Boni Yayi proche de l’homme jusqu’à sa mort !

                Des témoignages de ses proches

                Sourou Bouraima Odjo:  » Je pleure encore la disparition de cet homme de grand cœur « 

                Mouf Liady :  » C’est un monsieur très loyal qui a toujours tenu parole « 

                Christine Ouinsavi :  » J’avoue que c’est un homme très intègre « 

                Tiburce Adagbè :  » Il était très patriote « 

Dimanche, 25 août 2024, Razaki Babatundé Olofindji, PDG du Groupe TUNDE s’est éteint des suites d’une longue maladie à l’âge de 68 ans. Grand investisseur et entrepreneur à succès, l’homme, de l’au-delà, peut bien se targuer d’un parcours inspirant. Affaibli par une maladie qui finira par l’arracher au peuple béninois, celui que les béninois connaissent sous le nom “Tundé“ a investit dans plusieurs secteurs d’activités notamment dans l’Agriculture. A-t-il toujours connu du succès ? Qui était réellement Razaki Babatunde ? Quid de sa relation avec Boni Yayi ? Votre quotidien Matin Libre vous amène à la découverte de l’un des plus grands opérateurs économiques qu’a connu le Bénin…

 Natif d’Idigny, son village natal à Kétou, localité où repose depuis ce lundi, 26 Août 2024, sa dépouille, Razaki Babatunde Olofindji restera à jamais gravé dans les cœurs des béninois, de par ses œuvres sociales et caritatives ainsi que de nombreuses initiatives entreprises et qui ont impacté l’économie nationale.

Titulaire d’un Baccalauréat série C au Lycée Toffa de Porto-Novo, obtenu en 1985, le natif du Plateau s’est très tôt lancé dans les affaires après une formation en dactylographie et dans la photocopie. Selon une source proche de lui, Razaki Babatunde Olofindji avait commencé ses activités par la vente de fournitures de bureau qu’il livrait à des structures étatiques et non étatiques. Ses premières économies lui permettront d’ouvrir un centre où se faisaient la photocopie, saisie et autres.

Mais le centre recevait également des clients qui exprimaient le besoin de reproduire des livres. De là était parti l’idée de créer une imprimerie, nous confie un proche qui témoigne de ce que, pour la concrétisation du projet, Razaki Babatunde Olofindji avait commencé par acquérir de petites machines. Et en 1995, l’Imprimerie TUNDE verra le jour, devenant l’une des plus grandes imprimeries de la sous-région mais surtout l’une des premières entreprises subsahariennes à produire des bulletins de vote. “Il a commencé par confectionner les bulletins de vote (marchés publics) depuis le régime Kérékou. Il a pensé ensuite à la fabrication des cahiers le Papillon… il a réussi à acquérir une machine appelée la Piètra pour lancer la première ligne des cahiers Le Papillon à Cotonou et dans le temps, il était le seul en Afrique subsaharienne à produire les cahiers“ confie un proche et collaborateur de Razaki Babatunde Olofindji. L’imprimerie s’enracine et se positionne comme une référence, remportant des marchés publics des élections en Gambie, au Togo et au Tchad et sans oublier le Niger dans les années 2014-2015.

De l’automobile à l’agriculture : tout ne fut pas rose…

Toujours à l’affût des grandes opportunités d’investissements, feu Razaki Babatunde Olofindji a investi dans le transport, l’automobile, l’agriculture. Avec sa filière TUNDE Motors créée en 2005, le Groupe devenait la Représentation de la marque Wolkswagen. Il devenait le premier concessionnaire de Wolkswagen en Afrique de l’Ouest. La filiale TUNDE Transport vit également le jour mais ne fit malheureusement pas long feu. L’homme va beaucoup investir dans l’agriculture notamment avec le le projet Riz Nerica lancé en 2006 et qui aura nécessité un investissement conséquent. Seulement, ce projet restera un échec pour diverses raisons, selon un proche collaborateur qui estime que les objectifs seraient atteints si Razaki Babatunde Olofindji s’était appuyé sur les expériences nécessaires.

