Le gouvernement de la rupture du Président Patrice Talon, au pouvoir depuis 2016, a fini par montrer sa vraie face au système éducatif béninois et particulièrement à l’enseignement supérieur et la recherche scientifique : l’indifférence. Sinon, comment expliquer aux Béninois, que ce régime, choisisse de ne rien faire dans ces deux sous-secteurs : l’enseignement supérieur et la recherche scientifique.
Depuis son avènement en 2016 à ce jour, une quarantaine de réformes ont été opérées dans ces sous-secteurs sur papiers à travers, décrets, arrêtés, notes de services et circulaires, etc. mais sans aucune réalisation tangible. Tout ceci, avec la complicité coupable de certains enseignants et chercheurs et le silence ahurissant de la grande masse des enseignants, des administratifs et des étudiants.
Quel pays, le pouvoir de la rupture veut-il construire en ignorant royalement les rôles de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique ? Bien malin qui pourrait répondre à cette question. Dans les pays qui se respectent, les axes prioritaires de recherche et de développement sont définis par les responsables au haut sommet de l’Etat et sont confiés aux universitaires et aux chercheurs pour des recherches de solutions idoines.
Mais ici, le pouvoir de la rupture a multiplié les réformes depuis 2016. Au total, plus d’une quarantaine de réformes sont déjà opérées sans résultats concrets. Pour mémoire, les réformes sous la rupture dans l’enseignement supérieur et la recherche scientifique ont permis :
– Le recrutement d’environ 180 nouveaux Assistants en 2018 pour toutes les universités publiques sur une promesse de 1535 annoncée en 2016 sur la période 2016-2021 ;
– Le gel de construction des amphithéâtres dans toutes les universités malgré les effectifs sans cesse croissants des apprenants ;
– Le gel de recrutement de nouveaux Assistants enseignants et des chercheurs depuis 6 ans ;
– Le non reclassement des enseignants et des chercheurs inscrits sur les différentes listes d’aptitude du CAMES depuis 2021 ;
– Le gel du transport des étudiants à l’UAC depuis plus d’un an ;
– Le non-paiement des allocations (bourses et aides universitaires) à temps et autres frais de mémoires aux étudiants bénéficiaires ;
– La non revalorisation des salaires des administratifs dans les universités depuis décembre 2022 ;
– La duperie au sujet de la constitution du Fichier National des Aspirants à l’Enseignement Supérieur (FNAES) ;
– Le non-paiement des heures de vacation et heures supplémentaires dans certaines universités,
– Le non-paiement des indemnités de participation aux jurys de soutenance (licence, master et doctorat) aux enseignants bénéficiaires ;
– Le gel de recrutement de Chercheurs pour le compte du CBRSI depuis 2016 malgré les départs massifs à la retraite ;
– Le gel du programme de formation des formateurs qui permet aux Attachés de recherches de faire leur thèse ;
– La suppression sine die de la démocratie universitaire acquise depuis la période révolutionnaire qui consistait à élire les Chefs et Chef-adjoints de département, Doyens/Directeurs, Vice-Doyens/Directeurs adjoints ;
– La suppression sine die de la sélection des Recteurs et Vice-recteurs obtenue de hautes luttes depuis 2006 ;
– Le gel de l’Eméritat depuis 2016 ;
– Le gel de la décoration des enseignants-chercheurs et chercheurs inscrits sur la LAFPT/LAFDR du CAMES ;
– La limitation de l’âge au recrutement d’Assistants dans les UNB à 45 ans ;
– Les défalcations opérées sur les salaires des syndicalistes et de certains enseignants des UNB en février et mars 2018 pour avoir réclamé des recrutements d’Assistants au profit des universités publiques ;
– Le non financement de la recherche scientifique et de l’enseignement supérieur ;
– L’éjection des représentants des Enseignants et des Chercheurs du Conseil Economique et Social (CES) à la suite de la Loi organique sur le CES de 2024 ;
– Les mauvaises conditions de travail des apprenants, des administratifs et des enseignants, etc.
Voilà le tableau peu reluisant dans l’enseignement supérieur et la recherche scientifique et devant l’indifférence totale, la supercherie, la duperie des autorités ministérielles et gouvernementales face aux réels problèmes des universités publiques, des étudiants, des administratifs et des enseignants du supérieur.
En tout cas, l’histoire retiendra les noms des ministres, des recteurs sous qui, aucun recrutement direct de nouveaux Assistants enseignants n’a été fait pour le compte des Universités publiques malgré les départs massifs à la retraite et les nombreux décès dans les rangs des enseignants-chercheurs et des chercheurs.
Le régime de la rupture sait bien que le développement d’un pays dépend en grande partie de la qualité de l’enseignement supérieur et des axes de recherches scientifiques. Et ceci passe par les infrastructures nécessaires, le personnel enseignant de qualité et en nombre suffisant pour mieux encadrer les apprenants. Ne pas financer ces secteurs et venir jeter de l’opprobre sur les acteurs qui s’échinent à maintenir la barque est simplement de la mauvaise foi.
C’est dans ces conditions que les universités publiques s’apprêtent à accueillir plus de 46 000 nouveaux bacheliers qui viennent d’avoir brillamment leur premier diplôme universitaire, le baccalauréat 2024.
Prence KOFFI