Dans nos Etats, le changement de régime ouvre souvent la voie à une politique de remise en cause systématique de tout ce qui a été fait jusque-là. Parfois sans aucune étude sur l’impact des telle ou telle autre structure étatique sur la communauté. Or, la continuité de l’administration et des politiques publiques, lorsqu’elle est bien conduite dans les changements de régime de politique, garantit la stabilité, la prévisibilité, la conservation des compétences et le respect de l’Etat de droit.

Au Bénin, les réformes opérées dans le secteur agricole depuis 2016 ont profondément modifié l’architecture du ministère de l’Agriculture. La liquidation des anciennes structures ( Carder, Sonapra, Ons, Onasa, Cala, Apah, Adema) et la mise en place de nouvelles structures à l’instar des Agences territoriales de développement agricoles (Atda) et des Directions départementales de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche (Ddaep) ont eu un effet néfaste sur le pilotage efficient du secteur agricole. Conséquences, le licenciement du personnel des structures liquidées a exacerbé le chômage.

Les nouvelles structures créées ont pris du temps à se chercher avant de trouver leurs marques. On assiste à une confusion totale du rôle de l’Etat et celui du privé dont les prérogatives s’étendent jusqu’à l’encadrement des producteurs, en passant pas la fourniture des intrants et équipements agricoles, la commercialisation, l’exportation et les services divers. Le rôle de suivi-évaluation attribué aux Ddaep, agissant au nom de l’Etat, se résume à recevoir les chiffres des structures non étatiques et dont la fiabilité reste à prouver.

Les organisations des acteurs agricoles, qui sont censées jouer le rôle de sauvegarde des intérêts des plus faibles que sont les producteurs, sont instrumentalisées. Les pauvres producteurs sont pressurés. De même, la suppression de l’ONASA a rendu l’accès difficile aux aliments en quantité et à coût abordable pour les populations, surtout en période de surenchère. La gestion directe du secteur agricole par le Bureau d’Analyse et d’Investigation (BAI) depuis le palais de la République, relègue le ministère de l’Agriculture au second plan.

M.M

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