Après Reckya Madougou, c’est au tour de Joël Aïvo de bénéficier d’une décision du Groupe de travail sur la détention arbitraire (Gtda) du Conseil des droits de l’Homme des Nations unies qui demande illico-presto sa libération. Reste à savoir si ce n’est pas une décision de plus, quand on sait que Patrice Talon et son gouvernement n’ont pas toujours été disposés à appliquer les décisions dérangeantes.

Le Gtda dézingue à nouveau la justice béninoise. Dans un avis datant du 15 août 2024, il a exigé cette fois-ci la libération de l’opposant Joël Aïvo, incarcéré depuis la Présidentielle de 2021. Condamné à dix ans de prison pour blanchiment de capitaux et atteinte à la sûreté de l’État, le célèbre constitutionnaliste ne bénéficie pas, depuis lors d’aucun traitement particulier de faveur, dû peut-être à sa notoriété ni à son rang. Dans son avis, le Gtda confirme, comme de nombreux béninois, que sa détention est arbitraire et, de surcroît, viole une kyrielle d’articles de la Déclaration universelle des droits de l’homme.

En vertu donc du droit international en la matière, le Groupe réclame sa libération d’office, mais également une indemnisation financière en sa faveur. Si cette décision n’étonne d’ailleurs pas grand monde, c’est parce que dans l’opinion, son arrestation jusqu’à son procès a été perçu comme un vrai canular. Puisque lors de ce procès, comme le souligne le Gtda, les éléments probants en guise de preuves irréfutables n’ont pas été apportés par la justice pour plomber Joël Aïvo.

Désormais qu’elle est dite, la seule question qui taraude les esprits est de savoir si l’exécutif béninois va s’y plier. Quand on sait qu’il n’a d’ailleurs pas coopéré dans le cadre de ce travail du Groupe ayant abouti à cette résolution, il est difficile de dire, avec exactitude, si Patrice Talon et son équipe seront attentifs à cette résolution. Déjà que cet exécutif s’est toujours montré indifférent face à certaines décisions de justice l’incriminant, il n’est pas illusoire de penser que cet avis ne sera qu’un de plus.

L’autre chose qui motive davantage ce point de vue, c’est qu’une décision similaire a déjà été rendue en la faveur de l’opposante Reckya Madougou condamnée à vingt ans de prison pour terrorisme. Seulement que le gouvernement béninois, comme à l’accoutumée, n’a jamais été en mesure de la respecter, tout comme d’autres arrêts des juridictions internationales et sous-régionales. Alors donc qu’elle devrait réjouir, le risque que cette décision qui n’est qu’un secret de polichinelle soit à son tour rangée et oubliée est grand. À moins que Patrice Talon et son équipe fassent exception. Eux qui ont, pour le cas du Niger, été subitement prompts face aux décisions de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et de l’Union économique monétaire Ouest africaine (Uemoa).

J.G

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