Avec la filiale Tunde Agro Business, l’ambition était de produire de la tomate et autres en plein temps avec l’acquisition de 150 à 200 hectares à Sakété. Très ambitieux d’ailleurs et convaincu de l’impact du projet, l’homme n’avait pas hésité à faire venir des israéliens qu’il payait et logeait. A Kétou, il y était implanté un champ d’expérimentation non loin de l’Université agricole de Kétou où les étudiants venaient même faire de la pratique. “Dans la foulée, il a eu l’agrément pour le port sec sous Boni Yayi pour faire la distribution et desservir la zone frontalière d’Illara qui est proche de Idigny. Il voulait desservir tout le Nigéria mais malheureusement en 2016, les princes du moment étaient au pouvoir et les choses se sont arrêtées“ confie un proche collaborateur de Razaki Babatunde Olofindji.

Des témoignages recueillis, il ressort que de tous les investissements consentis par l’homme, l’Imprimerie se révèle être le plus grand succès et les autres filiales, budgétivores. “Tunde avait plusieurs personnes qu’il écoutait à la fois…Je ne pense pas que la politique ait contribué à l’échec de ses projets dans le domaine de l’Agriculture. C’était un problème de gestion, des ressources humaines et du financement“ raconte un proche de l’homme.

L’Islam et le social : Razaki Babatunde Olofindji est resté attaché

Outre ses soutiens à l’équipe nationale du football, les Ecureuils à l’époque ainsi que des concours organisés à l’intention des enfants à la télévision, Razaki Babatunde Olofindji finançait surtout les prêches islamiques sur des chaines de télévision et des stations radio. Que de familles soutenues pour accomplir le Hadj à la Mecque, que de vivres et dons faits aux plus vulnérables durant les mois de Ramadan. L’homme est et s’en est allé vrai musulman, croyant.

Boni Yayi proche de Razaki Babatunde Olofindji jusqu’à sa mort !

Contrairement à ce qui est distillé dans l’opinion publique, il n’y a pas eu une véritable brouille entre l’ancien Président de la République, Boni Yayi et Razaki Babatunde Olofindji, qui se révèle être l’un de ses premiers soutiens et ayant contribué à son arrivée au pouvoir. Des témoignages, il ressort que Boni Yayi est le seul personnage politique influent qui a été souvent aperçu aux côtés de Razaki Babatunde Olofindji durant ses derniers moments sur terre. Alors que le PDG du Groupe Tunde se battait encore contre la maladie, Boni Yayi s’est rendu à son domicile en compagnie d’un pasteur pour prier pour lui, nous a-t-on confié. Les mêmes sources renseignent que Boni Yayi s’y est rendu trois à quatre fois pour apporter son soutien moral et financier à l’homme.

Toutefois, des sources attestent de ce que la brouille “mineure“ qui serait advenue entre les deux hommes, serait l’œuvre des personnes qui étaient dans l’entourage de Yayi à l’époque et qui aujourd’hui, se retrouvent du côté du nouveau régime au pouvoir. Ils ont réussi à pourrir l’ambiance entre les deux hommes, déplore un proche de Razaki Babatunde Olofindji. “ Celui qui a le plus accompagné Tunde, c’est Boni Yayi car je peux vous rassurer que le marché de manuels scolaires du ministère de l’éducation nationale, du ministère des enseignements primaire et secondaire fait plus de 4 milliards de Fcfa et Tundé a eu ces contrats pendant dix ans y compris au moment où il ne s’entendait pas avec Boni Yayi, personne ne lui avait retiré le marché“ témoigne-t-on.

2016 : Les problèmes ont commencé

Avec l’avènement de la Rupture, les activités de l’opérateur ont très tôt fait de virer au rouge, selon des témoignages. Après les difficultés relatives à l’opérationnalisation du port sec d’Illara, Razaki Babatunde Olofindji a été suspendu en 2016 de tout appel d’offres dans une affaire de fausse attestation fiscale. Il a été suspendu pendant plus d’une année, témoigne un proche collaborateur de l’homme. Et de poursuivre : “Il n’avait plus l’accompagnement de l’Etat, les marchés publics étaient difficiles à accéder, on a suspendu les manuels scolaires de l’éducation nationale, qui faisaient partie de la plus grande partie de son budget.  Il avait le monopole de ces marchés et c’était pour cela, il a acquis les équipements qui font de lui, la plus grande imprimerie de la sous-région quoi qu’on dise. Il a également acquis une machine d’étiquette flambant neuve qu’on avait même installée mais qui ne sera jamais utilisée à ce jour en raison des problèmes politiques qui le privaient de marchés publics“ confie une source proche de la famille et de l’homme.

