Le 02 août 2024, juste au lendemain de la célébration du 64e anniversaire de l’accession du Bénin à la souveraineté nationale, le chef de l’Etat a pris deux décrets pour gracier plus de 400 prisonniers jugés et condamnés par la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet). Au nombre de ceux-ci, 27 prisonniers politiques.

A priori, c’est un pas vers la décrispation de la tension politique. Seulement, depuis l’annonce de la nouvelle, aucune réaction n’est observée du côté du principal parti d’Opposition Les Démocrates. Contrairement à Génération Aïvo qui a salué l’acte et invité Patrice Talon à continuer dans ce sens en libérant tous les détenus politiques, le parti de Yayi, qui a toujours fait de la libération de tous les détenus politiques et le retour des exilés une condition pour la décrispation de la tension politique, est resté indifférent à l’acte posé par le chef de l’Etat au lendemain du 1er août.

24h avant la célébration de l’Indépendance du Bénin, alors que des voix appelaient Les Démocrates à boycotter les manifestations officielles, le parti, par la voix de son Secrétaire à la communication, Dr Guy Mitokpè, annonce qu’il répondra favorablement à l’invitation du chef de l’Etat. « Aucun sacrifice ne sera de trop pour faciliter le dégel et créer les conditions d’un dialogue politique national que toutes les couches sociales, des confessions religieuses aux partis politiques en passant par la société civile, appellent de tous leurs vœux », peut-on lire dans la déclaration lue par Guy Mitokpè.

Le jour de la célébration, on remarque que seulement quelques députés Démocrates étaient présents aux manifestations officielles sur le boulevard de la Marina. Le président du parti Les Démocrates, l’ancien chef d’Etat Boni Yayi, a brillé par son absence. On apprendra dans la foulée qu’il était au chevet de son aîné Nicéphore Soglo qui aurait eu un malaise alors que les deux anciens présidents se préparaient à se rendre au défilé.

Mais quand on y pense, le malaise de Nicéphore Soglo pouvait-il empêcher Boni Yayi de se rendre au défilé s’il tenait vraiment à y être ? C’est vrai qu’on a senti une certaine complicité entre les deux anciens présidents depuis qu’ils sont allés ensemble pour une mission de médiation auprès du chef de la junte au pouvoir au Niger. Mais n’aurait pas suffi que Boni prenne les nouvelles de son aîné, se rende au défilé du 1er août, quitte à rendre visite après à Nicéphore Soglo pour s’enquérir de son état de santé ? Quand on réunit toutes les pièces du puzzle, on sent une envie de ne pas participer aux manifestions officielles entrant dans le cadre de la fête du 1er août.

Raison probable

D’habitude, à la veille du 1er août, le chef de l’Etat prononce un discours. Souvent, c’est l’occasion pour lui d’accorder la grâce présidentielle à des détenus déjà jugés et condamnés. On sait que le parti Les Démocrates a toujours demandé la libération de tous les détenus politiques, y compris Reckya Madougou et Joël Aïvo, et le retour des exilés. Est-ce cette promesse qui a été faite au parti pour conditionner sa présence aux manifestations officielles du 1er août ? En choisissant de ne pas prononcer de discours, Patrice Talon aurait-il manqué de tenir une promesse faite au parti ? Ce qui aurait eu pour conséquence l’absence de Boni Yayi au défilé du 1er août.

Le malaise de Nicéphore Soglo ne serait alors qu’un prétexte. Dans ces conditions, les 27 détenus graciés n’auraient pas suffi à faire adhérer le principal parti d’Opposition à l’acte du chef de l’Etat.

Ensuite, on apprend que des 27 détenus politiques graciés, 03 avaient purgé leur peine et étaient déjà libérés en juillet et 06 devraient être libérés le 09 août, pour avoir également purgé leur peine. Si cette information du journal Le Patriote est vérifiée, alors ce n’est que 18 détenus politiques qui ont été effectivement graciés. Le parti d’Opposition Les Démocrates se sent-il floué ?  Le sentiment d’avoir été victime de la ruse peut être à l’origine du silence du parti Les Démocrates depuis la prise du décret accordant la grâce présidentielle à 27 détenus politiques.

M.M

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