(Trop de précipitation dans ce dossier)
L’ancien directeur de l’Agence béninoise de la sécurité sanitaire des aliments (Abssa) est libre de ses mouvements. Limogé le 28 juin, puis arrêté pour fraude lourde, dans l’affaire ananas béninois retirés de certains supermarchés en France pour concentration élevée de résidus de pesticides, Epiphane Sètondji Hossou et l’un de ses collaborateurs ont comparu hier, lundi 5 août 2024, devant la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet). Laquelle a prononcé leur mise en liberté provisoire et une caution de 200 000 FCFA. L’affaire est renvoyée au 18 novembre 2024.
Les faits remontent au 1er juin 2024. 250 cartons soit 3,35 tonnes d’ananas fruits du Bénin ont été retirés des rayons de supermarchés en France pour ‘’ concentration élevée de résidus de pesticide’’. Les médias ont demandé que des têtes tombent. Dans la foulée, le Dg/Abssa a été suspendu de ses fonctions le 28 juin 2024 pour ‘’faute lourde’’. Il sera placé en garde-à-vue avant d’être déposé en prison. Mais des doutes persistaient sur la responsabilité réelle du Dg/Abssa dans cette affaire.
Certes, l’agence est censée s’assurer que les produits alimentaires produits au Bénin respectent les standards internationaux. Mais de manière pratique, il était difficile d’établir la responsabilité directe du Dg/Abssa. Poursuivis pour « abus de fonction et fausse attestation » devant la Criet, Epiphane Hossou et ses co-accusés ont toujours plaidé non coupables. La constance de leurs déclarations appuyées par leurs avocats a sans doute fini par convaincre les juges de la Criet de la légèreté de l’accusation. Ils ont donc décidé de leur liberté, même si c’est provisoire. On sent dans cette affaire, une volonté de trouver un coupable vite fait pour satisfaire une envie alors que la justice pouvait prendre le temps pour mieux cerner tous les contours du dossier.
On s’est précipité pour limoger le Dg/Abssa, on s’est précipité pour l’envoyer devant la Criet. Résultat, au bout de quelques comparutions, il est difficile de dire qui a fait réellement quoi dans l’affaire ananas béninois rejetés en France. Le coupable tout trouvé n’en est finalement pour grande chose. Mais entre temps, il aura subi l’infamie, traité de tous les noms.
M.M