Si deux des présumés ravisseurs, nommément cités par la justice togolaise et accusés d’être impliqués dans l’enlèvement du sieur Steve Amoussou à Lomé, ont été condamnés après leur comparution devant la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet), le procès continue de susciter moult interrogations. Et ce, pour diverses raisons…

Le feuilleton “Steve Amoussou“ semble avoir livré un nouvel épisode mardi, 03 septembre 2024. Restée aphone depuis la réaction de la justice togolaise, la justice béninoise réagit enfin. A l’issue d’un procès à la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet), deux des trois présumés ravisseurs, cités par la justice togolaise, ont été condamnés à des peines d’emprisonnement. Ceci, après avoir passé aux aveux. Si la présente démarche vient crédibiliser l’appareil judiciaire dans cette affaire rocambolesque, le procès n’a pas manqué de susciter des interrogations dans l’opinion publique. D’abord, l’effet surprise suscité par le procès n’a pas laissé indifférent. En effet, suite aux mandats d’arrêt émis par la justice togolaise, il semble évident que nul ne s’attendait à ce qu’un tel procès s’ouvre sur le territoire béninois mais plutôt à ce que ces derniers soient remis à la justice togolaise pour répondre de leur acte, acte perpétré sur le sol togolais d’ailleurs. Plus important, l’information relative audit procès n’a quasiment pas fuité et l’opinion publique semble être prise de court et n’a découvert que des bribes des déclarations sur la toile avant de se rendre à l’évidence qu’un tel procès se déroulait. Pourquoi avoir fait l’option de faire comparaitre les concernés devant la justice béninoise alors qu’ils sont recherchés par la justice togolaise ? La question reste toute posée. Et pour bon nombre, le dossier semble ne pas encore livrer toutes ses facettes et la justice togolaise pourrait se montrer davantage insistante quant à la comparution de ces derniers devant ses juridictions. Surtout que les présumés ravisseurs ont été identifiés par la justice togolaise qui, de surcroît, détiendrait plus d’éléments de preuve pour incriminer.

La police républicaine et les présumés ravisseurs…

Quels sont les dessous de l’interpellation de Steve Amoussou ? Pourquoi la police républicaine n’a-t-elle pas mis aux arrêts ces présumés ravisseurs au moment où ceux-ci leur confiait Steve Amoussou ? Est-il désormais possible que de simples individus se substituent à la police pour interpeller une personne et la remettre à la police ? Autant de questions qui restent toutefois à élucider étant donné qu’il est incompréhensible que ces présumés ravisseurs ne soient soupçonnés et finalement condamnés que lors du procès à la Criet. De quel manteau se sont-ils vêtus pour mener une telle opération en territoire étranger pour finalement confier leur proie à la police puis la justice sans être interpelés depuis le début ? Alors que même, au niveau de la police républicaine, on parle des unités territorialement compétentes, ceux-ci semble s’illustrer tels de supers flics sans frontière. Pour plusieurs observateurs, la justice béninoise devrait également se préoccuper de ce pan de l’affaire afin de faire toute la lumière possible sur l’interpellation de Steve Amoussou en territoire étranger.

Après la confirmation de la thèse de l’enlèvement…

Alors que les deux personnes condamnées par la Criet sont accusées d’avoir procéder à “l’arrestation illégale“ du sieur Steve Amoussou, des voix se sont systématiquement levées pour exiger sa libération immédiate. De l’analyse de plusieurs juristes, la procédure devient viciée et doit être annulée. « Si le procureur engage des poursuites pénales à l’encontre des individus pour « arrestation illégale » de Monsieur Amoussou, et qu’une décision de justice vient établir ce fait, toute la procédure engagée contre ce dernier se trouve viciée et doit être annulée. Le mandat de dépôt devient alors sans effet juridique. Dès lors qu’une telle décision de justice est rendue et devient exécutoire, il incombe aux autorités judiciaires de procéder à la libération immédiate de Monsieur Amoussou“ poste le juriste Fréjus Attindoglo sur sa page Facebook. Mais dans la foulée, le Procureur spécial près la Criet, apporte des éléments de clarification. Selon les informations de Libre Express, le procureur serait informé par le Directeur de la lutte contre la cybercriminalité aux premières heures du mardi, 13 août 2024, soit le lendemain de l’opération d’enlèvement. Ayant appris sur les réseaux sociaux que le concerné serait le frère Hounvi, il estime avoir donné de nouvelles instructions. “J’ai instruit aux fins d’ouverture d’une deuxième procédure sur les faits reprochés à celui qui publie des chroniques sous ce pseudonyme“ a-t-il déclaré, dans des propos rapportés par le média Libre Express. Suffisant pour le maintenir en détention malgré la confirmation de la thèse d’arrestation illégale ?

De quoi contenter la justice togolaise ?

La justice togolaise voudra-t-elle toujours que les mis en cause lui soient livrés ou va-t-elle finalement lâcher prise ? C’est l’autre question qui trottine également dans les têtes de plus d’un notamment avec la condamnation de deux des présumés ravisseurs, recherchés par la justice togolaise contre qui, des mandats d’arrêts sont délivrés. S’il est évident qu’un tel acte sur le sol togolais ne peut être perçu que comme un affront, il importe de se demander si la réaction de la justice béninoise suffira pour calmer les esprits du côté de Lomé. Alors que le risque d’un incident diplomatique plane entre les deux pays, il n’est pas exclu que la justice togolaise fasse confiance à celle du Bénin pour faire subir la rigueur de la loi aux concernés. Les jours à venir nous édifieront davantage. Wait and see !

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