« Tous nos projets sont allés à Allada », dixit
L’inondation, un défi majeur
Le site bientôt réaménagé par le gouvernement
Le chant des arbres soumis au gré du vent ne laissait entendre aucune mélodie vivifiante ce lundi 18 novembre 2024. La fine voie qui mène au domicile de la famille Jah à Ahozon dans la forêt classée pour bois de chauffe de Pahou donne un avant-goût des revers de la mort, il y a 7 mois environ, de Mère Jah Evejah, militante agroécologiste et panafricaine…
Les mauvaises herbes font désormais un avec la voie d’accès chez les Jah. Sur le site de la Forêt classée de Ahozon, elles enveloppaient les pieds et de part et d’autre de la voie, certaines, plus élevées, balayaient le visage. Un peu en retrait, on aperçoit deux habitats. Deux pièces qui servaient de centre de formation ou parfois de dortoir à la ressource humaine de la famille Jah. Plus loin, on distingue les anciennes salles de classe, désormais envahies, elles aussi, par les mauvaises herbes et partiellement submergées par l’eau, conséquence directe des débordements du lac Toho.
Dans l’une des pièces, un homme, la trentaine, balai en main, essayait de rendre son habitation propre. Une culotte blanche sur laquelle reposait une chemise, couvrait sa fine allure. Le regard perdu dans le lointain, il était absorbé par son travail. Tout en ce lieu qui a abrité le Centre d’expérimentation de valorisation de l’agro écologie, des sciences et techniques endogènes (Cevaste), laissait entrevoir le vide de la perte de Mère Jah.
« Ils ne sont plus ici. Ils sont désormais à Allada où a été inhumée Mère Jah », laisse entendre sa petite et hésitante voix. Que fait-il là ? Il y vit pour prendre soin des lieux. Seulement qu’à tout point de vue, l’espace donnait plutôt l’impression qu’à lui seul, il n’arrivera pas à l’entretenir. Notamment avec la crue qui a sorti le lac Toho de son lit et qui rend difficile le quotidien. Le problème de l’inondation en ce lieu est à prendre véritablement au sérieux.
Tous les projets ont été transférés à Allada
Joint au téléphone par les soins de votre Journal, Jah Ways, le responsable Administratif et Chargé des finances du Centre d’expérimentation de valorisation de l’agro écologie, des sciences et techniques endogènes (Cevaste), donne des détails. « Nous ne sommes plus là. Nous sommes à Allada. Notre déménagement a été un processus. Tous les projets ont été transférés à Allada. Puisque la Mère Jah se repose maintenant à Allada, le père Jah, en accord avec le reste de la famille, a choisi de rapprocher la famille et les projets de ce lieu symbolique », fait-il savoir. Ceci, poursuit-il, pour en faire un lieu de vie et de pèlerinage, pour respecter la mémoire de Mère Jah. « Ce déménagement permet aussi de faire du nouvel espace, un mémorial en hommage à Mère Jah et d’assurer la continuité de nos activités dans un lieu adapté », confie Jah Ways.
En effet, selon les propos de ce fils spirituel de la Mère Jah, le site de la forêt classée, bien que chargé d’histoires, est aujourd’hui marqué par un défi majeur : les inondations. « Le débordement récurrent du lac a rendu cet espace invivable, particulièrement en saison des pluies, compromettant les activités et le quotidien des habitants. Bien avant le décès de Mère Jah, la famille Jah et le gouvernement réfléchissaient déjà à une solution durable face à ce problème persistant d’inondation, qui menaçait les activités et la viabilité du site », relate-t-il.
Le site de la Forêt classée réaménagé
Toutes les activités de la famille Jah ont été certes transférées à Allada mais le site de la Forêt classée est toujours sous sa gestion et la famille Jah y tient encore quelques activités.
Toutefois, confie notre source, il sera prochainement réaménagé par les Eaux et forêts pour de nouveaux projets. « La famille reste déterminée à collaborer avec le gouvernement pour que l’esprit écologique et les valeurs portées par Mère Jah continuent de rayonner. Nous sommes prêts à travailler en synergie avec le gouvernement pour préserver et promouvoir ces idéaux qui nous tiennent à cœur. Nous espérons que cet espace, empreint d’histoires et de combats pour la nature, continuera à porter l’héritage de Mère Jah. Que cet esprit, profondément ancré dans la défense de l’écologie et la valorisation des savoir-faire endogènes, guide les actions futures sur ce site et ailleurs », manifeste Jah Ways.
Il était une fois, la Mère et le Père Jah, doit être un nouveau chapitre inscrit au programme.
Cyrience Fifonsi KOUGNANDE