Depuis son introduction à l’Assemblée nationale, le nouveau Code électoral n’a visiblement jamais fait l’unanimité dans l’opinion publique. Alors que plusieurs organisations dont la Plateforme électorale des Organisations de la société civile n’ont pas cessé d’émettre des craintes, le code électoral sera modifié, adopté et promulgué par le Chef de l’Etat. Et depuis, les critiques contre le Code électoral semblent ne plus être les bienvenues. Le clergé catholique semble en fait les frais du fait de son initiative de convier à une réflexion sur le code électoral.

Touche pas à mon Code électoral“, c’est le message qui semble se dégager des critiques acerbes qu’essuient l’Eglise catholique depuis son colloque sur le Code électoral. En effet, avant même le colloque, la contre-campagne observée à travers des publications sur la toile et dans certains médias, laissaient déjà perplexe. On aurait pensé que les auteurs de ladite contre-campagne savaient déjà à quoi s’attendre lors des réflexions. Des rumeurs de boycott du colloque par la majorité des participants au ralliement de l’Eglise catholique à l’opposition politique, tout semble bien affiné pour discréditer cette assise, initiée par le Clergé catholique pour mener des réflexions profondes sur le Code électoral.

Une certaine presse n’avait pas hésité à traiter le colloque de celui de la honte. Pour une fois, l’Eglise catholique devrait être surprise de cette étiquette qu’on lui a collée pour avoir peut-être “osé“ taper là où il ne fallait pas. Et pourtant, selon Mgr Roger Houngbédji, archevêque de Cotonou, « cette rencontre est une invitation de l’Église à prendre conscience de la fraternité qui nous lie et nous oblige à nous écouter mutuellement, à chercher à connaître et à comprendre tout ce qui concerne la vie et la gestion de notre pays notamment en période électorale où les passions se déchaînent et donnent quelquefois lieu à des comportements imprévisibles ».

Alors que pour plusieurs observateurs, la démarche de l’Eglise catholique est d’œuvrer à la préservation de la paix et de la stabilité du pays en plaidant pour le vote d’un code électoral qui garantisse des élections pacifiques, transparentes, inclusives et démocratiques en 2026, la perception n’est visiblement pas la même. L’Eglise catholique n’échappe plus à toute sorte de critiques sur la toile et dans certains médias. Intervenant sur la télévision nationale, le porte-parole du gouvernement, Wilfried Houngbédji, refusant de critiquer l’attitude du clergé, trouve la démarche critiquable et condamnable sur plusieurs aspects.

A l’en croire, des députés minoritaires, n’ayant pas reçu satisfaction sur certains aspects après le vote du code, se seraient plaints au clergé qui, selon ses propos, n’a pas daigné saisi le gouvernement ou l’Assemblée nationale afin de cerner davantage les contours du code controversé avant de convoquer le colloque. Toutefois, le porte-parole du gouvernement dit avoir été invité officiellement par le clergé au colloque. Si la réaction du porte-parole du gouvernement ne manque pas de pertinence, il parait toutefois important de souligner que l’Eglise peut décider de s’aligner sur cette démarche ou qu’elle peut juger plus pertinente et efficace, une autre démarche : son option. Pouvoir réunir par exemple, les différentes parties malgré leurs divergences, autour de la question lors du colloque, pourrait également permettre de faire taire certaines divergences et privilégier la paix, la cohésion sociale. Ce que l’Eglise catholique a su faire depuis toujours et son rôle prépondérant dans l’avènement du renouveau démocratique au Bénin ne saurait être rangé aux oubliettes.

Qui est derrière cette campagne contre le clergé catholique ? S’il est difficile de le dire, il paraît évident que la tâche ne s’annonce pas facile pour quiconque voudra s’en prendre au Code électoral. Pour beaucoup, si l’Eglise catholique essuie de vives critiques en dépit de ce qu’elle a été et ce qu’elle continue d’être pour ce pays, il ne faudra peut-être pas s’attendre à ce qu’une quelconque voix s’élève contre le code électoral sans qu’une réponse ne lui soit servie. A titre illustratif, l’ancien ministre de la justice, Séverin Quenum n’est pas épargné pour avoir estimé que ce colloque participe d’un réveil citoyen. Le voilà présenté par une certaine presse comme travaillant contre le Président de la République. Doit-on penser qu’une campagne “Touche pas à mon code électoral“ a été déclenchée ? La question reste toute posée.

A.B

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