L’artiste ‘’Azé Baba’’ est un créateur d’œuvre de l’esprit qui communique de la valeur à la tradition et donc à sa culture. Il dresse son parcours. Allons à sa découverte.
Aimé Akpinkoun alias ‘’Azé baba’’ est un artiste à multiple casquettes dont les œuvres, dans les différentes disciplines où il s’illustre, retiennent l’attention à plus d’un titre. Connu dans le paysage artistique et culturel béninois comme artiste peintre sculpteur, Photographe et chanteur, le créateur d’œuvres de l’esprit ne reste prisonnier d’aucune matière de façon spécifique pour sortir et faire exprimer son génie créateur. Il fait feu de tout bois pour impressionner ses fans dans une variété de dimensions. Comme un papillon voyageur, ce vieux routier a déjà roulé sa bosse un peu partout à travers le monde à la quête effrénée de la substance artistique qui pourra l’accompagner à faire la différence. « Dans mon palmarès, j’ai parcouru sept (7) pays d’Afrique, deux (2) pays d’Europe, et deux (2) pays d’Asie. Entre autres, je veux parler du Ghana, le Nigéria, le Cameroun, la Côte d’Ivoire, l’Egypte, le Canan, Grenoble, Marseille, l’Inde et Madrasse etc. Dans ces différents voyages, j’étais en enquête sur l’art et j’en ai profité aussi pour faire des recherches spirituelles voire médicinales » fait savoir ‘’Azé Baba’’ pour qui l’art constitue un vivier de thérapie et d’épanouissement et donc la racine fondamentale autour de laquelle tout le monde tourne. Elève de Oshogbo Art school de Nigéria ‘’Azé Baba’’ travaille beaucoup plus sur la tradition et les divinités. Et au travers de ses peintures et sculptures, on lit facilement une expression profonde de l’identité africaine. L’artiste propose une synchronisation de thématiques travaillées dans une variété de techniques qui rendent compte de l’incohérence harmonieuse et de la plaisante complexité que projette la tradition africaine. Au cœur de son mécanisme, c’est le Fa, l’art divinatoire d’origine africaine qui est la véritable source de son inspiration.
Ce qui fait sa différence avec les autres artistes qui peignent la tradition, c’est que ‘’Azé Baba’’ est un initié d’une multitude de couvent. Ce qui lui facilite la tâche dans l’exercice des différentes disciplines artistiques qu’il a embrassées. « Lorsque vous faites un tour dans les couvents, vous vous rendez compte que tout respire l’art. Des étoffes aux mortes de terre, les différentes couleurs, tout retrace l’art », laisse entendre l’artiste. Pour lui chaque élément dégage une énergie et donc leur emploi dans la création artistique nécessite non seulement une maitrise conséquente de la matière que l’on touche mais aussi de transcender une dimension donnée afin de faire ressortir véritablement le message.
Les débuts de la pratique artistique de Aimé Akpinkoun remontent à son bas âge où déjà à l’occasion des fêtes de fin d’année, il réalisait des sculptures de la crèche de Jésus qu’il vendait aux gens de l’église catholique. Parallèlement à cela, le jeune artiste d’alors réalisait aussi les cahiers de choix pour les candidats à l’examen du Cep. Cela remonte exactement aux années 1970. Son parcours professionnel a véritablement commencé en 1999 où il exposait ces œuvres pour la première fois à l’Institut français du Bénin, ancien CCF dirigé à l’époque par André Joli. En ce moment, l’œuvre qui l’avait révélé au public amoureux des arts visuels est intitulée ‘’Les quarante un (41) signes de Fa favorables’’. « Beaucoup de gens en ce temps disaient que j’étais dans la dépression. Le gars-là vient d’où ? ce qu’il présente là, il l’a amené d’où ? Donc j’étais beaucoup critiqué parce que j’ai attaqué ce que personne n’osait aborder à l’époque de façon ouverte. Cependant, ça n’a pas émoussé mes ardeurs puisque je croyais en ce que je faisais. Alors j’ai continué jusqu’en 2014 où j’ai cette fois-ci exposé de géants tableaux de cinq mètres sur deux sur les légendes de Fa. Là, j’ai directement pratiqué le surréalisme et c’est en ce moment que les gens ont commencé par me prendre au sérieux en me comparant à Salvador Dally, à Vernadoé Gauguin et plein d’autres artistes de renom », témoigne l’artiste. Comme quoi, la persévérance est indéniablement le deuxième nom du succès. Néanmoins, avec ses dreads locks poussés sur la tête et au menton qu’il désigné à l’époque par le vocable de Dakaya, la majorité continuait toujours par le voir sous l’angle de l’homme de la démence embryonnaire. A travers ses œuvres, il soutient que le Fa est passé avant Jésus, un avis qui est réfuté par nombre de personnes aujourd’hui, ‘’Azé Baba’’, pour le moins qu’on puisse dire, est l’un des pionniers d’entre les artistes qui peignent le vodun et le Fa en particulier. Si aujourd’hui, on ne le voit plus avec ses dreads c’est parce qu’il estime que la chose est galvaudée et utilisée à tort. Alors que pour lui le porteur de ce type de cheveux doit être un exemple, un modèle à suivre.
Au plan matrimonial, l’artiste ‘’Azé Baba’’ est marié et père de plusieurs enfants. Epanoui dans ce qu’il sait faire, il croit en ses origines et adopte définitivement les divinités de chez lui. Il parle beaucoup plus de l’éducation à travers ses créations.
Teddy GANDIGBE