Alors que les bavures policières et interpellations fantaisistes continuent de dicter leur loi aux citoyens béninois, le gouvernement de Patrice Talon en général et l’administration policière en particulier peinent à remédier à ce fléau. Même les caméras piétons, annoncées depuis près de deux ans par l’exécutif pour un début de solution à ce problème sont restées lettre morte.

Un décès tragique de plus ! Loin d’un accident de la circulation ou de causes floues, un jeune béninois a encore perdu la vie, faute du zèle de certains agents en uniforme de la police républicaine. Bien qu’elle soit dite désormais républicaine, cette bavure sur le jeune Fayçal Ouorou Gani Samba qui rallonge la liste des décès dus à la barbarie démontre à foison que la police peine parfois à convaincre de ce caractère républicain. S’il a fallu des grognes et indignations dans le rang des citoyens depuis la nuit du 18 au matin du 19 novembre où le jeune étudiant de la vingtaine, battu à mort pour n’avoir pas déverrouillé son téléphone portable aux agents de la police en patrouille, d’après les témoignages, l’institution policière a attendu plusieurs jours avant de reconnaître ce crime de plus. « Au cours de cette interpellation qui n’a pas été conduite dans les règles de l’art par l’équipe de fonctionnaires de police commis à cette mission de sécurité, ce citoyen a malencontreusement perdu la vie », lit-on à travers une note, cinq jours après cet incident tragique. Même si l’on apprend la mise en arrêt de rigueur des policiers en cause et l’ouverture d’une enquête pour situer les responsabilités, il n’en demeure pas moins que le bout du tunnel est encore loin d’être perceptible. D’autant plus que dans un passé récent, des actes du genre et d’autres violences sur les citoyens se sont soldés par des jugements au goût d’inachevé. Pis, d’autres décès, comme celui du jeune Martin Hounga abattu à Hêvié par cette même police républicaine, n’ont d’ailleurs pu jamais être élucidés. Dans cette condition où l’indignation devient de plus en plus grandissante pour un pays pourtant empreint de menaces terroristes, la cohabitation entre police et civil laisse à désirer.

Les caméras piétons attendues en vain…

Si l’exécutif est bien conscient de cette crise de confiance entre la Police républicaine et les citoyens, c’est parce qu’il juge comme dans l’opinion que ces interpellations manquent de jugeote et de dextérité. Pour apporter un début de solution à cette situation qui risque d’entraîner le pire si rien n’est fait, Patrice Talon et son équipe avaient annoncé pour le bonheur des populations, l’acquisition de caméras piétons. « Le gouvernement a décidé de l’acquisition de 500 cameras piétons au profit de la police et de la douane. Ces équipements sont destinés au renforcement de la sécurité des personnes et des biens ainsi qu’à la présentation des incidents au cours des interventions des agents de la police et de la douane », renseignait le compte-rendu du Conseil des Ministres du 1ᵉʳ février 2023. Mieux, un mois plus tard, le Porte-parole du gouvernement était même revenu sur cette même question, avec plus de précisions. À en croire Wilfried Léandre Houngbédji lors d’une rencontre avec la presse, toutes ces caméras seront reliées à une base, une centrale qui va recueillir les images qui vont venir du terrain. L’usage de ces caméras-piétons par la police et la douane va, renseignait l’homme, instaurer une nouvelle dynamique sur les voies. « Demain, un agent de police ou un douanier qui va faire une constatation, le citoyen vers qui il va, aura l’avantage que tout ce qui est dit est filmé. Si demain, il va se plaindre contre le policier ou le douanier pour un quelconque abus, les images seront là pour faire foi », annonçait-il. Seulement, force est de constater que près de deux ans plus tard, rien n’en est. Pas de caméras sur les policiers. Ainsi, les violences et les abus peuvent continuer sur les citoyens interpellés. Pendant donc que l’exécutif prend son temps à rendre opérationnelle cette mesure pourtant bien accueillie dans l’opinion, les interpellations continuent de virer aux décès. En l’absence donc de mesures dissuasives palpables, certains policiers béninois peuvent commettre des bavures. Et ce, au grand dam de la coproduction de la sécurité.

M.M

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