Les relations entre le Bénin et le Niger se sont depuis quelques jours dégradées davantage, après l’embargo des autorités béninoises, sur le pétrole nigérien sur la plateforme d’embarquement de Sèmè-Podji. Avec les accusations formelles sans éléments matériels probants de son Premier Ministre qui soupçonne le Bénin d’abriter et d’entraîner des terroristes, il faut se demander si Niger n’en fait pas trop.

Bientôt dix mois que ça dure ! Autrement, depuis le 26 juillet 2023, le Bénin et le Niger ne parlent plus d’une même voix. Plus que pays frères, il a fallu que l’ancien Président Mohamed Bazoum soit déchu par un coup d’Etat militaire piloté par sa garde présidentielle avec à sa tête le Général Abdourahamane Tiani, pour que tout chamboule. En fermant ses frontières avec le pays par respect aux décisions de la Cedeao et en exigeant le rétablissement de l’ordre constitutionnel, c’était sans compter sur la résistance des nouveaux hommes forts du Niger. Après la levée des sanctions, plusieurs mois plus tard, le Bénin a illico presto rouvert ses frontières avec le pays sans que cette réouverture ne soit effective du côté du Niger. En entreprenant plusieurs démarches pour à nouveau pacifier les relations avec Niamey, les autorités béninoises ont essuyé plusieurs revers. Car, beaucoup estiment que le Bénin, pour avoir pris le devant dans cette crise, est allé trop loin. Agir avec autant d’imprudence et d’incommodités envers un pays avec qui le Bénin partage des relations fraternelles et amicales était condamné par plus d’un.

 Mais, cela suffit-il pour colporter des accusations aussi gravissimes que non patentes sur le Bénin ? C’est là que réside tout le nœud de l’escalade dans les relations des deux pays. Car le Niger, en refusant de normaliser ses relations avec son voisin, trouve des justifs légendaires aux yeux des autorités béninoises. Il a ainsi suffi que le gouvernement de Patrice Talon, suite au comportement des autorités nigériennes, bloque le pétrole du pays résultant du pipeline Bénin-Niger, pour que ces accusations soient officielles. Portées par le Premier Ministre nigérien, elles font état de ce que le Bénin est devenu une base arrière pour les terroristes ennemis du Niger.

Ali Lamine Zeine, dans sa conférence de presse, note même plusieurs bases militaires françaises au Bénin avec des forcenés entraînés pour attaquer le Niger. Pis, des chaînes de télévision du pays vont jusqu’à tronquer des reportages pour accompagner et légitimer les propos et accusations du Premier Ministre. Autrement, le Niger voudrait indirectement avoir un droit de regard sur la collaboration militaire française avec le Bénin. C’est donc sa condition sine qua non pour rouvrir ses frontières du côté béninois après les avoir pourtant rouvertes avec le Nigeria sans conditions, malgré les ravages du groupe terroriste Boko Haram. Quand on sait qu’il s’agit des accusations qui relèvent de l’inédit puisqu’elles ne se basent sur aucun élément tangible, il est évident que le Niger fait de la diversion.

En ce sens que ses souhaits paraissent irréalisables. Cette méthode, similaire au bras de fer qui a opposé l’ancien Président nigérian Muhammadu Buhari à Patrice Talon, a trouvé une solution après le départ de l’ancien Chef de l’Etat du Nigeria. Le Niger voudrait-il également normaliser les relations avec son voisin après le départ de Patrice Talon ? Tout compte fait, l’exagération dans ses désidératas et ses accusations de trop militent pour cette option. Néanmoins, le Bénin reste assez souverain pour nouer ou pas des relations avec des pays que le Niger du Général Tiani considère désormais comme ses ennemis. Que le Niger ne se trompe point !

J.G

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