-Des confessions religieuses appellent à une relecture consensuelle

Revu depuis le 5 mars 2024 par les députés et déjà en vigueur après sa promulgation par  Patrice Talon, le code électoral ne finit toujours pas d’être attaqué de toute part. Au point de se demander si cette loi n’a pas déjà remporté sans même son expérimentation, la palme d’or des textes législatifs les plus contestés de la démocratie béninoise.

Odyssée pour le code électoral ! Relu et complété par l’actuelle législature de l’Assemblée nationale, il subit depuis son vote, toute sorte d’attaque. Alors qu’il durcit sans commune mesure, les conditions de participation à l’élection présidentielle prochaine, ce texte est allé même au-delà. Il va jusqu’à mettre la barre très haut, quant aux conditions de répartition des sièges à l’Assemblée nationale.

Dans cet atmosphère, beaucoup craignent à raison que Patrice Talon et ses affidés aiengt taillé sur mesure ce code électoral, après l’échec de la révision de la constitution qui devrait servir de monnaie d’échange. Si clairement cette nouvelle loi déjà entrée en vigueur, ne reçoit depuis son vote l’assentiment de toute l’opposition qui demande corps et âme sa révision, la peur est aussi si grande du côté de la société civile mais également d’une partie de la mouvance au pouvoir, selon des indiscrétions. Alors qu’à tout point de vue, ces dispositions de la loi semblent enterrer les ambitions de cette opposition déjà à l’avant-garde, elle dresse par ricochet le boulevard à la mouvance pour les législatives et présidentielle prochaines.

Restée atone face à ces contestations et craintes de peur de faire revivre au Bénin, les crises électorales meurtrières de 2019 et de 2021 causées par l’ancien code électoral, la mouvance présidentielle s’en lave les mains. Alors que l’on pensait passer à autre chose, c’est plutôt de nouveaux appels qui ressurgissent, toujours à propos de ce même code. Depuis quelques heures, c’est le Cadre de concertation des confessions religieuses qui se mêle au débat en faisant la même demande à Patrice Talon et son équipe. À l’instar de cette actualité, un autre recours se trouve sur la table de la Cour constitutionnelle, toujours pour contester cette loi teintée ainsi d’ambivalences et de quiproquos. De mémoire, aucune loi électorale n’aurait aussi préoccupé toute la classe politique et la société civile que celle-ci, depuis le renouveau démocratique au Bénin.

Et dire que sous le régime de la Rupture, les réformes ont toujours été incomprises voire crisogènes, ce code électoral l’est encore plus. Même s’il n’a pas encore été expérimenté. Si le Bénin est dirigé par un Président de la république qui se fait appeler compétiteur né, toutes les lois électorales devraient par dextérité favoriser de saines et loyales compétions pour les prochaines joutes électorales. Seulement qu’avec la loi querellée, rien n’est si sûr. Au grand dam de la démocratie béninoise.

J.G

Déclaration du  Cadre de Concertation des Confessions Religieuses

Plaidoyer pour une relecture consensuelle du code électoral d’ici 2025

Considérant la constitution du Bénin adoptée le 02 Décembre 1990, la loi no 90-32 du 11 Décembre 1990 modifiée par la loi No 2019-40 du 07 Novembre 2019 affirme dans son préambule ce qui suit : je cite :

Nous, peuple béninois

-Réaffirmons notre opposition fondamentale à tout régime politique fondé sur l’arbitraire, la dictature, l’injustice, la corruption, la concussion, le régionalisme, le népotisme, la confiscation du pouvoir et le pouvoir personnel.

Exprimons notre ferme volonté de défendre et de sauvegarder notre dignité aux yeux du monde et de retrouver la place et le rôle pionnier de la démocratie et de la défense des droits de l’homme qui furent naguère les nôtres.

