Après deux opérations pour enlever le polype nasal, notre anonyme n’est plus prête pour une troisième intervention. Pourtant le mal est là avec son lot de galères…

La présence de polypes peut provoquer divers symptômes gênants, tels que congestion nasale, perte de l’odorat, et douleurs faciales, affectant significativement la qualité de vie. Maladie inflammatoire chronique des voies respiratoires supérieures, les polypes nasosinusiens sont des tumeurs de consistance molle, des formations fréquentes qui ont une forme de goutte et qui se forment autour des ouvertures des cavités sinusiennes.

« Quand on parle de polype, c’est ce que le médecin voit mais de quel polype s’agit-il ? Le médecin ne le sait pas à l’œil nu. Il peut avoir des présomptions que c’est une lésion bénigne, c’est-à-dire que ce n’est pas une lésion cancérigène. Selon aussi le mode agressif, la tendance à éroder, à s’étendre ou la présence de ganglions, il peut déduire que c’est probablement une lésion maligne mais il ne peut pas connaître quel est le nom exact de la lésion. Il a besoin de faire des prélèvements ou de faire l’intervention avant de s’adresser à celui qu’on appelle un anatomopathologiste différent du chirurgien. Lui, il s’occupe de revoir la pièce opératoire avec un microscope pour voir comment sont les cellules qui composent le tissu qui est le polype. Il va l’examiner au microscope simple d’abord en faisant des grossissements pour voir comment est-ce que les cellules se présentent, est-ce qu’elles sont déformées, est-ce qu’elles se multiplient de manière anarchique, est-ce qu’elles respectent les limites entre elles parce qu’il y a le tissu superficiel, le tissu profond et il y a des limites qu’on observe. Est-ce que les cellules se mélangent entre-elles ?. Le pathologiste va voir tout ça et va pouvoir nous dire s’il peut déjà donner la nature de la lésion. S’il ne le peut pas, il va faire des colorations. Il peut aussi faire des dosages ; dans ce cas, on parle d’immunohistochimie. C’est tout ça qui va lui permettre d’identifier quelle est la lésion exacte que le malade a », explique l’Otorhinolaryngologiste, Dr Senamin Agossou.

« Malheureusement, quand on finit l’intervention et qu’on a vidé la cavité, l’Africain ou le Béninois n’aime pas qu’on lui dise par exemple qu’il y a des soins complémentaires. Soit, il n’en a pas les moyens soit, il a la crainte parce que déjà pour lui, accepter se fait opérer est une expérience extraordinaire », poursuit-il. En effet, évoque le Spécialiste, « A cause de cette nature histologique, on peut être amené à repartir sur le site opératoire pour reprendre l’intervention, à l’élargir ou à faire des soins complémentaires c’est-à-dire la radiothérapie, la chimiothérapie ou une surveillance endoscopique et c’est cette surveillance endoscopique qui permet de savoir si la lésion revient ou pas. Parfois, on est pris à défaut parce que soit, on n’est pas outillé avec les endoscopes qu’il faut pour regarder, soit parce que les malades sont épuisés financièrement et ne reviennent pas. Quand on finit l’intervention, ils prennent la pièce opératoire avec le bon. Mais souvent, quand ils rentrent, ils enterrent la pièce opératoire pensant que c’est fini. Alors même que la lésion continue d’évoluer sur le site où c’était implanté ».

Aux dires de l’Otorhinolaryngologiste « Dès fois, quand il y a l’immunohistochimie, il faut envoyer la pièce hors du Bénin. Le temps d’amener la pièce en France ou en Belgique et de ramener les résultats, la lésion peut revenir et le malade n’a plus envie de se faire opérer.  Des fois, il ne comprend pas que la solution c’est de se faire opérer parce que cette lésion est comme ça.  Elle va revenir de toute façon. Or, il faut permettre au malade d’avoir une bonne qualité de vie, d’avoir une bonne respiration. Toutes les maladies ne sont pas curables malheureusement et il est difficile de faire entendre ça à un être humain. Par ailleurs, le poids de l’intervention tant financièrement, physiquement que psychologiquement n’est pas toujours facile ».

De la mauvaise haleine et odeur corporelle

Entre autres misères du polype nasal, c’est qu’il déteint sur l’haleine et l’odeur corporelle du malade. « …Ce sont des sécrétions naturelles qui doivent s’écouler des cavités nasales vers l’extérieur pour permettre l’évacuation des microbes. Mais une fois que l’évacuation ne se fait plus parce qu’il y a un obstacle lié aux polypes, les narines sont bouchées ce qui permet aux microbes de se multiplier et par ce fait de produire du pus, un mélange fait de microbes et de globules blancs », fait comprendre Dr Senamin Agossou. La solution, selon ses propos, c’est d’évacuer les sécrétions ou de les aspirer, de laver le nez et d’être peut-être sous antibiotique ; de désobstruer la narine en enlevant le polype chaque fois que ça revient. Car, c’est le cycle de cette maladie.

Cyrience Fifonsi KOUGNANDE

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