Vendredi 04 octobre 2024, à l’espace culturel Le Centre, les cinéphiles n’ont pas boudé leur plaisir. Le cinéma béninois était à l’honneur avec le film «L’Argile», un long métrage du réalisateur Arcade Assogba. Pendant plus d’une heure, le public, qui a fait massivement le déplacement, a eu l’occasion d’apprécier une fois encore le talent de grands noms du cinéma béninois.
Ecrit par Jean Odoutan, le film «L’Argile» est une coproduction de 45rdlc (France) et Tabou-Tabac Films (Bénin). Il lève le voile, avec une note d’humour, sur diverses réalités béninoises, met l’accent sur les attraits touristiques et culturels de la ville de Ouidah. John, revenu de France, compte s’installer durablement dans L’Argile, un secteur de la ville de Ouidah, où il développe un festival international de film. Sa femme française et ses enfants ne sont pas prêts pour un tel retour au bercail. Sur place, John tombe sous le charme de Ludivine, la Fée Argile, presque célibataire et enceinte d’un autre. Rester ou partir ? Tel est la trame du film «L’Argile». C’est un film d’une heure 10 minutes, sorti en 2023, dans lequel ont joué Jean Odoutan, Nathalie Hounvo-Yèkpè, Marcel Padey, Michel Tonou, Eliane Chagas, Didier Nasségandé, Jaurès Dégbey, Akala Akambi, feu Professeur Roger Gbégnonvi, Carole Lokossou, Claude Balogoun, James Salanon, Cokou Yémandjè. Un échange avec le réalisateur a permis au public de poser des questions sur les difficultés du tournage, le message qu’il a voulu passer, etc.
Aux dires de Arcade Assogba, «L’Argile» aborde la thématique du retour, après la fuite des cerveaux. « C’est quelqu’un qui est rentré de France et qui ne voit son avenir que dans L’Argile. On va découvrir dans son regard un certain nombre de complexités auxquelles il ne s’attendait pas par rapport à sa propre culture. C’est un film qui pose la question de ce retour au pays qui ne s’est pas toujours passé de façon angélique comme on aurait pu penser. C’est aussi un film qui parle de filiation, l’enfant appartient à qui dans nos sociétés. Un film qui a une dimension très culturelle, qui met en avant l’histoire des jumeaux chez nous. S’il y a quelque chose qui nous caractérise en tant que Béninois, et du sud Bénin en particulier, c’est cette relation qu’on a avec les jumeaux. La jumelle qui est partie est représentée par une statuette que l’autre doit porter toute sa vie » laisse entendre le réalisateur Arcade Assogba. Animé par un sentiment de fierté, il se dit très satisfait du public qui est resté jusqu’au bout, dans un décor de plein air. Même satisfaction de la part de l’acteur James Salanon, un grand nom du cinéma béninois. « La soirée a été très bonne. C’est ma première venue ici et j’adore le coin. C’est un plein air, on écoute bien, on vit bien le film. On a envie d’être tout le temps ici pour les projections les plus nobles », a-t-il souligné.
L’espace culturel Le Centre ravive la culture cinématographique au Bénin
Revenant sur le motif du choix du film «L’Argile», le Directeur de l’espace culturel Le Centre, Berthold Hinkati, a laissé entendre que quand le réalisateur Arcade Assogba a fait sortir son film, il y a eu l’avant-première, et les échos étaient très bons concernant la qualité du film. « Après l’avoir visionné, j’ai constaté que ça répondait à nos critères de sélection, un film qui fait la promotion des vestiges du Bénin en particulier, de l’Afrique en général. Il était important pour nous de faire visionner ce film à nos cinéphiles ». Et le public a répondu présent puisqu’aux dires de Berthold Hinkati, il n’y avait pas que les cinéphiles d’Abomey-Calavi et Cotonou. Les gens sont venus de Porto-Novo, de Ouidah juste pour voir le film. La preuve, selon lui, que quand on fait la programmation d’un film béninois, les populations sont intéressées. « De plus en plus, l’espace culturel Le Centre reste dans le cœur des habitants du Bénin en général en parlant de tous les arts et du cinéma en particulier parce qu’on ne trouve plus des espaces de diffusion des films alors qu’il y a quelques années, ce n’était pas le cas. Nous sommes véritablement en train de raviver la culture cinématographique au Bénin », va-t-il conclure.
Bertrand HOUANHO