Et il y a quelques mois seulement, soit courant mars-avril 2024, alors que Razaki Babatundé Olofindji était souffrant, l’Imprimerie Tundé était à deux doigts de gagner un marché des élections au Togo mais le marché a été finalement attribué à une imprimerie nigérienne qui a dû se rabattre sur l’expertise d’une compétence de l’Imprimerie Tundé pour exécuter ce marché. Les proches de Razaki Babatundé Olofindji y voient une conséquence des relations pas très cordiales entre le Bénin et le Togo.

La perte de ce marché, qu’il a toujours gagné depuis de longues années, a porté un coup psychologique à l’homme déjà souffrant car, dans la foulée, la société TUNDE est mise en liquidation. Il y a quelques jours seulement, le cabinet recruté à cet effet, a entamé la liquidation de certains biens au niveau de la papeterie. Une chose qui a précipité sa mort ? La question reste toute posée et les proches attestent de ce que cela l’a vraiment affecté.

Il y a 68 ans, un grand investisseur nous est né. Il s’en est allé, déposant le tablier de la vie à un moment où l’on s’en attendait le moins. Il était une fois Razaki Babatunde Olofindji ! Adieu TUNDE !

Réalisation : Aziz BADAROU

Décès du PDG du GROUPE TUNDE

Razaki Babatunde Olofindji : Ils témoignent…

Sourou Bouraima ODJO, proche de Razaki Babatunde Olofindji :

“ Je pleure encore la disparition de cet homme de grand cœur“

Je voudrais d’abord rendre grâce à Dieu, père créateur de Razaki Babatundé Olofindji qu’il a envoyé en mission sur terre et qui à un moment donné, a estimé qu’il a accompli toutes ses missions qu’il lui a assignées. Aussi voudrais-je prier continuellement pour le repos de l’âme de l’illustre disparu qui a été, pour moi, plus qu’un ami, plus qu’un compagnon mais un frère. Un frère natif de Kétou comme moi dont la disparition me laisse dans un excès de tristesse. Avec Tundé, nos chemins se sont croisés pour la première fois en 1977 quand nous fréquentions le Collège d’enseignement moyen général (Cemg) de Kétou. J’étais en 4ème quand il fut son entrée dans le collège, provenant de Idigny…Dès son arrivée, il s’était fait remarquer sur les aires de jeu.

Tout jeune, de petite taille mais un excellent gardien de but. Il fut d’abord gardien de l’équipe cadette du collège jusqu’au jour où il eut une fracture à la clavicule accidentellement lors d’un match de football…Puis après, nous nous sommes perdus de vue. Lui, poursuivant ses études à Porto-Novo au Lycée Toffa 1er et moi au Lycée Coulibaly à Cotonou. Puis à nouveau, l’année 1986 nous permit de nous retrouver. D’abord, sans se concerter, nous avons loué des maisons côte à côte, c’était à Akpakpa à Sègbeya et secundo, toujours en 1986, une autre coïncidence heureuse, le 10 juin 1986, il ouvrit son entreprise. D’abord ce fut, un établissement dénommé Photocopie Tundé.

Quelques jours après, le 08 Août de la même année, moi j’entrai en fonction à l’ancienne maison de la radio de l’Ortb, à quelques pas de son siège. Tout avait réellement commencé à partir de là. La proximité favorisant et raffermissant les liens, quelques deux années après, il me confia la gestion de sa communication, celle de son entreprise à titre de collaborateur externe. Nous étions alors devenus des inséparables et nous nous entendions parfaitement jusqu’à la création de sa société dénommée Imprimerie Tundé en 1995. Ce qui, par la suite, a conduit à la fondation de son holding Tundé réunissant ses sociétés à savoir l’Imprimerie Tundé, les Editions Tundé, Tundé Motors, Tundé Agro Business…Et puis Tundé Agri Tv. Il y a eu également Tundé Contractor qui s’occupait du BTP et puis Tundé avait initié également un moteur de recherche, un projet en gestation aux Etats-Unis puis enfin je parlerai de Tundé Transactions…Tundé a été un grand homme à qui Dieu a donné assez de qualité.

Premièrement, la foi et la dévotion de l’homme. Razaki a été un homme oint d’Allah qu’il adorait avec dévotion en esprit et en vérité par la soumission à Dieu et l’obéissance à ses ordres tout en reconnaissant à chacun, son obédience. Tundé a été le tout premier mécène du prêche musulman sur les antennes de la radio nationale puis sur les radios privées puis les télévisions publiques et privées. Tout de même, il aidait les autres confessions religieuses qui le sollicitaient. Deuxièmement, l’humilité. Il faut l’avoir côtoyé pour en parler. Il considérait tout le monde, chacun comptait pour Tundé…Troisièmement, la générosité. Croyant, fervent, il donnait sans compter surtout aux pauvres, aux nécessiteux et aux personnes âgées. Quatrièmement, je parlerai de sa sincérité. On dit souvent qu’il n’y a pas de commerçants honnêtes.

