(La population carcérale a plus que doublé en sept (07) ans au Bénin, selon Amnesty)

Alors que l’on peut se bien se réjouir de ce que la liste des prisonniers bénéficiant de la grâce présidentielle au titre de 2024 soit rendue publique au lendemain de la célébration de la fête de l’indépendance, ce qui n’était plus le cas depuis un moment, il importe toutefois de rester sceptique face à la nécessité de désengorger les prisons et maisons d’arrêt. Alors que le Président de la République du Bénin graciait 464 prisonniers dont une vingtaine de militants de l’opposition, celui de la Côte d’Ivoire graciait plus de 2400 prisonniers. Un exemple qui doit finalement inspirer le Bénin…

A travers deux décrets différents pris le 02 Août 2024, le Président de la République, Patrice Talon a accordé la grâce présidentielle à 464 prisonniers dont 27 militants de l’opposition. Si l’on peut se réjouir tout au moins de ce que la grâce présidentielle soit effective cette fois dans la foulée de la célébration de la fête de l’indépendance, le nombre de détenus graciés dans un contexte de surpopulation carcérale dans la quasi-totalité des prisons du Bénin, laisse perplexe.

Des rapports d’Amnesty international au dernier rapport de Changement social sans oublier les rapports de la Commission béninoise des droits de l’homme (Cbdh), il ressort que les cellules sont surpeuplées et qu’il urge d’œuvrer à désengorger les prisons. D’ailleurs, dans un communiqué rendu public jeudi, 1er Août 2024, Amnesty International Bénin révèle que la population carcérale a plus que doublé en sept (07) ans au Bénin passant de 7000 détenus en 2016 à 18 170 en décembre 2023. Selon Amnesty, des détenus sont enfermés dans des cellules surpeuplées et sales et se voient refuser des soins de santé. L’Organisation déplore également des conditions de détention inhumaines, aggravées par une vague de chaleur sans précédent. Au moins 46 détenu.e.s sont morts dans quatre prisons entre janvier et juillet 2023, selon les informations recueillies par Amnesty International.

“La prison de Missérété, construite pour accueillir environ 1 000 détenu.e.s, en comptait 3 742 en 2023, au moment de la visite d’Amnesty International, soit près de quatre fois sa capacité. La prison de Porto-Novo, construite pour 250 détenu.e.s, en comptait 1 554, soit six fois sa capacité. La prison de Cotonou, d’une capacité de 700 détenu.e.s, en comptait 1 595. La plupart des détenu.e.s sont contraints de s’allonger sur le sol, sur le côté, sans possibilité de se retourner, a observé Amnesty International. Dans les prisons équipées de lits, un seul matelas individuel peut être occupé par trois ou quatre personnes. Les bâtiments partagés par des centaines de détenu.e.s n’ont que d’étroites ouvertures qui ne permettent pas une aération suffisante.

La plupart des prisons que l’équipe d’Amnesty International a visitées n’étaient pas équipées de ventilateurs, malgré la chaleur excessive“ rapporte Amnesty international. Des constats qui interpellent et laissent entrevoir la nécessité de désengorger les prisons. Outre, les mesures et peines alternatives à l’emprisonnement, la grâce présidentielle est pourtant perçue comme un moyen d’y parvenir. Et la Côte d’Ivoire semble bien montrer le chemin à suivre.

Plus de 2400 détenus graciés en Côte d’Ivoire au titre de 2024

A l’occasion de la célébration de la fête de l’indépendance de la Côte d’Ivoire, le chef de l’État ivoirien, Alassane Ouattara a annoncé qu’environ 2400 détenus recouvreront la liberté. Une annonce faite à l’occasion de son traditionnel discours à la veille de l’indépendance, mardi 06 août 2024 à Abidjan.  »Au niveau de la justice, conformément à l’article 66 de la Constitution, j’ai signé un décret accordant la grâce présidentielle à environ 2400 détenus de droit commun, condamnés pour des infractions mineures. », a déclaré le président de la République de Côte d’Ivoire, selon Abidjan.net. Voilà qui doit inspirer les autorités béninoises.

Faut-il le préciser, si par décret signé en janvier 2022, 499 prisonniers ont été graciés, 350 ont bénéficié de la Grâce présidentielle en Août 2022. Et pour le compte de l’année 2023, le Président Patrice Talon a accordé une grâce présidentielle à 358 prisonniers. Selon plusieurs observateurs, le nombre de détenus graciés au titre de l’année 2024 semble loin de favoriser le désengorgement des prisons. L’idéal serait de revoir considérablement le nombre à la hausse a défaut d’imiter la Côte d’ivoire.

Considérée comme un acte de clémence par lequel le Chef de l’Etat accorde à un individu frappé d’une condamnation définitive et exécutoire, la Grâce présidentielle reste une prescription de la législation en vigueur en République du Bénin. La Grâce présidentielle est un acte discrétionnaire du Chef de l’Etat à l’endroit des personnes détenues et condamnées à des peines criminelles ou correctionnelles par une décision devenue définitive des cours ou tribunaux de la République du Bénin. Elle efface les peines des bénéficiaires et permet leur libération de prison. Une mesure dont ne peuvent bénéficier tous les prisonniers en fonction des infractions commises.

A.B

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