Le fonds Lilium Capital de l’homme d’affaires burkinabè Simon Tiemtoré et le groupe minier canadien Endeavour ont finalisé, le 26 août, leur accord transférant à l’État les mines d’or de Boungou et Wahgnion au cœur d’un litige depuis juin 2023. Cette transaction marque la finalisation d’un deal lancé en mai sous la supervision étroite de la junte.
Sous la houlette du ministre des finances, Aboubakar Nacanabo, Lilium Capital, la holding du magnat burkinabè Simon Tiemtoré, et le groupe minier canadien Endeavour Mining ont enterré la hache de guerre. Les deux sociétés s’affrontaient au sujet de la vente des mines d’or burkinabè de Boungou et Wahgnion. Lilium avait racheté ces deux sites extractifs à Endeavour en juin 2023 pour quelque 300 millions de dollars (AI du 11/07/23).
En signant, le 26 août, trois conventions avec le gouvernement et Endeavour, le groupe burkinabè a cédé les deux mines à l’État. En retour, Ouagadougou s’est engagé à verser 60 millions de dollars à Endeavour, financés par la vente de l’or extrait à Wahgnion. L’État burkinabè s’est aussi engagé à accorder au groupe minier canadien des royalties de 3 % sur 400 000 onces d’or extraites de ce site, le seul des deux actuellement en exploitation.
Wahgnion, dont la production actuelle est de 2 tonnes par an (soit 64 000 onces), est situé près de la frontière ivoirienne, dans le sud-ouest du pays. Une zone relativement préservée des attaques de groupes armés, à la différence de l’est de l’État burkinabè, où se trouve la mine de Boungou. De son côté, Endeavour va renoncer aux procédures judiciaires arbitrales qu’il avait lancées contre Lilium à Paris et à Londres.
Lilium a informé dès le 20 août les salariés de la mine de Wahgnion que leur employeur était désormais l’État, même si la direction générale du site serait assurée par l’entreprise pendant une « période de transition » allant jusqu’à la fin de 2024. Pour cette passation, le groupe burkinabè a nommé, le 28 août, un nouveau directeur général pour le site : Lamissa Barro.
Les bases d’un accord à l’amiable
À l’origine du litige, le groupe de Simon Tiemtoré, également propriétaire de Vista Bank et dont c’était la première incursion dans le secteur minier, ne s’était pas acquitté de l’ensemble de ses obligations contractuelles liées à la vente. Endeavour avait annoncé en avril 2024 avoir lancé deux procédures arbitrales à l’encontre de Lilium et ses partenaires financiers – dont Vista Bank –, l’une à la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) de Paris, l’autre à Londres.
Endeavour est piloté depuis janvier par le Britannique Ian Cockerill après l’éviction fracassante par le conseil d’administration du Français Sébastien de Montessus, qui avait conclu la vente avec Simon Tiemtoré. Le groupe canadien réclamait 125 millions de dollars à Lilium et 99 millions de dollars à ses partenaires financiers. De son côté, Lilium justifiait ses retards de paiement par le fait qu’il avait dû interrompre, dès août 2023, la production d’or à Boungou pour des raisons sécuritaires (AI du 27/08/24).
Poussés par le ministre des finances Aboubakar Nacanabo en personne, qui cherche à augmenter les recettes fiscales minières du pays, Simon Tiemtoré et Souleymane Boly, le directeur pays d’Endeavour, ont pris contact peu après l’annonce des procédures arbitrales pour poser les bases d’un accord à l’amiable. Mohamed Ba, le patron de Vista Bank Burkina, ainsi que Yao Kouassi, directeur général de Vista Group Holding, ont eux aussi été associés à ces discussions. Tout comme Adama Savadogo, le DG de la mine burkinabè de Houndé, appartenant à Endeavour, Ian Cockerill, le PDG du groupe canadien, et Morgan Carroll, son directeur juridique et financier, tous deux depuis Londres.