Devant environ 300 cinéphiles, le film « L’orage africain : un continent sous influence » du réalisateur béninois Sylvestre Amoussou a été projeté, vendredi 06 décembre 2024 à l’espace culturel Le Centre, sis à Lobozounkpa, Abomey-Calavi. A la fin, le réalisateur est intervenu depuis la France pour répondre aux questions des cinéphiles.
Pendant 1h 30, les cinéphiles ont visualisé à l’espace culturel Le Centre « L’orage africain : un continent sous influence ». Sorti en 2017, ce long métrage dépeint les jeux de pouvoir, les relations entre les pays africains et l’occident. En effet, le président d’un pays africain, venu au pouvoir de façon démocratique, décide de nationaliser tous les moyens de production installés sur son territoire et jusque-là dans les mains des expatriés. Puits de pétrole, mines d’or, de diamant… retournent dans le patrimoine de l’Etat. « C’est nous qui avons foré ces puits, creusé ces mines avec nos technologies », ripostent les occidentaux. « C’est vrai mais c’est notre sous-sol, ce sont nos diamants, notre pétrole » répond le président. Il va s’engager une bataille où des gens sont instrumentalisés pour obliger le président à revoir sa décision. Qui va gagner la bataille ? Ce film, qui a été sacré Etalon d’argent au Fespaco, est plus d’actualité aujourd’hui avec ce qui se passe dans l’Aes. D’ailleurs les cinéphiles présents ont applaudi Sylvestre Amoussou pour avoir vu de loin ce qui se passe aujourd’hui.
Intervenant par téléphone, le réalisateur Sylvestre Amoussou, qui vit en France, a laissé entendre que le rôle d’un cinéaste ou d’un créateur est d’être un visionnaire. « La jeunesse doit prendre son destin en mains et on ne peut plus accepter aujourd’hui la manière de gouverner. Il faut éviter que nos enfants prennent les routes de l’exode, chercher un paradis hypothétique alors qu’on a le paradis chez nous. Mon objectif a toujours été d’éveiller les consciences pour que nous puissions construire l’Afrique de demain » a-t-il souligné. Tout en remerciant l’espace culturel Le Centre pour la diffusion de son film, Sylvestre Amousou regrette que le gouvernement béninois ne soit pas en mesure de prendre ce film et le diffuser sur toute l’étendue du territoire national.
Pour Berthold Hinkati, Directeur de l’espace culturel Le Centre, le programme Wa cinéma a été conçu pour faire la promotion du septième art africain en général, et béninois en particulier. « Nous avons fait plusieurs constats et nous nous sommes dit que c’est le moment véritablement de montrer les réalités africaines par des projections cinématographiques. Et depuis un bon moment, nous avions les yeux sur ce film « L’orage africain : un continent sous influence ». Une partie de la réalisation a été faite dans cet espace, à l’espace culturel Le Centre. Et après le prix Etalon d’argent au Fespaco, nous nous sommes dit qu’il serait bien d’accueillir un pareil film ici » a précisé Berthold Hinkati.
Des réactions…
Arcade Assogba, assistant réalisateur
« Je suis un enfant des ciné clubs. J’ai déjà assisté à trois projections ici et je ne sais pas s’il y a le bonheur ailleurs qu’ici. Regarder un film en plein air sous les palmiers. Le film de Sylvestre Amoussou est d’une très grande qualité, le son, les images, tout est parfait. Il n’y a pas beaucoup de films qui ne nous fassent pas honte comme ce film ».
Dansou Jean-Paul
« C’est un très bon film, j’ai appris que l’Afrique est un bon continent qu’on doit respecter »
Dansou Anne-Marie
« Les européens nous ont colonisé mais l’Afrique s’est finalement révoltée »
Dodji Zohou
« J’ai aimé. C’est la toute première fois que je vois le film, j’en ai déjà entendu parler et cela m’a incité. Je viens de le découvrir et j’ai bien. Je pense que ce sujet même dans 20 ans, il sera toujours d’actualité en Afrique. Parce que même si le Bénin change, je ne pense pas que le Togo ait changé et vice versa. C’est notre réalité »
Fassassi Farane, étudiant à l’Isma
« Il y a eu vraiment une histoire vraie qui a été racontée à travers ce film. C’est dommage que dans notre pays, il n’y a vraiment pas eu de diffusion de ce film. Il faut dénoncer le fait que le colonisateur s’installe et nous gruge. Malheureusement, les dirigeants ne sont pas prêts à faire ce qu’il faut »