« Seuls les Béninois vont résoudre les problèmes béninois »

Il est de coutume qu’à la veille de chaque élection, une délégation de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) rencontre les partis politiques de la Mouvance présidentielle comme de l’Opposition afin de recueillir leurs observations pour un processus apaisé. Si d’habitude, du côté des partis de la Mouvance, il n’y a presque pas de griefs, ce n’est pas le cas dans le cas d’en face. Souvent, l’Opposition énumère une kyrielle de conditions à satisfaire par le chef de l’Etat et les partis qui le soutiennent pour un scrutin inclusif. Actuellement au Bénin, la pomme de discorde reste le Code électoral. L’Opposition a partagé ses inquiétudes avec la Délégation de la Cedeao, mercredi 18 septembre 2024, sur le Code électoral qu’elle juge « exclusif ». Ce texte, qui durcit les conditions de participation aux scrutins municipaux, législatifs et présidentiels, fait d’ailleurs l’objet d’une plainte déposée par cinq juristes béninois auprès de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (Cadhp). Même s’il n’existe pas de Code électoral qui requiert l’unanimité de tous, celui devant régir la Présidentielle de 2026 bat tous les records de contestation.

Déjà en 2019 et 2021, le Code électoral était perçu comme un instrument d’exclusion. La suite, aucun parti d’Opposition n’a été aux législatives de 2019 et en 2021, les principaux candidats de l’Opposition à la Présidentielle ont été recalés. Des échauffourées ont éclaté suivies d’arrestation, de tires à balle réelle qui ont coûté la vie à des Béninois. Avant ces scrutins, une mission de la Cedeao avait pourtant rencontré les partis politiques notamment ceux de l’Opposition qui avaient donné l’alerte sur le risque d’une menace à la paix, si les élections n’étaient pas inclusives. Mais rien n’y fit. Au soir de ces élections jugées non inclusives, ce sont les observateurs de la Cedeao et de l’Uemoa qui, les premiers, ont donné leur caution à ces scrutins avec la phrase magique : « Tout s’est bien déroulé, sans incidents majeurs ».

On y est encore à quelques mois de la Présidentielle de 2026. Alors qu’on pensait que le régime de la Rupture, compte tenu des incidents malheureux de 2019 et 2021, allait revoir sa posture et alléger un peu plus les conditions de participation aux élections de 2026, le Code électoral a été encore plus corsé. L’opposition, une fois encore, s’en est plaint à la Délégation de la Cedeao mais tout en sachant que cela n’aura aucun impact sur le processus, en absence d’une volonté politique évidente pour la révision du Code électoral. Pour Apollinaire Avognon, président de la Nouvelle force nationale (NFN), cela ne fait l’ombre d’aucun doute. « La Cedeao n’apportera pas la solution aux problèmes du Bénin, seuls les Béninois vont résoudre les problèmes béninois », a-t-il laissé entendre lors des discussions avec la Délégation de la Cedeao. Si tout le monde convient de cela, ces rencontres à la veille de chaque élection qui ont pour but d’anticiper les conflits post-électoraux se révèlent de simples formalismes. Elles ne règlent rien du tout.

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