(30% de taux de réalisation du PTA au troisième trimestre, selon l’Unadib)
Des bruits de bottes se font entendre au ministère des affaires étrangères. L’Union nationale des diplomates du Bénin (Unadib) exprime son mécontentement quant à la gestion du dialogue social et déplore une mauvaise performance. Dans un entretien accordé à votre journal, Vincent Abalo, Président de l’Union déplore un faible taux de réalisation du Plan de travail annuel (Pta) qui serait de 30% au troisième trimestre. Lire son entretien !
Ca grogne depuis peu au Ministère des Affaires étrangères. L’Union nationale des diplomates du Bénin (UNADIB) dont vous êtes le Président a même haussé le ton à travers un communiqué. Que dénoncez-vous concrètement ?
L’Union nationale des diplomates du Bénin dénonce l’inaction du Ministre Olushegun ADJADI BAKARI et de son Cabinet dans la gestion du dialogue social au sein du Ministère des Affaires étrangères. Plutôt que de se retrouver autour d’une table de négociations avec l’UNADIB, l’Autorité a choisi de privilégier la voie de l’intimidation et des représailles vis-à-vis du personnel et des responsables syndicaux, en violation, bien évidemment, des textes qui encadrent le dialogue social au sein des structures de l’administration publique.
La publication de l’UNADIB à laquelle vous vous référez ne fait que peindre le tableau social du Ministère, un an après la mise en place par le Ministre BAKARI de son Administration. C’est aussi l’occasion pour l’Union de lui rappeler qu’il urge de prendre les mesures nécessaires pour répondre de façon responsable aux justes et légitimes préoccupations du personnel inscrites dans sa plateforme revendicative et dont les plus pressantes concernent :
– la restauration de l’administration pour mettre un terme aux frustrations causées par des nominations aux postes de responsabilité en violation du principe de la hiérarchie ;
– l’amélioration des conditions de vie et de travail du personnel du Ministère, et
– la relecture du décret portant statut particulier du personnel des affaires étrangères du fait de sa vétusté (26 ans) mais aussi de l’abrogation de la loi 086-013 qui en est le soubassement juridique.
Avez-vous menez des démarches pour vous faire entendre par l’autorité ministérielle ?
L’UNADIB a mené les démarches nécessaires auprès du Ministre pour l’ouverture des négociations autour de sa plateforme revendicative qui lui a été transmise le 17 juin 2024. Parallèlement à cette démarche, le Bureau exécutif de l’Union a saisi le Secrétaire général du Ministère, Président de la Commission administrative paritaire (CAP), par une correspondance de l’UNADIB en date du 21 juin 2024, aux fins de la convocation d’une session extraordinaire de la CAP pour l’examen de ladite plateforme revendicative.
Je voudrais signaler que conformément aux mesures règlementaires qui encadrent le dialogue social le Secrétaire général dispose à compter de la date à laquelle il a été saisi, d’un délai de huit (08) jours pour convoquer la session de la CAP pour statuer sur la préoccupation qui lui est soumise.
Mais, depuis lors et en dépit de toutes les concessions faites par le Bureau exécutif, l’Administration n’a montré aucune volonté de négociation. A contrario, elle multiplie les actes d’intimidation et de représailles, faisant ainsi peser de lourdes menaces sur les libertés syndicales et la paix sociale déjà fragilisée au Ministère des Affaires étrangères.
Vous parlez également des actes menaçant les libertés syndicales
Face à la pression de l’UNADIB, l’Administration a orchestré une campagne punitive de distribution tous azimuts de demandes d’explication. Aux termes des comités disciplinaires organisés, il apparaît clairement que seuls les responsables syndicaux sont visés.
Le cas le plus regrettable de cette tyrannie qui s’installe est la demande d’explication adressée au Vice-président de l’UNADIB sur instruction du Ministre, à la suite de l’intervention de ce dernier au cours de l’Assemblée générale du personnel organisée le 5 septembre 2024. A cette occasion, le Ministre lui a fait écouter en présence du Secrétaire général du Ministère et de la Directrice de Cabinet, un enregistrement sonore de ladite Assemblée générale obtenu à l’insu du Bureau exécutif et du personnel y ayant pris part.
L’UNADIB n’a pas manqué de protester à travers un communiqué de presse contre cette pratique illicite contraire au droit de réunion pacifique et qui viole toutes les dispositions législatives et règlementaires ainsi que les conventions internationales sur la liberté syndicale auxquelles le Bénin est Partie.
