Encore un camion qui tue ! Encore un camion qui écrase ! Encore un camion… ! Et nul n’est désormais à l’abri de la menace que constitue les camions sur nos axes routiers. Samedi, 25 mai dernier, un grave accident de circulation survenu à hauteur de la passerelle de Dantokpa a fait deux morts. Et une fois encore, un camion est impliqué dans cet énième accident mortel. S’il est évident que la plupart des accidents impliquant un camion sont mortels, l’indifférence des autorités compétentes laisse pantois. Et pourtant, l’ancien préfet du Littoral Modeste Toboula avait pris des mesures appropriées…

Deux morts enregistrés dans un accident de circulation samedi dernier à Dantokpa. À l’origine de l’accident de circulation, un dépassement mal négocié entre le conducteur de taxi-moto et un camion gros porteur. Alors que le conducteur tentait de dépasser le camion gros porteur, il a été tragiquement percuté. Malheureusement, lui et son passager n’ont pas survécu au choc. La moto de marque Bajaj est aussi irrécupérable. Et une fois de plus, le camion a fait de morts.

Peut-on ne pas se rendre compte du grand danger que représentent les camions sur nos routes ? Et si la certitude est que la plupart des accidents impliquant un camion se révèlent mortels, la panique gagne les rangs des usagers de la route. Ils tuent, ils écrasent les pauvres et paisibles populations. A titre illustratif, dans l’après-midi du mardi, 16 avril 2024, une jeune fille a été écrasée par un camion à hauteur du pont de Dantokpa. Les images sont insoutenables et la scène horrible. La victime qui avait pris un taxi-moto communément appelé “zem“ se rendrait vers Dédokpo à Akpakpa quand le drame est survenu. “Le conducteur de taxi-moto qui la transportait a été percuté par un camion qui roulait à vive allure. La suite a été tragique. En janvier 2024, c’est une fillette de deux ans qui a été tuée par un camion à Sèkandji dans la commune de Sèmè-Podji. En mai 2022, un accident mortel causé par un camion a fait au moins trois morts sur le pont de Dantokpa. Un diplomate aurait même été tué par un camion à Cotonou en juin 2022. Selon l’information rapportée par des médias locaux dont Frissons radio, il s’agit d’un agent diplomatique de l’Amérique latine, le vice-consul de l’Ambassade du Brésil à Cotonou. Et la liste n’est pas exhaustive.

Il est donc évident que le fait que ces camions partagent le même axe routier que les autres usagers de la route, constitue une réelle menace à la sécurité routière. Et, si l’un des principaux objectifs visés à travers les politiques de sécurité routière est de réduire considérablement les accidents mortels sur les axes routiers, le cas des camions mérite bien une réflexion profonde et des mesures subséquentes.

Toboula : du compas dans l’œil

Souvent critiqué pour son excès de zèle et parfois pour ses décisions suscitant généralement la controverse, Modeste Toboula, ancien préfet du Littoral avait pourtant pris une décision qui se veut salutaire et indispensable pour sauver des vies sur nos axes routiers. En effet, à travers un arrêté préfectoral, ce dernier avait acté la réglementation de la circulation des camions dans la ville de Cotonou. Selon l’arrêté préfectoral, les camions pourront circuler de 9h à 12h, de 16h à 18h et de 22h à 6h. Par contre, aux heures de pointe, plus de camion et autres poids lourds dans la circulation. Parlant d’heures de pointe, il s’agit des tranches horaires suivantes : 6h à 9h ; 12h à 16h et 18h à 22h. A partir de ces heures de pointe, plus de camion dans la circulation. Quand bien même, une telle décision a été déjà prise en 2008 sous le régime Yayi, il faut reconnaître toute l’énergie mise par l’ancien préfet Modeste Toboula pour contraindre les camions au respect de cette mesure. Faut-il le rappeler, un arrêté interministériel 2008 N°051 du 26 mai 2008 portant réglementation de la circulation des véhicules gros porteurs et assimilés et des chargements aux heures de pointe à Cotonou et ses environs, avait interdit aux camions de circuler dans la capitale économique entre 06h 30 et 09h30 mn et entre 18h et 20h. Outre les tronçons routiers de Cotonou interdits à ces véhicules, il y a également les axes routiers Akassato-Cotonou ; Cococodji-Cotonou et Porto-Novo-Cotonou. Une exception avait été faite aux camions citernes chargés d’approvisionner le Port autonome de Cotonou et l’Aéroport international Cardinal Bernardin Gantin, par les couloirs de circulation suivants : Port-Avenue de la Marina-Aéroport, Dépôt Sonacop-3ème Pont-Carrefour Ocbn- Avenue de la Marina-Port/Aéroport.

Aussi, le stationnement des gros porteurs et assimilés aux abords des artères principales et dans les ruelles est interdit pour rendre la circulation plus fluide et faciliter le transport urbain dans la ville de Cotonou. Pour des cas exceptionnels nécessitant de déroger aux présentes dispositions, il faut une autorisation spéciale signée par le Préfet du Littoral. Les contrevenants aux prescriptions de l’arrêté préfectoral s’exposent au retrait temporaire ou définitif du permis de conduire, et une amende de 100 000 Fcfa sans préjudice des frais de fourrière qui doivent être versés. « Le désordre s’est installé. La mobilité urbaine s’est beaucoup plus dégradée…L’objectif de rendre performant le port autonome de Cotonou ne doit pas empiéter sur les questions de sécurité publique…Ces mesures ont été prises pour limiter les dégâts en termes d’accidents de circulation, d’obstruction des voies, en termes de fluidité pour permettre aux forces de l’ordre de s’occuper effectivement des questions sécuritaires », avait expliqué Modeste Toboula. Une décision salutaire et qui revêt tout son sens encore aujourd’hui au regard des dégâts que causent les camions sur nos axes routiers. L’idéal serait donc que le préfet Alain Orounla s’inscrive dans la même logique que Modeste Toboula afin que ces camions cessent de faire de nos routes, des mouroirs.

A.B

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