Moi j’ai connu cet homme respectueux de ces engagements, très sincère en amitié et loyal en affaires. Cinquièmement, l’audace. Il sait oser comme tout bon entrepreneur…C’est cette audace qui le pousse ou qui l’a poussé à avoir l’esprit d’entreprendre avec intrépidité et infatigabilité. Tant qu’il n’a pas ce qu’il vise, il ne s’arrête pas. Sixièmement, je parlerai de Tundé le justicier. Il n’est pas donné à tout le monde d’être juste. Tundé, pour moi, est un modèle. Un modèle dans la reconnaissance des efforts et mieux, il sait réconcilier les parties en conflit avec une dextérité particulière qui met les protagonistes à l’aise. S’il faut parler des qualités de cet homme, on n’en finira pas. Je pleure encore la disparition de cet homme de grand cœur qui vient de nous quitter. C’est le lieu de réitérer mes sincères condoléances à son épouse, ses fils jumeaux et tous ses parents éplorés comme moi.

Mouf Liady, ancien Directeur de Tundé Agri TV

“ C’est un monsieur très loyal qui a toujours tenu parole“

J’ai connu Razaki Babatundé Olofindji quand il n’était pas encore opérateur économique, je l’ai connu tout à ses débuts quand il faisait ses tout premiers débuts dans l’imprimerie. Le jeune homme qu’il était en ce temps me rendait régulièrement visite alors que j’étais reporter sportif à l’Office de radiodiffusion et télévision du Bénin. Et il venait souvent pour me confier ses journaux qu’il imprimait avec beaucoup d’articles sur le sport principalement sur le football. Alors, moi j’avais pour charge de l’aider à distribuer et à faire connaitre son journal dans les départements où j’étais de reportage pendant le championnat national de football. Donc, il y a eu cette première phase. Ensuite, quand il a commencé par installer ses affaires notamment en matière de bureautique et de vente de matériels scolaires. Là également, on s’est beaucoup fréquenté.

Donc jusque-là je pourrais vous dire que c’était le Tundé, jeune entrepreneur qui s’installait petit à petit que j’ai connu dès mes premières années de fonction à l’Ortb. Evidemment, entre-temps, ses initiatives ont connu beaucoup de succès, ses affaires ont pris de volume et il a pu fonder sa société qui est montée en régime. Et là, son nom s’est imposé dans le monde de l’entreprise au Bénin…Pour moi, il est resté très fidèle, on s’appelait régulièrement et il m’associait à certaines de ses initiatives qu’il voulait prendre. Et quand je le pouvais je lui disais ce que j’en pensais. C’est pour vous dire que ce monsieur n’avait vraiment pas de secret pour moi. Donc, à la mort de Moucharaf Gbadamassi qui sponsorisait le concours Mimun dans le temps…c’était pour moi, la personne indiquée pour prendre la suite de ce concours.

J’ai été donc voir Tundé dans son bureau et je vous avoue que je n’ai pas eu droit à un long plaidoyer pour le convaincre de prendre ce concours en charge. Il m’a répondu qu’il était prêt et que le moment venu, il fallait tout simplement que je lui rappelle ce qu’il avait à faire dans ce domaine. Donc, de 2001 à 2016, il a régulièrement mis les moyens à la disposition de l’Ortb pour l’organisation de ce concours qui est devenu entre-temps Concours Noël des enfants. C’est un monsieur très loyal qui a toujours tenu parole…Tundé était d’abord un ami personnel, il est devenu par la suite, un ami de l’Ortb et à la fin, il s’est fait le grand ami des enfants…Je crois vraiment que l’initiateur de ce concours doit être fier de l’accueillir dans l’au-delà Tundé qui a eu à prolonger le plaisir…Je voudrais donc dire toutes mes condoléances à sa famille, à son épouse et à tous ses proches. Et je voudrais souhaiter que l’âme de Razaki Babatunde Olofindji puisse reposer en paix.