Et comme il fallait s’y attendre, cette situation impacte sérieusement les performances du Ministère qui se retrouve avec un taux d’exécution du PTA le plus bas de son histoire à la même période, soit moins de 30%. Des activités phares se trouvent bloquées dans leur exécution pour la simple et unique raison que les agents ou cadres en charge de leur mise en œuvre sont des responsables de l’UNADIB ou identifiés comme étant proches d’elle.
Pouvons-nous savoir à quelle date a-t-on enregistré ce taux de réalisation du PTA ?
Au troisième trimestre de l’année…
Il est également reproché à l’Autorité de bloquer l’envoi des cadres en poste parce qu’ils sont membres de l’Unadib ? Comment cela est-il possible ?
Les affectations en poste sont régies par le décret 2017-434 du 10 août 2017 portant définition des fonctions, rationalisation de la gestion des effectifs et des affectations des diplomates dans les postes diplomatiques et consulaires, mais l’Autorité s’en est écarté et a décidé d’introduire le critère de maîtrise de la langue anglaise. S’agissant de la non affectation des personnes membres ou proches de l’Unadib en poste, il revient à l’Administration de nous dire par exemple pourquoi, sur les douze agents recrutés en 2015 et qui attendent tous d’être affectés, les trois (03) qui l’ont été se trouvent être uniquement des assistants du Secrétaire général du ministère et de la Directrice de Cabinet ?
L’Unadib compte au sein de son Bureau et parmi ses sympathisants, des agents de cette promotion qui n’ont pas été affectés.
Et pour en rajouter une couche, il se trouve qu’à date, une activité phare inscrite au PTA du Ministère et relevant d’une structure dont le Président de l’Unadib est en charge n’a toujours pas été réalisée alors qu’il a accompli les diligences nécessaires depuis le mois de juin 2024.
Est-ce que vous confirmez que les listes d’affectations ont été modifiées pour retirer des agents au motif qu’ils sont membres de l’Unadib ?
L’Autorité peut-elle jurer avoir signé la première mouture de la liste d’affectation qui lui a été soumise ? L’unadib s’est exprimée sur les affectations en poste et a transmis ses observations assorties de propositions à l’Autorité mais qui sont restées sans suite.
Concernant la Commission administrative Paritaire, selon certaines sources, il semble que les autres syndicats se sont opposés à l’entrée de l’unadib. Qu’en dites-vous ?
Il ne revient pas à un syndicat de constituer une CAP ou d’en désigner les membres. Dans le cas qui nous concerne au Ministère des Affaires étrangères, elle a été constituée en violation des dispositions de l’article 34 de la loi n° 2015-18 du 1er septembre 2017 portant statut général de la fonction publique, celles de l’article 11 du décret n° 2019-457 du 16 octobre 2019 portant attributions, organisation et fonctionnement des Commissions administratives paritaires, ainsi que celles de l’article 3 du décret n° 2020-458 du 23 septembre 2020 portant différentes formes d’organisations syndicales de travailleurs et critères de leur représentativité en République du Bénin.
L’organisation d’élections professionnelles étant le moyen légal pour déterminer les syndicats représentatifs et aptes à siéger au sein de cette structure au MAE, l’Unadib, dans sa correspondance n° 25-24/UNADIB/B3/P/VP/ SG/TG/SE du 17 juillet 2024, avait déjà contesté la légalité de l’actuelle CAP et a invité le Secrétaire général du Ministère à en tirer les conséquences juridiques qui en découlent, aux fins d’engager le plus tôt possible les actions nécessaires en vue de se conformer aux dispositions pertinentes sus évoquées.
Si vous avez à adresser un message à l’Autorité ministérielle, que direz-vous pour plaider…
On ne peut pas être à la tête d’un Ministère des Affaires étrangères et être réfractaire au dialogue et à la négociation. L’UNADIB, en tout état de cause, ne compte pas en rester là et mettra tout en œuvre pour obtenir la satisfaction des points inscrits contenus dans sa plateforme revendicative. Je saisi cette opportunité qui est offerte à l’UNADIB pour annoncer qu’elle organisera dans les jours à venir une rencontre avec la presse pour éclairer l’opinion sur les légitimes préoccupations du personnel du MAE.
