La Coalition des épouses d’anciens présidents d’Afrique sera bientôt sur les fonts baptismaux. Au Bénin, dans le cadre de la tournée africaine pour faire connaître l’initiative, Fatmata Nippe Momoh, la veuve de l’ancien président de la Sierra Léone, Joseph Saidu Momoh, a rencontré la presse pour faire part des tenants et aboutissants de cette coalition.
Le constat est frappant. En Afrique, quand un président quitte le pouvoir, il garde le statut d’ancien président avec les avantages y afférents. Mais que deviennent les femmes des anciens présidents ? Dans le pire des cas, quand le président a été renversé par un putsch militaire, ce sont les épouses qui subissent le contrecoup. Les avoirs et biens du président déchu sont confisqués, sa femme et ses enfants n’ont accès à rien. Ils vivent dans le dénuement, obligés de frapper à des portes qui ne s’ouvrent pas, dans la plupart des cas. C’est le constat fait par Fatmata Nippe Momoh, la veuve de l’ancien président de la Sierra Léone, Joseph Saidu Momoh. Mais elle n’est pas la seule. Lors d’une visite à Andrée Touré, la veuve d’Ahmed Sékou Touré, le père de l’indépendance de la Guinée Conakry, elle fait le même constat. Andrée Touré a 91 ans aujourd’hui. Et depuis 40 ans, tous les biens de son mari sont bloqués. Ce n’est qu’à l’arrivée de l’actuel président Mamadi Doumbouya que les choses évoluent petit-à-petit. Fatmata Nippe Momoh se rend compte que les difficultés des épouses des anciens présidents sont les mêmes partout en Afrique. Ainsi, nait l’idée d’une Coalition des épouses d’anciens présidents d’Afrique. Elle entend donc réunir toutes les femmes des anciens présidents dans un creuset. Pas seulement les Premières dames, toutes les femmes des anciens présidents parce qu’il y a certains chefs d’Etat qui ont 2, 3 femmes. Avec d’autres femmes, Fatmata Nippe Momoh entamera une tournée africaine qui l’a conduit au Mali, au Sénégal, en Côte d’Ivoire, au Bénin… En Côte d’Ivoire, en plus de partager avec l’ancienne Première dame, Simone Ehivet Gbagbo, les mêmes problèmes, il y a une particularité avec elle. Simone Gbagbo est divorcée d’avec Laurent Gbagbo. Mais ce dernier a toujours le statut d’ancien chef d’Etat avec les commodités qui vont avec. L’ancienne première dame, elle, n’a rien. Dès lors, toutes les femmes d’anciens présidents rencontrées ont adhéré à l’idée de former cette coalition. Enfin, quelqu’un se souvient de nous, semblent-elles dire. Chaque pays, c’est la même histoire, les femmes d’anciens présidents pleurent. « Certaines ont dit qu’elles ont écrit jusqu’à dix fois pour plaider leur cause, faire une demande mais elles n’ont jamais eu de réponse. Il y en qui n’ont rien à manger. Et elles ne peuvent pas aller demander dans le voisinage. On ne les croit pas. Quand tu es femme d’ancien président, les gens pensent que tu as un conteneur rempli d’argent caché quelque part. Si tous les biens de ton mari sont bloqués, où est-ce que tu vas trouver l’argent pour manger, envoyer les enfants à l’école ? » se demande Fatmata Nippe Momoh.
Objectifs de la Coalition
Ainsi, la Coalition des épouses des anciens présidents se veut une plateforme de discussions sur les questions affectant les épouses des anciens présidents. Elles vont se soutenir mutuellement, faciliter les rencontres avec les présidents en exercice, leur offrir des conseils et les inciter à soutenir les familles des anciens présidents. Ce qui inclut l’institution de pensions appropriées, honorer l’héritage et le respect des droits de ces femmes. A cet égard, Fatmata Nippe Momoh pense que les actuelles Premières dames ont un rôle crucial à jouer dans cette coalition. « C’est à elles de conseiller les présidents en exercice afin qu’ils ne maltraitent pas l’opposition. Parce que si tu persécutes l’opposition, quand ce sera le tour de l’opposition de prendre le pouvoir, la même chose va t’arriver. Et ce sont les Premières dames d’aujourd’hui qui en souffriront le plus à leur tour. Si tu donnes la paix à l’opposition, quand tu ne seras plus au pouvoir, tu auras aussi la paix et tout ton entourage aura également la paix », conseille la veuve de l’ancien président de la Sierra Léone.
Bertrand HOUANHO