Michel Barnier (photo) arrivera-t-il à convaincre les français ?

Après sept semaines d’attente, le président français Emmanuel Macron, a nommé Michel Barnier, 73 ans, premier ministre le 5 septembre 2024. Connu pour avoir négocié la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne (Brexit) à partir de 2016, ce politique à la longue carrière, suscite déjà la controverse dans le monde politique et auprès des français.

Un choix stratégique d’Emmanuel Macron ? Ancien ministre des affaires étrangères de Jacques Chirac et de l’agriculture sous Nicolas Sarkozy, Michel Barnier est un homme politique de droite. Candidat malheureux aux primaires de 2022 pour le parti Les Républicains (LR), il a créé la surprise. Car, sa nomination au poste de premier ministre survient alors que LR n’a remporté que 47 des 577 sièges de l’Assemblée Nationale aux élections législatives de juillet dernier.

Ex Sénateur de Savoie, une région accolée à la Suisse, il a justement été choisi pour sa compatibilité avec le Rassemblement national (RN), parti comptant le plus de députés. « En optant pour un premier ministre de droite, Emmanuel Macron devait s’assurer que le Rassemblement national, fort de ses 126 députés, ne censure pas immédiatement le nouveau gouvernement », expliquaient les journalistes de France Info le 5 septembre. Une technique qui fonctionne puisque Marine Le Pen, cheffe du parti d’extrême droite, a assuré ne pas entraver son travail, tout en le gardant «sous surveillance».

Un candidat compatible avec l’extrême droite

Le programme présidentiel de Michel Barnier reprenait les fondamentaux de la droite. Il misait sur l’investissement dans les énergies renouvelables tout en maintenant le nucléaire, promouvait la retraite à 65 ans, l’augmentation du nombre d’heures travaillées et fustigeait « l’assistanat ». Certaines de ses prises de position, notamment en matière d’immigration, s’approchant de l’extrême droite.

« Je veux mettre un coup d’arrêt à l’immigration », déclarait-il dans un tweet en novembre 2021. « Fin des régularisations, limitation du regroupement familial, suppression de l’AME [ndlr : l’aide médicale de l’Etat (AME) permet, sous certaines conditions, aux étrangers en situation irrégulière d’accéder aux soins], zéro immigration sociale ». Il s’était même dit prêt à tenir un référendum dans le but de ne plus respecter, temporairement, la loi européenne sur l’accueil et l’immigration.

« Les Français voulaient du changement »

Chaque samedi depuis sa désignation, des Français manifestent montrant leur opposition à l’idéologie de l’actuel locataire de Matignon et au coup de force de l’Elysée. Le 7 septembre 2024, le ministère de l’Intérieur comptait 110 000 personnes dans les rues du pays. « Les Français ont voulu écarter l’extrême droite, [ils] voulaient du changement, une amélioration de leur pouvoir d’achat, une révision de la réforme des retraites», commentait l’ancien président socialiste François Hollande, au micro de France Inter le 9 septembre.

Jugé illégitime, le ministre le plus âgé de la cinquième République, est aussi boudé par la coalition de gauche. Le Nouveau Front Populaire (NFP), dont Jean-Luc Mélenchon est une figure de proue, est arrivé en tête lors des élections législatives. Les 182 députés NFP de l’hémicycle, souhaitent déposer une motion de censure, une fois le nouveau gouvernement formé. N’ayant pas de majorité absolue, le NFP devra nécessairement trouver d’autres alliés pour le faire tomber. Réussiront-ils ? Enigme !

Fayola Dagba (Stag)

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