Pour l’éclosion des jeunes talents sportifs béninois, le gouvernement du Bénin a recruté des experts internationaux dans plusieurs disciplines. Jean-Paul Rebatet, expert français en basketball recruté par le ministère des sports et détaché dans le département de l’Ouémé et du Plateau, fait l’état des lieux du niveau de jeu des athlètes, donne son avis sur le sport scolaire, son organisation et sur le basketball africain.
Quel est votre avis sur le niveau de jeu des athlètes comparé à celui des phases communales et départementales ?
« Nous sommes tous d’accord, au niveau des experts, quelle que soit la discipline, que le niveau observé ici à la phase nationale n’est pas du tout le même que celui que nous avons pu voir au niveau communal et départemental. Maintenant, il y a une raison : toutes les équipes qualifiées se sont données les moyens de s’entraîner beaucoup et mieux, et c’est hyper important. Je ne cesse de dire que le progrès du basketball ne se fait pas en travaillant à 50 ou 60 %. C’est l’effectif, tel que c’est le cas ici, qui s’est donné les moyens de s’entraîner tous les matins. Certains s’entraînent le matin et le soir, et on voit tout de suite que le progrès est évident. Si on compare le niveau de jeu des phases communales et départementales à celui de la phase nationale, on a l’impression que ce sont deux catégories différentes de joueurs. Le niveau est excellent et il faut poursuivre dans cette direction. »
En quoi consiste votre mission sur la terre béninoise ?
« Nous sommes un certain nombre d’experts que le ministère des sports a recrutés. Nous sommes appelés à partager notre expertise et notre expérience pour développer toutes ces disciplines. Cela passe par la détection des jeunes talents et, là, nous sommes sur la bonne voie. Il s’agit également de la formation de ces jeunes talents, y compris celle des entraîneurs et des encadrants des classes sportives, pour qu’on puisse faire en sorte que rapidement nous ayons des sélections départementales et que les jeunes potentiellement intéressants ne soient pas laissés à l’abandon après ce magnifique tournoi. Il faut qu’il y ait une suite. Aucun maillon de la chaîne ne doit manquer. »
Le Bénin peut-il rêver grand dans le basketball africain ?
« Il n’y a aucune raison pour que le Bénin n’y arrive pas. Paris ne s’est pas fait en deux jours. Il faut quelques années et partir avec des groupes jeunes et les faire évoluer à tous les niveaux. Il faut une passerelle entre le sport scolaire et les fédérations. L’un des moyens efficaces et efficients pour y arriver est la création de centres de formation. Sincèrement, quand je vois le talent qu’il y a, il faut tout faire pour permettre l’éclosion de ces enfants. Je pense personnellement que le Bénin va réussir à gravir les échelons dans la hiérarchie de toutes les disciplines, et j’espère y contribuer grâce à mon expérience française. Longtemps, en France, nous n’étions pas performants dans les championnats d’Europe, mais depuis que nous avons installé des structures de sport et école, nous sommes champions de la formation. La voie est bien tracée pour le Bénin. »
Quelle est votre appréciation sur l’organisation du championnat national scolaire ?
« Je le vis bien sûr de l’intérieur cette année. L’année dernière à Abomey, nous l’avions vécu de l’extérieur, mais cette année je le vis de l’intérieur et, franchement, c’est une très belle organisation. Parce que regrouper plus de 1 300 enfants, avec plusieurs disciplines sur un même site, il faut vraiment que ce soit réfléchi et organisé. Jusqu’à présent, on ne note pas de gros problèmes, à part la pluie qui nous a un peu gênés. Les matchs se déroulent pratiquement à l’heure. C’est vraiment une superbe organisation. »
Nous sommes avec les U15 actuellement, à quand voyez-vous le Bénin aux JO en basketball ?
« Pour que les U15 gravissent les échelons et arrivent à maturité, ce n’est pas pour demain. Mais là, nous sommes en 2024. En 2028, il faut que toutes les structures, je parle de la fédération, du sport scolaire, des clubs, tout le monde se mobilise afin que tous ces jeunes-là puissent être pris en charge dans des sélections départementales, des sélections de catégories d’âge (on m’a parlé d’académies) pour qu’ils puissent travailler beaucoup et mieux, afin qu’ils puissent atteindre le haut niveau. Ce n’est pas évident de se qualifier pour les Jeux Olympiques à cause de la concurrence, mais au moins être présent sur le continent africain serait un grand pas à franchir. »
Qui est Jean-Paul Rebatet et pourquoi le choix du Bénin ?
« J’ai été longtemps coach professionnel en France. J’étais à la direction technique de la fédération française de basketball. J’ai entraîné toutes les équipes de France garçons, des plus jeunes jusqu’aux seniors, donc l’élite. En parallèle de ma carrière professionnelle, j’ai toujours œuvré en Afrique. D’abord en coopération au Maroc, puis au Burkina Faso. Dernièrement, j’étais au Gabon et en Centrafrique. Donc, je pense que je connais bien le basketball africain. Le projet du Bénin m’a séduit parce qu’il y a souvent l’intention de réussir quelque chose en Afrique, mais après une compétition, il n’y a rien. Le projet proposé par le gouvernement béninois m’a séduit car c’est un projet à moyen et long terme, et je pense que c’est un gros atout. »
Le niveau du basketball africain et de la Basketball Africa League
« Le niveau de la BAL (Basketball Africa League) a terriblement progressé. Le basketball africain se développe. Il y a de vraies équipes sur le continent. Alors, je ne vais pas dire que ça se rapproche de l’EuroLeague, mais ça progresse. »
Jeraud LANGANFIN GLELE