Le film ‘’Ako’’ est le tout premier projeté sur les écrans dès la levée des rideaux de la quatrième édition des rencontres cinématographique de Cotonou ‘’Recico’’. C’est un film dont le mérite s’affiche nettement aux côtés de quelques réglages techniques défaillants.
Le film du choc esthétique. Réalisé par Camille Sègnigbindé, ce film, comme l’indique son titre en langue fongbé, une langue beaucoup plus articulée dans la partie méridionale du Bénin, retient l’attention sur les panégyriques claniques, leur utilité et fonction dans le vécu des communautés familiales au Bénin. A ce titre, on retient tout simplement qu’il s’agit d’une réalisation cinématographique, sinon d’un film documentaire dont la protée est, au-delà de tout, didactique, c’est-à-dire instructive. Puisqu’ayant fait intervenir des sachants à l’image du professeur Bienvenu Akoha et son alter ego, Dodji Amouzouvi de l’Université d’Abomey-Calavi ainsi que d’autres personnes ressources des contrées reculées du Bénin notamment les dames déclameuses de panégyrique de la cité royale d’Abomey, connues sous la dénomination de ‘’Nan’’. Cependant, il est clairement affiché que ce film, ou du moins son réalisateur, Camille Sègnigbindé s’est parallèlement assigné un autre objectif, celui de permettre aux jeunes et à la postérité de découvrir la teneur en termes de richesses stylistiques et culturelles au travers des textes qui constituent les différents panégyriques. C’est un film très riche en termes de connaissance sur les panégyriques et leurs rôles au Bénin. On perçoit à travers l’intrigue que c’est un outil social sinon sociétal qui opère sur l’individu de chaque communauté une sorte de magie d’apaisement et d’adoucissement de l’âme. Pour Camille Sègnigbindé, c’est un vaste projet dont ce film n’est que l’ébauche, puisque d’autres réalisations prendront en compte toutes les autres parties du Bénin, va-t-il confier.
Et c’est tout le mérite de ce film…
Sinon, le choix du décor, en ce moment le Bénin est dans une dynamique de mettre sur orbite sa destination afin de la rendre compétitive, semble être fait sans un coup d’œil sur ce contexte combien important. En effet, on peut bien comprendre la préoccupation du réalisateur de vouloir rester dans une approche d’authenticité et de vouloir restituer les restes d’un patrimoine sinon d’une cité pétrie d’histoire qui est peut-être à l’origine de la création de ces panégyriques claniques. Cependant, la démarche technique dans la réalisation de ce film a perdu de vue le fait que, chercher à révéler ses origines au monde à travers le 7ème art, c’est l’acte le plus engagé qui n’ait jamais existé et que cela devrait, a priori, se préoccuper de la création de richesse à travers la curiosité que les images susciteraient au niveau du cinéphile. Encore que, les palais royaux de la cité historique d’Abomey, au jour d’aujourd’hui, ont un nouveau visage avec la réfection à grande échelle qui s’opère au niveau des palais royaux au Bénin. Et même si le Copyrith de ce film sans effets spéciaux destinés aux films documentaires, date du temps de Mathusalem, on peut tout au moins espérer ou compter sur la grâce de la nouvelle technologie pour que les nouvelles images qui peuvent vendre la destination Bénin puissent figurer ou carrément habiller tout le déroulé du film. Mieux, et c’est cela aussi la force et l’utilité du 7ème art, il doit permettre au peuple de faire sauter à l’œil les réalités qui lui sont chères, ce que le réalisateur a bien compris. Sauf que sur les écrans tout communique. Et ce qui parle moins au cinéma mais qui dit plus qu’il n’en faut sur l’image, l’âme et la vie d’un peuple, ce sont les images muettes ou témoins. Et lorsque dans le film ‘’Ako’’, qui est appelé à voyager à travers le monde, il est carrément imposé aux regards les murs lézardés couverts de moisissures et d’herbes rampantes des vieilles bâtisses croulantes des palais royaux de la grande et légendaire cité historique d’Abomey, aujourd’hui entièrement rénové, cela déteint de manière fâcheuse sur l’image de la destination Bénin qui répond progressivement aux normes touristiques mondiales. Aucune œuvre humaine n’étant parfaite, l’urgence de redressement s’impose pour le bien être de la destination Bénin.
Teddy GANDIGBE