Votée et en vigueur depuis 2022, la loi portant suspension des peines des prisonniers n’a jusque-là connu aucun bénéficiaire. Pendant que l’opinion publique dont l’opposition béninoise est attentiste quant à son application à Réckyath Madougou et Joël Aïvo, Patrice Talon déjoue pour l’heure toutes les prédictions. 

L’opinion propose, le Chef de l’Etat dispose ! C’est ce qu’il convient de retenir désormais du flou artistique autour de la fameuse loi portant suspension des peines des prisonniers au Bénin.  Adoptée en octobre 2022, elle a fait grands bruits notamment sur sa finalité. Pour justifier son avènement et faire taire les supputations, le porte-parole du gouvernement, Wilfried Houngbédji estimait qu’une catégorie de détenus était jusque-là incapable de solliciter des aménagements de peine, du fait de la gravité de leur forfait. La démarche du gouvernement venait donc de permettre aux justiciables en question de pouvoir être éligibles à la suspension des peines. Ainsi, cette loi, pour lui, est intervenue pour compléter le dispositif d’aménagement de peine déjà existant dans le corpus juridique, dispositif constitué par la grâce présidentielle et le recours à la loi d’amnistie. Même si ces explications semblent être correctes, l’idée derrière le vote d’une telle loi est pour la plupart des béninois, de permettre un jour au Président de la république, d’accorder la liberté aux prisonniers condamnés pour des crimes dépassant l’étendue de la grâce présidentielle. Sachant que les opposants politiques tels que Réckyath Madougou et Joël Aivo ainsi que leurs co-accusés peuvent être bénéficiaires de cette nouvelle disposition législative, les débats y afférents allaient dans tous les sens. Pour la plupart de ceux qui s’intéressaient à ce sujet, Patrice Talon ne devrait pas se tarder à mettre en application cette loi, à leur profit. Mieux, à chaque veille des fêtes de fin d’année, tous les regards depuis deux ans sont tournés vers le Chef de l’Etat pour une libération éventuelle de ces deux détenus condamnés à de lourdes peines d’emprisonnement. Au bout de ces longs mois voire années d’attente infructueuse, il est désormais aisé de comprendre que seul Patrice Talon détient un calendrier à propos de la libération de ses deux opposants recalés à la présidentielle de 2016 et ensuite condamnés pour terrorisme ou encore blanchiment de capitaux. Conscient que leur remise en liberté même étant inéligibles pour les joutes électorales est un facteur défavorable au système en place qui entend rempiler en 2026, il n’est pas illusoire de penser que le Chef de l’Etat joue à dessein les prolongations à leur sujet. Mais pour combien d’années encore ?

Énigme !

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