Le gouvernement est en tournée de reddition de compte. Face à une cote de popularité de plus en plus bas, la Rupture a senti le besoin de descendre sur le terrain, aller expliquer aux populations le bien-fondé de ses actions, mettre le doigt sur ce qui se fait et quelle est la vision derrière. Ce qui est bien dans l’histoire, cette fois, on ne dira pas que c’est parce que l’Opposition « intoxique » qu’il urge de descendre sur le terrain pour apporter la riposte. L’Opposition se résume au parti Les Démocrates qui, ces derniers mois, concentre son action dans les quatre murs de l’Assemblée nationale par des questions d’actualité, les interpellations du gouvernement sur telle préoccupation.

Ça fait quelques mois qu’on n’a pas aperçu le chef de file de fait de l’Opposition, l’ancien chef d’Etat Boni Yayi, sur le terrain en qualité de président du parti Les Démocrates. Si donc, la gouvernance Talon est tellement décriée, au point que ses thuriféraires décident de descendre sur le terrain, ce n’est pas le fait de l’Opposition. Ce n’est pas parce qu’il faut aller désintoxiquer. Ce n’est pas pour aller établir une vérité. On entend aujourd’hui plus les Béninois de la diaspora pourfendre le régime Talon que l’Opposition interne. La vraie Opposition, celle qui contraint le gouvernement de la Rupture à aller sur le terrain, c’est la misère dans laquelle végètent les populations.

C’est la cherté des produits de première nécessité. Le maïs, le riz, l’huile, la tomate, l’oignon, le piment… coûtent la peau des fesses. L’existence devient difficile de jour en jour pour le plus grand nombre. Les pères et mères de famille n’arrivent plus à assurer les trois repas quotidiens à leurs progénitures. Et plus on espère que ça va s’améliorer, plus la situation va de mal en pire. L’espoir se meurt. C’est cela la vraie Opposition. Une opposition qui est née de la pauvreté du panier de la ménagère, de l’assiette désespérément vide. Il est difficile de combattre une telle Opposition par des discours de vision futuriste dans laquelle s’inscrivent les actions d’un gouvernement.

Il faut revoir l’approche

Ce dont les populations ont besoin, ce sont des annonces fortes, des actions qui impactent immédiatement leur quotidien. C’est la réduction des prix des produits de grande consommation, c’est des subventions sur les prix du maïs, du riz, à défaut des boutiques témoins de l’Onasa qui ont fait leur preuve sous Yayi. Mais au lieu de ça, les ministres, députés et autres commis du régime Talon vont parler de l’arrivée dans un hôpital de matériel de dernière génération qui n’existe nulle part au monde. Ils vont parler des dépenses de souveraineté auxquelles le Bénin fait désormais face sans tendre la main aux partenaires. Ils vont parler du Bénin de demain qui se construit aujourd’hui et dont la conséquence immédiate est le serrage des ceintures.

Genre, patientez et supportez la faim, demain vous allez manger. C’est bien de construire le Bénin de demain, puisqu’il faut commencer quelque part. Mais à quel prix ? Est-ce en oubliant aujourd’hui ? Est-ce au prix des suicides ? Est-ce au prix du désespoir qui s’empare de la jeunesse qui n’a d’autres solutions que de se jeter dans la méditerranée ? Autrefois, le Bénin n’était pas cité dans ce drame qui se joue dans la méditerranée où des jeunes, au prix de leur vie, cherchent à quitter le continent par tous les moyens. C’est maintenant le cas avec le naufrage, dans la nuit du 16 au 17 mai 2024, au large des côtes tunisiennes. Les préoccupations des Béninois sont autre. Le discours tenu, lors de cette tournée qui continue, est tout autre. La preuve, quand les ministres, députés, chefs de partis… finissent de parler, on ne sent pas l’enthousiasme des populations conviées aux échanges.

Tout ce qu’on entend, c’est des « Houn houn ». Ceux d’entre elles, contraints de prendre la parole pour répondre aux messages, finissent par faire une recommandation : il faut revoir le côté social, il faut revoir le panier de la ménagère. Une manière de dire, il faut vivre aujourd’hui pour voir le beau Bénin qui se construit pour nos enfants demain. Le Gouvernement doit revoir son approche. Le gouvernement doit changer la lame, comme le dirait le regretté Professeur Mombi.

B.H

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