Christine Ouinsavi, ancienne ministre proche de Razaki Babatunde Olofindji

“J’avoue que c’est un homme très intègre“

Je retiens de ce grand frère, j’aime l’appeler grand frère, un homme de très grand cœur, très désintéressé surtout par rapport au matériel, quelqu’un de très entreprenant et plein d’idées entrepreneuriales. J’avoue que c’est un homme très intègre qui n’aime pas du tout, tout ce qui est louche même en matière d’affaires. Parce que peu d’opérateurs économiques qu’on connait aujourd’hui vivent dans la franchise des affaires. Par contre, avec le grand frère Tundé, tout devrait se faire suivant les règles de l’art. j’ai partagé beaucoup de moments très agréables avec ce grand frère, des idées de transformation de la vie et tout…Le grand frère Tundé est mon parrain politique.

C’est vrai qu’on a échangé au téléphone plusieurs fois mais en réalité, j’ai eu la chance de le connaitre sur les médias. Je le connais comme ce grand frère de Kétou, ce grand frère de ma localité mais ce n’est qu’en juin 2007 où je prenais d’ailleurs service au ministère de l’enseignement primaire, de l’alphabétisation et de la promotion des langues nationales. Ce n’est que ce jour que j’ai eu le premier contact physique avec mon grand frère.

Je dirai qu’il m’a promu parce que ce n’est un secret pour personne qu’il a été l’un des artisans très farouches, il s’est battu fortement pour l’avènement du Président Yayi Boni au pouvoir en 2006. Et dans sa quête de promotion de ses jeunes frères et sœurs et à la recherche d’un certain nombre d’attitudes et de profils, c’est comme ça qu’il m’a identifié et il a fait ma promotion au plan politique. J’ai bénéficié de son soutien et je dirai qu’il gérait pour moi, le réseau de journalistes tout autour de ma communication. Il ne m’a pas promu à ce poste gouvernemental et m’a abandonné. Il a été là tout le temps et chaque fois que je me référais à lui pour certaines décisions devant le favoriser, je me rappelle encore qu’il se souciait toujours d’autres opérateurs économiques de son domaine et demandait toujours une gestion équitable des marchés. Mais tout cela, c’était aussi pour me mettre hors de tout problème. Je l’ai su après…Il y a eu une très grande complicité entre lui et moi. J’avoue que cela n’a cependant pas manqué de déranger certains politiciens véreux qui ont tenté de l’assombrir.

Cependant, comme tout ce qui se passe très bien, quand on met ensemble des gens pieux, des gens qui ont la crainte de Dieu, même quand on tente de te taper dessus ça finit toujours par se redresser. Quelques années après ma sortie du gouvernement, il m’a fait appel, je suis allée le voir et nous avions passé en revue tout le passé, ce qui a bien marché et qui est positif, ce qui ne l’est pas puis nous avons envisagé, je me rappelle très bien à son initiative, beaucoup de projets où il me démontrait à quoi je pouvais servir par rapport à mon profil. Je pouvais être utile à beaucoup d’autres choses hors de la politique et j’avoue que j’étais émerveillée. Nous avons passé beaucoup de temps à échanger et c’est là qu’il m’a dit, expliqué tout le déclin que connaissaient déjà ses affaires. On a gardé contact.

En 2019, je me rappelle encore qu’il m’a annoncé avec grand espoir une renaissance de ses affaires avec des partenariats qu’il venait, qu’il était en train de décrocher au Togo et m’avait même confié des courses à faire. C’est là qu’il m’a annoncé également comment sa santé devenait quelque peu défaillante et il devrait se ménager beaucoup plus. Nous ne manquions pas de nous envoyer de petits messages de salutations par moment. On a gardé ces contacts. Mes messages avaient toujours leur réponse puisque j’avais l’habitude de lui écrire par Whatsapp. Mais à un moment donné, j’ai commencé par constater que je ne recevais plus de réponses et particulièrement mon message de vœux de nouvel an de 2022 est resté sans réponse. J’ai envoyé, par la suite, par SMS sans réponse.

