les préoccupations des habitants de Koukiri, situé à 39 kilomètres de Parakou. Majoritairement analphabètes, ils font face à l’absence de certains services sociaux de base. Dans cette veine, certains se heurtaient également à des restrictions imposées par les grands-mères et époux, concernant l’allaitement exclusif. Ce quotidien difficile autrefois observé par certains villageois a eu un impact direct sur la santé de leurs enfants, entraînant malnutrition, manque d’hygiène et insuffisance d’assainissement. Cependant, grâce à l’Unicef et à Sia N’Son Ong, soutenus financièrement par un consortium de donateurs d’Angleterre, du Royaume-Uni, des Pays-Bas et du Japon, Koukiri a brillamment surmonté ce fléau à travers le projet « Village propre avec zéro enfant malnutri ». Il a pour but, selon Gaëlle Logozo, Chargée de nutrition au Bureau Unicef de Parakou, d’éradiquer la défécation à l’air libre et de garantir qu’aucun enfant ne souffre de malnutrition, en se basant sur un concept axé sur des actions communautaires intégrées dans les domaines de l’hygiène, de l’assainissement et de la nutrition. Pour assurer une mise en œuvre efficace, des mesures appropriées ont été prises, notamment la formation de groupes de soutien Anje, regroupant des femmes engagées pour un développement harmonieux de leurs progénitures. Tous les acteurs communautaires impliqués dans le développement de l’enfant peuvent y participer.
Les pères en soutien…
Les pères sont également impliqués de manière active. « Nous avons créé ce club de paix en réponse à certaines difficultés rencontrées. Certaines femmes ont du mal à se rendre aux consultations prénatales sans l’autorisation de leur mari, et d’autres ne peuvent envisager l’allaitement exclusif sans l’accord de la grand-mère. Nous avons donc décidé d’impliquer ces pères de manière proactive afin qu’ils soutiennent l’adoption de bonnes pratiques au sein des ménages », explique Véronique Tineponanti, Cheffe de Projet à Sia N’son Ong. Pour ce faire, des sessions de séparation, dit-elle, ont été organisées pour les femmes et les hommes, leur demandant de dresser l’inventaire de leurs activités quotidiennes. Les hommes ont alors identifié leurs tâches tout comme les femmes. « Nous avons ensuite réuni les deux groupes, où chacun a présenté ses activités quotidiennes. À l’analyse, nous avons constaté que les femmes travaillaient plus. Les hommes ont été invités à observer les changements de comportement de leurs épouses. Ils ont noté qu’après cette assistance, les femmes étaient plus détendues, moins fatiguées et plus accueillantes envers leurs maris. Ils ont réalisé que cela apportait des bénéfices », explique la Cheffe de projet. L’objectif est d’alléger le fardeau des mères d’enfants et de soutenir les femmes enceintes dans l’adoption de comportements favorables en matière d’alimentation, de nutrition, de santé et d’hygiène, rétorque Gaëlle Logozo. « Mon rôle dans le Club des pères est de sensibiliser nos femmes à l’importance d’une alimentation complémentaire, saine, riche et équilibrée », déclare Adamou Joseph, connu sous le nom de Papa Alimentation complémentaire et membre du Club. « Je sensibilise également les populations de Koukiri sur l’importance de la mise au sein précoce. » « Il est essentiel de donner le premier lait au nouveau-né, car il est riche et protège considérablement l’enfant en favorisant une bonne croissance et en évitant certaines maladies », ajoute Alpha Djabi, dit Papa Mise au sein précoce. De nombreuses démonstrations culinaires ont été faites par ces hommes, témoignant leur engagement à relever davantage ces défis.
Des résultats probants…
Des gestes tels que chercher de l’eau, accompagner leurs femmes à l’hôpital pour des consultations prénatales ou des vaccinations ont été considérés comme des contributions significatives pour ce projet. « Nous sommes intervenus dans 282 localités de la commune de Tchaorou, réparties entre les arrondissements de Tchatchou et de Sanson. Nous nous trouvons ici dans l’une de ces localités où certaines organisations ont eu un impact significatif sur la vie quotidienne des ménages », confirme Véronique Tineponanti. Au nombre de ces impacts, Gaëlle Logozo parle de l’amélioration de l’état nutritionnel des enfants. « Du point de vue hygiénique, nous avons réussi à installer un nombre considérable de latrines, et en matière de couverture vaccinale, de nombreux enfants ont bénéficié de ces vaccinations », renchérit Véronique Tineponanti, Cheffe Projet à Sian’Son Ong. Lors de l’évaluation finale, les ménages, explique-t-elle, ont reconnu que les résultats du projet étaient considérables : les enfants sont en bonne santé et les conditions de vie se sont améliorées, ce qui était l’objectif initial. Au total, après plus d’un an de mise en œuvre, il a touché plus de 34 737 personnes, avec un fort engagement des pères et des grands-mères dans les pratiques nutritionnelles. Ces résultats montrent que 91 % des 282 localités certifiées Fdal ont maintenu leur statut. De plus, 80 % des ménages, d’après l’Unicef, utilisent des latrines fonctionnelles et 100 % des localités disposent d’au moins un groupe de soutien Anje. Des latrines améliorées ont été construites et des dispositifs de lavage des mains ont été installés dans les ménages et les écoles. Des campagnes de sensibilisation sur l’hygiène et la gestion des déchets sont également menées, tout comme le suivi régulier de la croissance des enfants. Si ce projet a permis la fin de la défécation à l’air libre et de la malnutrition, les autorités de la localité plaident pour sa poursuite. A l’image de son Chef d’Arrondissement, Joël Domagui qui promet d’accompagner l’Unicef et tous ses partenaires, dans cette dynamique.
Janvier GBEDO, avec le soutien de l’Unicef Bénin