Après avoir dénoncé les marches de soutien sous Boni Yayi, Patrice Talon candidat à la Présidentielle de 2016 promettait la fin de cette pratique s’il prenait le pouvoir. En autorisant certains jeunes à renouer avec cette forme de culte de la personnalité du Chef de l’État après huit ans d’accalmie, l’on se demande si Patrice Talon n’est pas en train de trahir ses propres principes.

Dimanche 19 mai 2024 ! Sur l’esplanade de la place de l’amazone à Cotonou, plusieurs jeunes s’étaient réunis dans un but donné : encenser le Chef de l’État. Sous la bannière de « Fierté 229 », ces jeunes ont tenu à porter un message à Patrice Talon. Celui de lui apporter leur soutien et de lui renouveler leur confiance, après huit ans d’exercice du pouvoir d’État. Uniformisée, cette frange pour délivrer sa motion l’a fait devant les autorités au sommet du pays.

Accompagné de cadres et de députés, le Ministre d’État Abdoulaye Bio Tchané a reçu avec attention particulière et tous les honneurs qu’il faut, ces jeunes venus déifier Patrice Talon. Pendant donc que certains peinent à obtenir des autorisations pour marcher contre la vie chère, il est donc possible voire facile pour d’autres d’applaudir sans contorsion aucune ni répression. Là où le bât blesse davantage, c’est au niveau du caractère abyssal de cette marche de soutien. Car en remontant dans le temps, il s’agit d’une pratique qui ne répond pas aux idéaux de Patrice Talon.

Ayant prospéré sous Boni Yayi, cette forme de culte de la personnalité était vue par le candidat à la Présidentielle de 2016 comme une pratique aux antipodes de toute idée de développement. « Désormais sera interdite au Bénin, toute manifestation destinée au culte de la personnalité, toute manifestation en faveur, au profit du Président de la République. C’est-à-dire que je propose que les manifestations à caractère d’encensement ne soient plus autorisées si ça concerne le Président de la République ainsi que les autorités publiques. Si on veut encenser un élu, il faut le faire à la maison et non dans les rues », attestait Patrice Talon, lors d’un des débats liés à la présidentielle en 2016. Après avoir émis cette idée, il est clair que Patrice Talon durant tout son mandat devrait proscrire cette habitude érigée au Bénin, comme signe de la solidité du pays.

En laissant désormais ces marches prospérer en plein cœur de Cotonou après les avoir dénoncées, c’est que le Chef de l’État trahit ses propres principes. Connu pour être une personnalité effacée et discrète, laisser à nouveau éclore ces méthodes peu orthodoxes et trompeuses ne ressemble pas à l’homme. S’il a toujours tenu à se démarquer des pratiques anciennes qu’il a tout le temps désapprouvées, s’aligner derrière cette idée est un facteur ambivalent et désobligeant pour ceux qui ont toujours pensé qu’il n’adhère pas à ces shows médiatiques. Peut-être qu’il a changé.

J.G

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