Aristide Hounkponou est chef Cuisinier et pâtissier de formation, un béninois qui défend les couleurs culinaires de sa nation. La semaine écoulée, il a participé à une expédition culinaire d’envergure du côté de la France précisément de Marseille. Il s’agit des rencontres culinaires de Marseille. De retour au bercail, il livre son appréciation au sujet de la fructueuse aventure.
Matin Libre : Vous étiez en France pour donner une prestation culinaire lors d’un événement de taille, dites-nous de quoi il s’agit de façon concrète ?
Chef Anselme Hounkponou : J’étais à Marseille en France pour aller représenter le Bénin sur une expédition culinaire. Je n’étais pas le seul béninois. Il y avait également Georgiana Vihou et Gloria Kouessi Govor et un producteur d’ananas. J’ai été sollicité par une association qui a organisé un événement qu’on appelle les rencontres de Marseille et la cuisine Africaine. Sur ce marché, j’ai valablement défendu les couleurs culinaires béninoises en présentant le plat du Bomiwô que j’ai valorisé en deux versions. En dehors de cela, j’entendais souvent dire que les africains n’ont pas de désert. Mais moi j’ai prouvé le contraire sur l’événement en présentant une variété de désert. J’ai déjà eu l’occasion de parcourir tout le Bénin pour aller faire mes recherches sur nos différents mets et donc au cours de cette recherche, j’ai enregistré des recettes de désert naturel propres à l’Afrique et au Bénin. Donc notre Akpan glacé je l’ai travaillé autrement et j’ai utilisé aussi les chocolats fabriqués chez nous pour impacter à ma manière l’événement.
Lorsque vous avez fini vos prestations quel est le retour que vous avez eu sur les différents plats que vous avez présentés aux Français ?
Le retour que j’ai reçu est très positif. Parce qu’au cours de cette master class, tu cuisines en live devant le public. Alors, en même temps qu’ils sont en train de déguster le plat ils te donnent le retour en même temps. Ils te posent des questions, ils cherchent à comprendre. Et là moi j’ai eu l’occasion d’enfoncer le clou. C’est-à-dire j’ai valablement défendu la culture béninoise à travers les odeurs et saveurs. J’ai réussi à leur montrer que je suis allé puiser une logique culinaire dans la culture Vodun qui est tout le temps ridiculisée et salie. Le Bomiwô est une ration alimentaire vodun. Et je pense qu’à l’occasion, j’ai réussi à leur faire savoir cela en leur fournissant des explications assez riches sur tout le sens que ce plat a dans le couvent vodun. J’ai aussi réussi à leur démontrer par la plus belle des manières que cet aliment est purement diététique.
Alors en termes de diététique, nous savons que les Européens évitent beaucoup l’art culinaire africaine à cause de la non maîtrise des composantes. Comment est-ce que vous êtes parvenu à vous défendre ?
Je tiens à dire un sincère merci au gouvernement béninois qui fait beaucoup pour cette culture culinaire, à travers le projet Arch. Alors sur la question, en Afrique, nous avons notre façon de cuisiner, de manger et nous avons aussi nos compositions. Chez eux, ils jouent beaucoup plus sur la technique où tout est mesuré dans la cuisson. Que ça soit le sel, l’huile, le piment, et autres. C’est la même méthode que j’ai aussi utilisée en préparant le Bomiwô. Je leur ai montré que pour préparer le Bomiwô nous avons la possibilité de le faire avec deux variétés de maïs. Il y a le maïs rouge et le blanc. Pour le faire, moi j’ai mixé les deux. Puisque pendant mes recherches j’ai déjà eu à préparer le blanc à part et le rouge aussi à part. En ce moment, j’ai vu les différents résultats. Et pour également valoriser nos producteurs à l’assiette, j’ai préféré aller avec les deux farines directement en utilisant une fiche technique, ce qui m’a donné un résultat extraordinaire.
A la suite de cette palpitante expérience, est-ce que vous avez le sentiment que nos ingrédients de la cuisine africaine ont la chance d’être labellisés ?
Bien sûr que si. Je dirai même que nos produits culinaires ont une très grande chance de connaitre une éclosion. C’est juste que nous devons croire réellement en notre culture et la porter haut et c’est ce que moi j’ai fait sur cette belle aventure culinaire. J’ai amené là-bas l’huile d’arachide d’Agonlin que j’ai mise en valeur, puisque ce sont nos mamans qui produisent ça. Je suis parti aussi avec le Fonio du Nord Bénin sans oublier l’amande d’Acajou que j’ai utilisée dans le désert. J’ai amené le Zomi de Gadomey, le Gari Assohoui de Savalou. Parce que Savalou reste cette région de notre pays qui valorise le mieux nos variétés de tubercule. J’en ai profité pour leur demander avec enthousiasme de venir visiter le Bénin. Je vous assure les blancs étaient stupéfaits. Sur cette expédition j’ai également mis en relief notre Amazone à travers de petits spécimen en miniature autour desquels j’ai retracé l’histoire en leur faisant remarqué que c’est notre tour Effel au Bénin. Bref j’ai quand même réussi à leur imposer la logique de la cuisine africaine qu’ils ont d’ailleurs beaucoup aimée.
Et le chapeau de Chef que j’ai porté à l’occasion est fait du raphia des Zangbéto. Sur les différentes questions qui sont venues à ce sujet, j’ai profité pour leur parler de ce masque qui nous est cher, le Zangbéto connu sous le vocable de Gardien de nuit. Sur le coup, ceux qui ont été séduits par mes explications en ont demandé et j’ai offert le lot que j’ai amené. Je tiens tout de même à rappeler que sur cette aventure j’étais aux côtés d’une autre amazone de la cuisine qui elle à valorisé l’ananas, il s’agit de Georgiana Vihou avec qui j’ai déjà fait le Top Chef ici à Cotonou.
Réalisé par Teddy GANDIGBE