Face à la situation inquiétante d’insécurité en Haïti, le gouvernement béninois a décidé de prêter main forte aux forces armées haïtiennes pour garantir la quiétude dans le pays. Ainsi, le Bénin s’est engagé à fournir 2 000 hommes pour la future force multinationale de soutien à la sécurité en Haïti (MMSS). Un acte de solidarité qui serait fondé sur les liens historiques entre les deux pays, selon l’anthropologue franco-béninois, Brice Ahounou.  

Enseignant-chercheur et correspondant à Paris du journal Haïti-Observateur de New York, Brice Ahounou, dans un entretien accordé à Radio France internationale, a estimé que la décision d’envoi de policiers béninois en Haïti pourrait bien être liée aux liens historiques et culturels entre les deux pays. “D’ailleurs, je ne sais pas si vous connaissez un homme politique togolais qui a vécu longtemps à Paris et qui est rentré la semaine dernière dans son pays. Un homme âgé de 97 ans, Tété Godwin.

Il a écrit une lettre à Patrice Talon il y a de cela quelques semaines, en demandant au président béninois d’intervenir en Haïti et d’aider les frères haïtiens, ce que je trouve quand même assez exceptionnel comme démarche…Oui, ce monsieur dont je parle est né au Dahomey de parents togolais. On a l’impression que le président béninois répond favorablement à ce courrier-là et qu’il trouve lui aussi qu’Haïti est proche du Bénin. Tété Godwin pense qu’Haïti devrait se relever et que les frères d’Afrique pourraient aider Haïti“ a-t-il confié au média international. Toutefois, il admet des incertitudes quant aux motivations derrière une telle initiative de la communauté internationale à l’endroit du Haïti.

“Que la communauté internationale vienne aider les Haïtiens, c’est une bonne chose. Seulement, on ne sait pas ce qu’il y a derrière tout cela…Pourquoi ne pas penser renforcer, par exemple, les hommes en armes qui sont en Haïti et qui peuvent faire face aux gangs ? En fait, le scénario est extérieur, c’est ce que disent les Haïtiens. Le grand metteur en scène de cette affaire, c’est Washington, quelque part, et ses alliés“ a-t-il poursuivi.

Haïti et son adhésion à l’Union africaine…

Evoquant les démarches entreprises, il y a plus d’une décennie par le Haïti en vue de son adhésion à l’Union africaine avait comme raison évoquée à l’époque : la proximité culturelle et l’histoire, Brice Ahounou a déclaré que le Haïti reste une pointe avancée de l’Afrique dans la mer des Caraïbes. “Haïti a été pris d’abord comme un observateur, puis ensuite comme membre associé, et puis subitement, quelques années après, on est en 2016, l’Union africaine a rejeté Haïti…l’Union africaine, par exemple, son siège est en Éthiopie. Et il y a un Haïtien, qu’on ne connaît peut-être plus aujourd’hui, qui s’appelait Benito Sylvain. C’était un journaliste haïtien du XIXème siècle.

Il était le conseiller de l’empereur Menelik II. Il était présent quand la bataille d’Adoua a eu lieu, quand les Éthiopiens ont mis une raclée aux Italiens en 1896. Et en fait, les Haïtiens ont toujours été aux côtés de certains dirigeants africains. Benito Sylvain était le premier. Donc Haïti, pour moi, a toute sa place dans l’Union africaine et ce serait vraiment souhaitable que l’Union africaine réinscrive Haïti à son ordre du jour“ argue-t-il. Notons qu’en Haïti, plusieurs milliers de policiers kényans et béninois sont attendus dans les prochaines semaines pour tenter de mettre fin à la toute-puissance des bandes armées qui terrorisent la population. Cette opération multinationale serait financée par les États-Unis à hauteur de 300 millions de dollars, selon les informations de Radio France internationale.

A travers cette solidarité affichée, le Bénin veut réaffirmer ses liens avec Haïti en participant à la future force multinationale. Haïti reste pour les Béninois une fierté en tant que première république noire. Les affinités, liens historiques et culturels entre les deux pays sont très forts, notamment grâce au vaudou. « Le vaudou, c’est le lien mystique, spirituel, puissant entre le Bénin et Haïti. C’est la religion des déportés, des esclaves à laquelle ils se sont raccrochés lorsqu’ils sont arrivés de l’autre côté de l’Atlantique. Ils l’ont chéri, ils l’ont développé et adapté à leur territoire », a confié José Pliya à Radio France internationale. Le 17 avril 2024, le directeur des services de renseignements a été nommé envoyé spécial du Bénin en Haiti.

A.B

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