Alors qu’il n’était officiellement ni recherché ni sous le coup d’un mandat d’arrêt international, Steve Amoussou, alias Frère Hounvi, a été soit arrêté ou kidnappé la nuit du 12 août 2024, depuis son repaire de Lomé.  Ramené manu militari à Cotonou et gardé à vue dès le lendemain à la Brigade économique et financière (Bef), le célèbre web activiste et chroniqueur, qui a tant fait le mystère pour avoir caché son identité malgré sa notoriété, respire désormais l’air de la geôle.

Après plus d’une semaine de garde à vue, l’ancien humoriste politique, qui n’a d’yeux que pour les dénonciations de ce qu’il trouvait injuste sous le régime de Patrice Talon, a finalement été présenté au Procureur spécial de la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet), Mario Mètonou, dans la matinée de ce mardi 20 août 2024.

Alors que tout le pays était suspendu à cette séquence judiciaire bien médiatisée à cause de l’intérêt porté à tort ou à raison au mis en cause cueilli donc dans son lieu de refuge, tel un forcené de grande rue, il n’en demeure pas moins que l’issue de cette présentation à celui qui fera office de Ministère public dans son procès était connue d’avance. Puisque tout le monde était convaincu, nonobstant les vices de procédure de l’interpellation à sa détention dénoncée par les acteurs judiciaires et politiques du pays, que le bien aimé de certains béninois puisqu’adulé pour la qualité de ses textes, n’allait pas être libéré, ni placé sous convocation.

Le Frère Hounvi, après plusieurs heures d’interrogatoire, a purement et simplement été placé sous mandat de dépôt par le Procureur Spécial, avec plusieurs chefs d’accusation à la clé. Trois au total, ils se réfèrent sans grand étonnement au harcèlement par voie électronique, à l’incitation et publication de fausses nouvelles et enfin à la provocation directe à la rébellion. Ainsi, Steve Amoussou devra, avec ses Avocats déjà en alerte maximal, se préparer pour le 7 octobre prochain, date fatidique de sa première audience et comparution devant un juge.

L’Ordre des avocats déplore la violation flagrante des normes juridiques

Si le Frère Hounvi a été interpellé à Lomé, c’était sans l’aide de la police togolaise ni de ses autorités. C’est ce qui ressort de la kyrielle de déclarations muées en dénonciations entourant le dossier du présumé coupable de ces délits et crimes. Alors que les autorités béninoises notamment celles judiciaires sont restées jusque-là aphones sur les circonstances floues et grégaires de cette arrestation assimilée à un kidnapping pour rappel dénoncé par les Avocats du prévenu et une grande majorité de juristes questionnées par Matin Libre dans sa précédente parution, l’Ordre des Avocats du Bénin ne compte pas se faire conter le dossier devenu un événement politico-judiciaire au Bénin et sur certains médias internationaux.

À travers un communiqué signé de son Bâtonnier Angelo Hounkpatin, il souligne être perplexe quant aux conditions dans lesquelles le Frère Hounvi a été appréhendé, évoquant des informations très inquiétantes sur des violations flagrantes des normes juridiques en vigueur qui porteraient atteinte à la dignité et à l’intégrité physique du mis en cause.

En rappelant que Steve Amoussou est toujours innocent jusqu’à preuve du contraire, l’Ordre exhorte dès lors les autorités judiciaires et policières à faire preuve de lucidité et à se comporter comme de vrais professionnels uniquement guidés par le respect scrupuleux de nos lois, pour la garantie de la démocratie et de l’État de droit. Un réquisitoire qui vient en rajouter à l’opinion de ceux qui dénoncent déjà la justice béninoise de commettre une infraction, par cette manière peu orthodoxe de son interpellation. Le dossier Hounvi, ce n’est que le début.

J.G

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