Affirmons solennellement notre détermination par la présente constitution de créer un état de droit et de démocratie pluraliste dans lequel les droits fondamentaux de l’homme, les libertés publiques, la dignité de la personne humaine et la justice sont garanties, protégés et promus comme condition nécessaire au développement véritable et harmonieux de chaque béninois  tant dans sa dimension temporelle, culturelle que spirituelle.

 

Considérant l’article 2 et 3 de notre constitution qui déclare ceci :

« La république du Bénin est une, indivisible, laïque et démocratique. Son principe est : le gouvernement du peuple, par le peuple, et pour le peuple »

Art 3 La souveraineté appartient au peuple. Aucune fraction du peuple, aucune communauté, aucune corporation, aucun parti ou association ni aucun individu ne peut s’en attribuer l’exercice.

Considérant que le cadre de concertation des confessions religieuses dans ses objectifs a pour mission d’agir en tant que membre à part entière de la société civile pour défendre les intérêts des confessions religieuses contre toutes formes de dérapages tendant à compromettre la paix sociale et la liberté religieuse au Bénin :

-A contribuer de façon significative à l’enracinement de la démocratie au Bénin.

-À faire connaître les points de vue du CCCR sur les dossiers tendant à compromettre la paix sociale.

-A prévenir en conséquence tous les abus dans les domaines social, politique et économique.

Considérant le rôle très important qu’ont joué les confessions religieuses principalement l’Église catholique au travers de son Archevêque feu Isidore Monseigneur De SOUZA au cours de la transition qui a permis d’ouvrir la voie au renouveau démocratique qui est devenu modèle pour toute l’Afrique.

Considérant l’issu du colloque tenu du 25 Avril 2024 organisé par le clergé catholique sur le code électoral et paix social, il se dégage les constats suivants :

Constate qu’aucune loi n’est parfaite et que tout texte de loi adopté et promulgué doit être ouvert à d’éventuelles améliorations en cas de nécessité. C’est le cas de notre constitution du 2 décembre 1990.

Conscient qu’une élection non assumée par le peuple parce que génératrice de suspicions est toujours sources de crises multiples et multiformes.

 Constate que le durcissement des conditions d’éligibilité pour l’élection présidentielle à travers les modalités de parrainage ne garantît pas la possibilité pour tous les partis politiques légalement reconnus de présenter des candidats.

Constate l’absence de prise en compte des exigences des instruments internationaux, régionaux et sous régionaux relatifs à la démocratie aux élections et à la gouvernance régulièrement ratifiés par le Bénin.

Le CCCR ayant régulièrement pris part au colloque du 25 Avril 2024 sur le code électoral pour la paix et le vivre ensemble souscrit aux 8 recommandations formulées par les experts nationaux et internationaux au même titre que les autres confessions religieuses et acteurs de la société civile pour garantir à notre pays des élections paisibles, libres, transparentes et paisibles.

Le cadre de concertation des confessions religieuses invite le président de la république et son gouvernement, le président de l’Assemblée nationale et les députés de la 9e législature à prendre en compte les 8 recommandations issues du colloque du 25 Avril 2024 en occurrence la relecture consensuelle du code électoral en vue des élections libres, transparentes, inclusives en 2026.

Le CCCR invite le président de la République à privilégier le jeu démocratique et à être ouvert à une alternance démocratique en vue de sauvegarder les acquis qu’il a hérité de ses pères.

Le CCCR invite la classe politique en générale à veiller à ce que l’image de notre démocratie soit pérennisée dans le temps pour que notre pays sorte toujours comme un bon modèle dans le monde.

Le CCCR invite enfin le peuple béninois à une prise de conscience et à promouvoir les valeurs démocratiques pour un lendemain meilleur pour nos familles et nos enfants.

Nous disons enfin merci au Président de la République Patrice Athanase Guillaume TALON  pour son ambition de garantir la paix, la stabilité, le pardon, l’unité à la fin de son dernier mandat ;

Nous vous remercions

Le CCCR

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