Ce qui m’a un peu inquiété et m’a amené à lui laisser un message vocal. J’avoue que quand il l’a lu, il m’a appelé. J’ai ressenti dans sa voix, une certaine faiblesse. Je me rappelle que je m’apprêtais à voyager, une série de voyages je dirais mais j’ai dû aller le voir à domicile avant et nous avons passé plus de deux heures et demi d’échanges. J’avoue qu’il m’a beaucoup parlé et j’ai lu en lui, bien qu’il était déjà souffrant, il est resté avec sa foi inébranlable et puis il a la force d’esprit. Il ne parlait que toujours affaires…Alors, pendant mon voyage, j’ai envoyé un jeune frère lui passer encore mes salutations à domicile et au retour de mon voyage, j’ai essayé de l’appeler pour prendre de ses nouvelles et également m’assurer de sa disponibilité pour passer à domicile car il m’avait dit qu’il avait des programmes de soins qui occupaient trois ou quatre jours dans la semaine. Et c’est son épouse qui a décroché et qui a quand même insisté pour lui passer le téléphone et il est resté toujours égal à lui-même. Il m’a donné l’espoir et les dispositions qu’il prenait déjà pour pouvoir améliorer sa santé et se remettre sur les pieds pour d’autres projets qu’il mijotait. J’avoue que je n’ai plus eu de ses nouvelles, mes écrits, mes appels sont restés sans réponse…Là, je reviens de voyage et j’apprends que la maladie a eu raison de lui. Vraiment, c’est la grande consternation. Cependant, ses œuvres sont insondables et ses bienfaits à profusion. Je garderai à jamais de ce grand frère, l’image d’un homme très pieux, intègre et de grand cœur. Que Dieu l’accueille dans son royaume céleste et que son âme repose éternellement en paix.

Propos recueillis par Aziz BADAROU

Tiburce Adagbè : “ Il était très patriote“

J’ai appris comme tout le monde, la nouvelle du décès de Olofindji Razaky Babatoundé connu sous le petit nom de Tundé. J’avoue qu’on a beau concédé l’idée que la mort est partie intégrante de la vie, que nous la côtoyons au quotidien, mais on est toujours surpris par ce genre d’évènement donc la nouvelle m’a pris de court. Il faut dire que je suis très très affligé.

Je l’ai côtoyé assidûment pendant quelques années. C’est un homme d’engagement, un homme de conviction, même jusqu’à l’excès. Parfois ce n’est pas facile de lui faire changer d’avis.  Quand il a une idée, il faut être solide pour réussir à le faire. Mais il ne s’entête pas méchamment. Quand il pense qu’il est sur le droit chemin, il va jusqu’au bout, quitte à parfois en tirer des leçons pénibles, mais il va jusqu’au bout.

Je crois que ce n’est pas fondamentalement un défaut, mais dans les fluctuations dans lesquelles parfois un homme d’affaires de son niveau peut se retrouver, parfois ça vous laisse des traces. Quand vous faites la bonne option c’est bon, mais quand vous ne faites pas la bonne option, vous allez jusqu’au bout avant de vous rendre compte que vous vous êtes gouré. Je ne considère pas cela comme un défaut. C’est un homme de conviction. Tundé était un homme pieux qui croyait fondamentalement en Dieu. C’est un musulman qui ne cache pas sa foi. Quand il prend la parole, il cherche à être en accord avec quelque chose de transcendant, quelque chose qui est au-delà de lui-même et qui est au-delà de nous tous, donc qui est Dieu. En dehors de cela, c’était un homme très humain, un homme qui est quelqu’un de très compatissant. C’était aussi quelqu’un de très généreux, beaucoup d’artistes, de jeunes gens qui à l’époque avaient des manifestations qui avaient besoin de sponsoring, le bureau Tundé était ouvert pour tout le monde et pour tous ceux qui pourraient le solliciter.

Des hommages officiels est-ce que Toundé même était de nature à courir derrière ça, je ne crois pas. Maintenant s’il y a des possibilités, ce ne serait pas mal, parce que je trouve quand même que de son vivant, il a incarné des valeurs qu’on peut conseiller aux jeunes, l’opiniâtreté, le sens de l’initiative, la combativité,

Vous savez Tundé était un opérateur économique touche-à-tout. Pratiquement chaque année, il sortait un nouveau concept c’est un homme de rêve, il avait envie de faire quelque chose de grand pour son pays. Quand vous entendez Tundé imprimerie, les cahiers le Papillon, Nerica, la télé Agric TV, tout ça c’est la même personne, mais ça c’est l’énergie qu’il a et qu’il aurait pu utiliser ailleurs, mais il a voulu dépenser son énergie dans la création de valeurs. Ça n’a pas toujours été récompensé pour lui mais c’est quand même une école et s’il y a possibilité des hommages, je pense qu’il en mérite bien. L’héritage pour la jeunesse, c’est l’opiniâtreté, c’est la combativité et surtout l’amour du pays. Il était très patriote.

Transcription : Thomas AZANMASSO

Source : Océan FM

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