Carlos Sodokpa, artiste photographe béninois de 28 ans présente son exposition « Entre nous » à l’Institut français de Cotonou jusqu’au 2 novembre 2024. Cet assistant de l’artiste plastique à la renommée internationale Dominique Zinkpè, en dit un peu plus sur son travail.

Matin Libre : Vous présentez votre première exposition en solo à l’Institut français de Cotonou. Qu’est-ce que cela vous fait ?

Carlos Sodokpa :  La première fois que je présentais mes photos, c’était au musée de la Femme au Sénégal. C’était une exposition collective, on était 15 artistes photographes venus de différents pays. Je me demandais quand est-ce que j’aurais la chance d’avoir une exposition consacrée uniquement à mon travail. Et aujourd’hui, l’Institut m’offre cette chance de pouvoir dire et montrer ce que je sais, ce que je vois, et ce que j’entends.

Il y a trois séries de photos différentes : « 100 rythmes », « Condamnation », « SOU.TIENS ». La première montre la vie quotidienne de travailleuses photographiées au Bénin mais aussi au Togo et au Sénégal. La seconde est un cri lancé contre l’épidémie de Covid-19 et la dernière alerte sur le changement climatique. Pouvez-vous dire de technique chacune d’entre elles ?

 Je m’intéresse beaucoup au corps, vous verrez ça dans mes trois séries. L’utilisation du blanc et noir par exemple pour cette série, c’était pour montrer que les conditions des femmes qui travaillent ne changent pas en fonction du pays.  Sur cette photo en particulier [en montrant une image de la série « Condamnation »] si vous avez un mélange de couleur et de noir et blanc, c’est parce que [les deux hommes montrés dans les cadres entourant la photo principale] n’ont pas porté leurs masques et sont morts. J’ai voulu laisser la couleur au milieu pour attirer l’attention. Sur les soutiens, j’avais l’idée de les travailler mais par forcément sur cette série. Il n’y a pas eu de technique particulière, juste que je ne les ai pas travaillés depuis que je les ai achetés en 2022 avec une amie qui m’a accompagné au marché. Je les ai utilisés tels quels.

Justement cette dernière série « SOU.TIENS », retient beaucoup l’attention. Pourquoi avoir utilisé des soutiens-gorges ?

 L’utilisation des soutiens est une référence à la planète-mère, la planète qui nous nourrit. C’est aussi une référence aux seins de la femme qui nous nourrit, qui allaite son bébé.  La planète sera là mais nous, les humains, peut-être que nous ne serons plus là. [Comme] L’enfant vient, allaite mais ne part pas avec le sein. Un autre viendra à son tour allaiter. J’ai voulu montrer le fait que nous devons nous unir pour défendre la planète pour qu’elle continue à nourrir d’autres personnes bien après nous. Et aussi, le soutien est placé à un endroit spécifique qui attire beaucoup d’attention (rires). Je suis sûr que les femmes pourront avoir d’autres des facilités si elles mettent des messages qu’elles n’arrivent pas à dire à leurs maris sur leurs soutiens-gorges.

Vos séries semblent tourner autour des questions environnementales. Est-ce que le rôle de l’artiste est aussi de s’engager pour cette cause ?

 Non pas forcément, l’artiste n’est pas obligé de s’engager. L’artiste a cette facilité à parler de sujets d’actualité et c’est vrai que l’on parle de réchauffement climatique mais il y a aussi d’autres problèmes : la guerre en Ukraine, les élections aux Etats-Unis, la guerre en Israël… Donc chaque artiste choisit d’aborder un sujet en fonction de ses affinités. Moi, j’ai milité dans des associations où l’on parlait beaucoup de protection de l’environnement, j’ai participé à des panels, forums et conférences autour de ce sujet-là. Avec ce background (passif), j’ai voulu que ces questions entrent dans mon travail.

Après cette exposition, quelle est la suite ?

 Je travaille sur de nouveaux projets. Je ne peux pas dire que les photos seront prêtes l’année prochaine ou dans deux ans mais je sais que prochainement, il y aura d’autres séries de photos qui tournent autour de l’utilisation des soutiens-gorges. J’avais voulu utiliser ça comme moyen d’expression propre à moi depuis 2022. Cette série est juste un « starting » (commencement)

Réalisé par : Fayola DAGBA(Stag.), Teddy G.

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