Gestions de l’Assemblée nationale, bavure policière, interdiction de réunion de l’opposition à N’Dali sont les sujets abordés par le groupe Parlement Les Démocrates, lors d’une déclaration à la tribune de l’Assemblée nationale hier, jeudi 05 décembre 2024. Elle est lue par le président du groupe parlementaire Nourénou Atchadé.
DECLARATION A LA TRIBUNE DU GROUPE PARLEMENTAIRE LES DEMOCRATES
Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale,
Honorables députés à l’Assemblée Nationale,
Chers collègues ;
Dans l’histoire de notre institution parlementaire, la 8ème législature reste une parenthèse accidentelle et douloureuse. Notre belle odyssée démocratique qui en avait subi le contre-coup garde malheureusement à ce jour des séquelles qui, visiblement inhibent nos pas et nous handicapent dans la dynamique constructive d’une démocratie moderne telle que rêvée par nos pères fondateurs à la Conférence des forces vives de la Nation de 1990. Il restera hélas une teigneuse tâche noire de notre parcours démocratique que la 8ème législature s’était évertuée à tristement banaliser, fragiliser, vassaliser et descendre de son piédestal l’Assemblée Nationale et par ricochet toutes les institutions de notre pays. A ce segment d’un triste passé, des noms sont liés et malheureusement ceux à qui le destin a donné une seconde chance peinent à se repentir.
Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale,
Honorables députés à l’Assemblée Nationale,
Chers collègues ;
Dans la nouvelle cordée de la reconstruction, la 9ème législature s’est légitimement vue investie de l’espoir de redorer l’image pourfendue et désacralisée de notre Parlement. A travers notre miroir intérieur en tant que députés de la mandature en cours, que chacun se regarde et fasse l’examen de sa conscience. Sommes-nous vraiment dans l’impératif de redonner aux béninois le parlement qu’ils méritent ?
En effet, au regard de l’équilibre de l’assiette institutionnelle de notre pays, le parlement est un contre-pouvoir par nature et par essence. Il n’est pas pensé pour être le prolongement pathologique d’un pouvoir exécutif.
Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale,
Honorables députés à l’Assemblée Nationale,
Chers collègues ;
C’est pour nous un honneur et un défi en tant qu’élus du peuple d’être membres de cette 9ème législature. Si l’honneur répond dune conjecture heureuse, le défi quant à lui porte la gravité de notre responsabilité devant l’histoire. C’est pourquoi, en tant que membres de cette institution, nous devons restaurer l’honorabilité et garantir la respectabilité du Parlement béninois autre fois modèle et école à travers le monde. Malheureusement, il est de la nature humaine que l’on guérisse de la maladie, mais non du caractère. Nest-ce-pas que la mauvaise habitude à la peau dure ? Sinon comment comprendre la gouvernance parlementaire actuelle qui patine à redonner au Parlement et aux parlementaires leurs lettres de noblesse malgré le poids de l’expérience de ses dirigeants qui semblent oublier qu’ils tiennent aujourd’hui une occasion inouïe de se racheter dans la mémoire collective pour ce qu’a été l’Assemblée monocolore ? En tout cas, il n’y aura plus jamais dans l’histoire de notre pays une Assemblée monocolore. Toute prévision diabolique qui y tiendrait verra le piégeur piégé.
Monsieur le Président, chers collègues ;
Notre cri de cœur de ce jour n’est pas celui de l’opposition parlementaire, mais un rappel à la responsabilité collégiale de tous les députés de la 9ème législature à sauver ce qui peut l’être encore, car un parlement vassalisé, clochardisé ne peut pas préserver la démocratie, un parlement affaibli ne peut pas jouer son rôle de contre-pouvoir. Le respect des droits des parlementaires est important pour garantir l’équilibre des pouvoirs. Ces principes basiques sont bafoués sous la responsabilité du président de notre institution. La mémoire collective des béninois retient que le parlement est sous ordre de l’exécutif. Comme si cela ne suffisait pas, c’est des cadres parlementaires de l’administration qui se donnent l’outrecuidance et l’indélicatesse de se jeter à bras raccourci sur les parlementaires de l’opposition pour leur faire la leçon, demander la censure de leurs propos tenus à l’hémicycle. Quelle horreur ? Est-il admissible qu’un prétendu porte-parole du président de l’Assemblée Nationale s’en prenne de mains moites à des élus qui ont pourtant agi suivant leurs prérogatives à l’hémicycle ? Où est l’amour entre collègues souhaité par vous ? N’est-ce pas là preuve de la haine agissante à l’encontre de l’opposition ?
Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale,
Honorables députés à l’Assemblée Nationale,
Chers collègues ;
l’indélicat porte-parole du président de l’Assemblée Nationale a obtenu de ce dernier les moyens financiers et matériels de l’Assemblée Nationale pour discréditer, vilipender ses collègues députés sur les réseaux sociaux et sur les télévisions. Sinon comment comprendre que monsieur le porte-parole du président qui émarge au budget de l’Assemblée Nationale ne soit pas rappelé à l’ordre jusqu’à date ?
Chers collègues ;
Si d’une seule voix, l’ensemble des députés de cet hémicycle nous ne nous insurgeons pas contre ces dérives qui prennent corps au parlement, on est en droit de se demander à qui le tour. On se rappelle que déjà une chargée de mission du même président a brayé sur les réseaux sociaux contre les propos d’un autre honorable député de l’opposition. Monsieur le Président, il faut que ça cesse, et tout de suite.
Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale,
Honorables députés à l’Assemblée Nationale,
Chers collègues ;
Comment ne pas saisir cette tribune pour nous incliner devant la mémoire du jeune Fayçal OUOROU, énième victime de la bavure policière le mardi 19 novembre 2024 à Parakou, laissant familles et communauté en émoi ? Il faut dire maintenant stop. Trop, c’est trop ! La police autrefois amie du peuple est devenue le bourreau du peuple. Quelle confiance peut-elle exister dans ces circonstances entre elle et les populations ? Qu’est-ce qu’une police a de républicain si elle se fait tueuse de la population quelle est censée protéger ?
Aujourd’hui, la recrudescence de ces bavures policières n’est pas fortuite. Elle pourrait bien être quelque peu la conséquence indirecte d’une réforme improvisée et mal opérationnalisée. A écouter le diagnostic du ministre de l’intérieur qui en conclut à une mauvaise organisation doublée d’un mauvais encadrement opérationnel des éléments sur le terrain et une désignation hasardeuse des agents sans tenir compte de leurs compétences et de la spécificité des missions, on pourrait se demander à qui la faute, Monsieur le Ministre. Comme si cela ne suffisait pas, le Directeur général de la police républicaine annonce à ses éléments leur formation en technique de Maitrise Sans Arme de l’Adversaire (MSAA). Quelle formation le Directeur de la police avait-il donné aux milliers de policiers chargés de notre sécurité ? On pourrait comprendre aisément à travers ses propos qu’ils sont formés uniquement à l’usage de leurs armes. Et c’est après plusieurs bavures et assassinats des citoyens innocents que le DGPR, sortant de son sommeil de lion, se rappelle qu’il faut introduire dans le curricula des formations des policiers la Maitrise Sans Arme de l’Adversaire. Sous d’autres cieux, cette déclaration suffirait à faire démissionner le DGPR pour incompétence, car on ne joue pas avec la vie de ses citoyens.
Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale,
Honorables députés à l’Assemblée Nationale,
Chers collègues ;
Le devoir d’honnêteté politique comme nous en avons la culture au parti LES DEMOCRATES nous amène à saluer la réaction du gouvernement dans ce dossier bien que tardive, car si les bavures passées avaient connu cette réaction, d’autres ne s’en seraient pas suivies. Afin que cet assassinat du jeune Fayçal sonne le glas des dérapages policiers, il urge que le gouvernement tire toutes les conséquences des défaillances de cette réforme pour remettre la police véritablement dans sa mission régalienne de gardienne de paix.
Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale,
Honorables députés à l’Assemblée Nationale,
Chers collègues ;
A quand la fin des intimidations politiques dans notre pays ? Il n’y a pas de jour sous la rupture où les libertés pourtant garanties à l’article 5 de notre Constitution ne soient violées. A la chaine, N’Dali a ajouté un nouveau maillon le dimanche 1er décembre où les militants du parti d’opposition LES DEMOCRATES, ont été encerclés et brutalisés par des militaires sous les ordres d’un certain commissaire, lui-même instrumentalisé par le maire de N’Dali. Il est inadmissible que les partis de la mouvance aient libre champ de mener leurs activités politiques en toute liberté distribuant des biens et octroyant de crédits en toute illégalité et qu’au même moment, un refus de s’organiser ou de se réunir soit opposé au parti de l’opposition. C’est le lieu d’appeler le maire de NDali qui n’est pas à sa première forfaiture à rebrousser chemin. L’autorité qu’il incarne est éphémère. Seul le peuple qu’il envoie les forces de l’ordre molesté et dispersé, a la légitimité éternelle.
Je vous remercie