La coproduction de la sécurité publique se révèle comme un impératif pour garantir la quiétude des populations. Une approche nécessitant une certaine complicité entre forces de défense et de sécurité et les populations. Seulement qu’au Bénin, d’importants paliers restent à franchir et la police se doit de se rapprocher davantage de la population…
Prônée à travers plusieurs initiatives et programmes, la coproduction de la sécurité publique est perçue comme un impératif à réaliser. Du Programme des Nations Unies pour le développement (Pnud) à la Coopération belge au Bénin (Enabel), plusieurs partenaires au développement appuient le Bénin dans cette dynamique de coproduction de la sécurité publique. Il est donc évident que les populations et la police républicaine se doivent de se donner la main pour combattre l’insécurité sous toutes ses formes. Seulement, une certaine méfiance se note entre populations et la police. Toute chose qui n’est pas de nature à favoriser la collaboration pourtant nécessaire entre ces deux principaux acteurs de la sécurité. Pour certains observateurs, les policiers continuent de se comporter tels des bourreaux des populations qui, en retour, craignent la police.
Des affrontements entre policiers et populations en sont bien une illustration de ce climat de méfiance. Et il y a quelques jours seulement, les populations ont voulu en découdre avec la police à Azowlissè, dans la commune d’Adjohoun. En effet, selon les recoupements faits, les forces de l’ordre poursuivaient un conducteur de taxi-moto qui transportait deux passagers, l’un d’eux étant sans casque. Au cours d’une course-poursuite, l’un des passagers aurait reçu de violents coups de matraques, selon le quotidien “Le Matinal“ qui informe que ce dernier aurait succombé à ses blessures. Ce qui a révolté les populations qui auraient attaqué le commissariat de police. Plus récent, sur une vidéo devenue virale, des policiers ont violenté et bastonné un citoyen pour non port de casque à Natitingou. Une affaire désormais pendante devant la justice.
Après une première audience ce lundi, 15 avril 2024, les policiers impliqués dans cette bastonnade ont été mis sous mandat de dépôt. D’ailleurs, à l’audience, les populations n’ont pas manqué de s’adonner à des jets de pierres à l’endroit des éléments de la police républicaine qui ont dû faire usage de gaz lacrymogène et interpeller des manifestants. Et ce même lundi, un commissaire serait relevé de ses fonctions à Cotonou pour excès de zèle d’un des éléments du commissariat. Autant de faits qui laissent bien transparaitre une ambiance ne favorisant pas la coproduction de la sécurité publique. La mission de la police est-elle mal comprise par la population ? Ou s’agit-il de la police qui n’inspire pas suffisamment confiance au point de poser les bases d’une collaboration crédible et durable ? Les questions restent toutes posées. Et pourtant, la police républicaine est bien consciente de la nécessité de renforcer sa collaboration avec la population.
La police communautaire : quid des acquis…
La police républicaine s’est appropriée le concept de la police communautaire dans l’optique de faire du Bénin, un pays dans lequel les communautés et leur police travaillent main dans la main pour garantir à chacun et à tous, la quiétude inhérente à la bonne marche de toute activité. Selon la police républicaine, le concept de la police communautaire est mis en exergue à travers les cinq (05) principes contenus dans l’acronyme PRIOR (Partenariat- Résolution des problèmes- Implication responsable- Orientation externe- Redevabilité). La police admet ne pas être la seule responsable de la sécurité, d’où la nécessité d’une coopération avec la population pour aller vers la coproduction de la sécurité. Grâce à Enabel, il a été mis en œuvre l’initiative de police de proximité, la police communautaire. A travers le concept de police communautaire, la police républicaine est renforcée afin de faire face aux défis et besoins sécuritaires et internes, et d’améliorer la cohésion sociale et la confiance avec la population.
Ainsi, une série d’activités de sensibilisation ont été organisées dans plusieurs localités du pays. Il importe de s’interroger quant aux acquis des différentes initiatives mises en œuvre à cet effet. La police se doit de rassurer davantage les populations et consolider une relation de confiance dans l’optique d’une réelle collaboration. Il importe que la population arrête de voir les policiers comme des personnes qu’il faut craindre à tout prix. La sécurité reste l’affaire de tous !
A.B