Face aux forces vives de la Nation à Ouagadougou jeudi, 11 juillet 2024, le capitaine Ibrahim Traoré, chef de la junte militaire au pouvoir au Burkina Faso, a porté de “graves“ accusations à l’encontre du Bénin. Des accusations selon lesquelles, le Bénin hébergerait deux bases militaires françaises sur son territoire.

S’il ne s’agit pas d’une accusation nouvelle, l’écho dans l’opinion est loin d’être négligeable. Et les démentis n’ont pas tardé du côté de Cotonou et de Paris. Le capitaine Ibrahim Traoré a-t-il fait des allégations mensongères pour susciter l’adhésion populaire ?

 Personne ne viendra nous dire qu’au Bénin il n’y a pas de bases françaises dirigées contre nous. Nous avons les preuves sous la main. Deux bases importantes. Nul ne peut le contester. Et je les mets au défi. Nous n’avons rien contre le peuple béninois. Là, nous avons un problème avec la politique des dirigeants béninois. Et nous le disons haut et fort encore. » Ces propos tenus par le capitaine Ibrahim Traoré face à une foule impressionnante à Ouagadougou n’ont pas fait que choquer plus d’un mais ils ont suscité davantage d’interrogations. En effet, conscient de ce que lesdits propos ne sont guère de nature à rapprocher les deux peuples frères, le premier responsable du Burkina Faso semble ne pas craindre d’être taxé de tenir des affirmations sans fondements. “ Nous avons les preuves sous la main… Nul ne peut le contester. Et je les mets au défi“ a-t-il bien lancé pour recevoir des ovations d’une foule, visiblement bien haranguée. Qu’en est-il des fameuses preuves jamais brandies ? Et si le capitaine Ibrahim Traoré brandissait lesdites preuves plutôt que de faire la promesse d’en exhiber ? Ou s’agit-il des accusations faites dans le seul dessein d’obtenir une adhésion populaire autour de sa politique ?

En effet, dans la foulée de la déclaration faite à Ouagadougou, l’Ambassadeur de la France au Bénin, Marc Vizy a apporté un démenti à ces propos, estimant que le président burkinabé ne croit pas un instant à ce que lui-même dit. « Evidemment, il n’y a pas de bases françaises au Bénin. Le premier-ministre du Niger a dit la même chose il y a quelques temps. Ce sont des régimes qui sont en difficulté notamment sur le plan sécuritaire. Ils cherchent des boucs émissaires. Ils inventent des choses auxquelles eux-mêmes ne croient pas. Je pense qu’il y a beaucoup d’imaginations et il devrait se concentrer sur le développement de son pays », a martelé le diplomate français en fin de mission au Bénin.

En effet, après le Niger, c’est au tour du Burkina Faso d’emboucher cette trompette jugée, par certains observateurs, de désinformation avec à la clé, une véritable menace à la coexistence pacifique des peuples. Alors que les mêmes accusations tenues par les autorités nigériennes, il y a un moment, n’ont pas pu être étayées de preuves fondées, il ne serait que préjudiciable à la crédibilité du capitaine Ibrahim Traoré de faire les mêmes accusations sans exhiber de preuves évidentes. Car, faut-il le rappeler, pour justifier de pareilles occasions, la télévision nationale nigérienne n’a pu trouver mieux que de diffuser un reportage tronqué le 10 mai 2024. “Mon reportage au nord du Bénin date de janvier 2023 (…) Il n’y avait pas de base secrète française à Kandi, et à ma connaissance il n’y en a toujours pas” avait dénoncé le journaliste français, Thomas Dietrich qui a fait l’investigation au nord du Bénin pour Le Media, qui fait la manipulation de son travail pour servir à des fins de propagande d’un État contre son voisin. Et si le président burkinabé brandissait enfin les fameuses preuves pour finalement arrêter d’entretenir la confusion à ce propos ?

Des accusations pour du populisme ?

De si graves accusations seraient faites juste dans le but d’accroitre sa popularité ? La question reste toute posée et la réaction du porte-parole du gouvernement semble bien établir un lien. “C’est l’hôpital qui se moque de la charité. Les attaques terroristes enregistrées par le Bénin à ce jour, dont la grande majorité a été déjouée par nos Forces de défense et de sécurité, sont l’œuvre de gens venant de l’autre côté de nos frontières avec le Burkina-Faso et le Niger. C’est d’ailleurs ce qui a amené le Gouvernement du Bénin, dans sa stratégie pour contrer le phénomène, à construire pour compter de 2022, de petits camps militaires appelés bases opérationnelles avancées, dans plusieurs de nos communes frontalières.  Cela, nous ne l’avons pas caché puisque le Président de la République lui-même en a parlé devant l’Assemblée nationale dès le 8 décembre 2022.  Voilà que nos frères et voisins, pour des raisons de politique domestique, s’emploient à vouloir faire de nous la source de leurs problèmes. C’est une tendance pernicieuse, venant de militaires qui connaissent ces camps et leur vocation. Ainsi, après le Niger, c’est au tour du Burkina-Faso d’emboucher cette trompette nauséeuse de désinformation qui alimente non le patriotisme, mais plutôt la rancœur des populations et menace à terme la coexistence pacifique des peuples.

Une chose est certaine, le populisme n’a qu’une seule vertu : c’est de déplacer les problèmes en faisant semblant de les régler. Tôt ou tard, les populations se rendront compte qu’elles ont été abusées“ a posté sur facebook, Wilfried Houngbédji, porte-parole du gouvernement. Pour beaucoup, pour sa crédibilité, il importe que le président burkinabé exhibe lesdites preuves au risque de continuer d’être taxé de tenir des propos mensongers.

L’ambassadeur du Burkina convoqué par le Bénin ?

Selon les informations du média en ligne “Banouto“, le gouvernement béninois aurait convoqué l’Ambassadeur du Burkina Faso près le Bénin suite aux accusations du capitaine Ibrahim Traoré, président du Burkina Faso. « Le Bénin a convoqué l’Ambassadeur du Burkina Faso près le Bénin pour signifier son indignation après les accusations proférées, jeudi 11 juillet par le capitaine Ibrahim Traoré. De sources diplomatiques, Banouto apprend que le diplomate burkinabè, en poste au Ghana, a répondu à la convocation des autorités béninoises ce mardi 16 juillet 2024…. Il a été reçu par le ministre béninois des affaires étrangères Shegun Adjadi Bakari…A Cotonou, le ministre des Affaires étrangères a officiellement notifié les vives protestations du Bénin contre « les accusations sans fondements » » informe le média

M.M

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