1 enseignant pour 500 étudiants

Aucun amphithéâtre construit depuis 2016

Le transport étudiant presque inexistant

75 373 candidats sont inscrits pour plancher au baccalauréat 2024. A la fin, des milliers déclarés admissibles vont prendre d’assaut l’Université d’Abomey-Calavi. Or, l’état des lieux en ce qui concerne les conditions d’étude dans ce haut lieu de savoir est loin d’être reluisant. Un citoyen en a énuméré quelques problèmes d’ordre académique et social. Un enseignant pour 500 étudiants en violation des règles du système LMD, aucun amphithéâtre construit par le régime de la Rupture depuis 2016, le transport étudiant presque inexistant, etc. sont, entre autres, les maux qui minent l’Université d’Abomey-Calavi. Lire le cri de cœur d’un citoyen.

INTRODUCTION

Créée en 1970, l’Université d’Abomey-Calavi, autrefois connue sous le nom d’Université Nationale du Bénin, n’a cessé d’être confrontée à de nombreux problèmes qui minent son bon fonctionnement. Les différents gouvernements et régimes qui se sont succédés à la tête du pays ont pour la plupart du temps essayé d’apporter leur touche particulière afin que des solutions idoines soient trouvées à ces maux. Malheureusement, force est de constater que les nombreuses politiques publiques qui ont été élaborées et mises en oeuvre depuis des décennies n’ont pas réussi à corriger sur le long terme, les problèmes de ce haut lieu du savoir. Le pire est que depuis 2016, le gouvernement béninois sous l’égide du Président Patrice TALON est devenu totalement insensible aux problèmes de l’Université d’Abomey-Calavi, malgré les doléances et les cris de coeur des étudiants portés par les organisations estudiantines, principaux syndicats des étudiants. Ces problèmes se déclinent sous deux volets principaux à savoir: le volet académique et le volet social.

I- Les problèmes d’ordre académique

Au plan académique, nous avons les problèmes tels que:

  • Le manque d’enseignants dans les facultés et écoles entraînant une forte disproportionnalité entre l’effectif des étudiants et celui des enseignants. Il est très courant de voir des entités avec des groupes pédagogiques comportant 2.000 à 3.000 étudiants chacun donnant ainsi un ratio enseignant-étudiant de 1 enseignant pour 300 étudiants ou 1 enseignant pour 500 étudiants; ce qui est non-conforme aux exigencies du système LMD qui recommande un maximum de 250 étudiants par groupe pédagogique. Cela amène les enseignants à se retrouver face à des milliers de copies à corriger, entachant de fait la crédibilité de la formation et des diplômes délivrés.

  • L’indisponibilité d’amphithéâtres en quantité suffisante et en qualité requise. A ce niveau, il est important de souligner que le gouvernement du Président Patrice TALOn n’a construit aucun amphithéâtre depuis sa prise de pouvoir. Chaque année, l’effectif des étudiants régulièrement inscrits dans les facultés est compris entre 3.000 et 7.000, or l’Université d’Abomey-Calavi ne compte que des amphithéâtres de capacité de 500 à 750 places et un seul amphithéâtre de 1.000 places. La conséquence directe est que les salles de cours sont souvent surchargées ne donnant libre accès qu’aux premiers venus. Les étudiants sont parfois obligés de s’asseoir sur les briques et les morceaux de bois en lieu et place des bancs ou chaises.

  • Le retard criard dans la délivrance des actes académiques. Il n’est pas rare de constater que malgré les multiples notes de services du Rectorat, les responsables des Unités de formations et de Recherches (UFR) observent un retard inexplicable (soit 6 mois à 3 ans après l’introduction de la demande) dans la délivrance des actes et titres académiques. Ainsi, un étudiant ayant fini sa formation se retrouve dans la grande difficulté d’obtention de son diplôme en vue de postuler à des bourses ou à des recrutements.
  • Le manque de laboratoires équipés pour les étudiants en sciences techniques. De nos jours, avec les progrès fulgurants observés partout dans le monde dans le domaine scientifique, l’Université d’Abomey-Calavi comportant le plus grand centre polytechnique du Bénin ne dispose pas de laboratoires avec des équipements modernes dignes de notre époque. Ceci rend les étudiants formés dans cette université non compétitifs sur le marché de l’emploi.

  • La grande difficulté d’accessibilité à une meilleure documentation dans les bibliothèques existantes. Bien qu’il existe une bibliothèque centrale et des bibliothèques spécialisées, les documents qui s’y trouvent sont révolus et non-adaptés aux réalités actuelles du monde; ce qui affecte considérablement la qualité des résultats des recherches.

  • L’indisponibilité de salles informatiques équipées pour les recherches académiques.

II-Les problèmes d’ordre social

Au plan social, nous avons les problèmes tels que:

  • Le retard dans l’attribution des allocations universitaires (Bourses et secours universitaires). En 2017, un nouveau décret a été pris par le Chef de l’Etat pour régir le mode d’attribution des allocation aux étudiants réduisant considérablement les possibilités d’obtention des bourses et secours. L’argument principal avancé à l’époque par le gouvernement était la rationnalisation des ressources budgétaires de l’Etat à travers le système de quotas et cela devrait permettre aux étudiants d’obtenir leurs allocations à temps et de façon mensuelle. Ce qui n’est pas du tout le cas actuellement. Les étudiants attendant parfois jusqu’à la fin de l’année pour obtenir une partie de leurs allocations et le reste, l’année suivante.

  • L’indisponibilité des bus universitaires pour desservir les étudiants résidant dans les communes voisines. Si le régime du Président Boni YAYI a laissé au moins six (06) bus actifs pour le transport universitaire, il faut reconnaître que le gouvernement de Patrice TALON n’a fourni aucun effort en vue d’entretenir à tout le moins ces bus, à défaut d’en acheter de nouveaux. Aujourd’hui, la mauvaise gestion du transport universitaire par le Centre des Oeuvres Universitaires et Sociales d’Abomey-Calavi a rendu le secteur du transport universitaire inexistant à l’Université d’Abomey-Calavi.
  • La mauvaise gestion des residences universitaires par le COUS-AC. Ceci entraîne de nombreux problèmes, avec notamment des retards récurrents dans l’octroi des dotations aux étudiants hébergés. A cela s’ajoutent les coupures répétées d’eau et d’électricité dans les residences rendant de ce fait pénible la vie dans les residences. Il convient de notifier aussi l’insécurité qui règne dans les résidences, favorisant vols et agressions. De même, les bâtiments abritant les étudiants n’ont pas fait l’objet de renovations depuis des lustres, malgré leur état de vétusté avancé.

  • L’insuffisance de la couverture sanitaire aux étudiants. Bien que l’Université d’Abomey-Calavi compte à ce jour plus de 50.000 étudiants, il n’existe qu’une seule petite infirmerie incapable d’offrir des soins de qualité aux étudiants. Les étudiants sont obligés de se débrouiller dans d’autres centres de santé de la place en cas de crise ou de malaise.

CONCLUSION

Face à ce constat accablant, il est plus qu’urgent que les autorités compétentes prennent la mesure de ces enjeux et agissent sans tarder pour redresser la situation. Il s’avère davantage plus important que des politiques publiques plus efficaces et durables soient mises en oeuvre en vue de la satisfaction totale des problèmes des étudiants. Ainsi, l’Université d’Abomey-Calavi pourra retrouver ses lettres de noblesses car, comme le disait Victor Hugo “L’école est sanctuaire autant que la chapelle”.

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